“Je me suis débarrassé du superflu”
« J’ai travaillé comme dessinateur de presse à Paris. Et puis j’ai tenu un bar avec mon frère. Nous l’avons vendu. J’ai mis de côté une partie de la somme et je suis parti voyager. En 2007, j’ai choisi de revenir sur la terre de mon enfance, dans le Gers, pour suivre mon désir de vivre sans sacrifier ma liberté. J’étais pauvre, et mon métier de dessinateur ne me permettait pas de vivre “normalement”. Il y avait un terrain familial dans les bois dont je pouvais disposer, j’avais un peu d’argent. J’ai investi cette somme dans la “glooyourte”, qui tient à la fois de l’igloo et de la yourte, et ne nécessite pas de permis de construire. Mon idée était de me débarrasser du superflu et de ne garder que le luxe : un toit, de quoi me chauffer, prendre une douche par jour et, surtout dessiner et profiter de l’existence, en épicurien que je suis. Je ne pouvais me contenter du médiocre. J’ai passé trois ans dans ma “glooyourte”. Le premier hiver a été dur : il a fait moins quinze, ma brosse à dents a gelé ! Mais j’ai amélioré le confort, installé un bon poêle. Depuis 2015, j’y suis une semaine sur deux, à la belle saison. Je partage mon temps entre le village – chez ma compagne – et la vie des bois. C’est le prix de ma liberté. Je touche actuellement le RSA. Je veux pouvoir gagner l’équivalent grâce à mes dessins. Ici, avec du troc, on s’en sort très bien. Je suis l’homme le plus heureux : propriétaire sans l’être ! » Emmanuel Blancafort est l’auteur des Chroniques de la
glooyourte (Lemieux éditeur). Il tient un blog sur lequel sont publiés ses dessins : lalmanachronique.over-blog.com.