Psychologies (France)

L’Amant d’un jour

- Par Philippe Rouyer

1. OEdipe sans complexe

Quand, quittée par son copain, Jeanne, la vingtaine, retourne s’installer chez Gilles, son père, elle découvre qu’il vit depuis plusieurs mois avec Ariane, une étudiante. Comment va se passer cette cohabitati­on dans le cadre exigu d’un deux-pièces parisien ? Contre toute attente, la rivalité entre les deux jeunes filles se règle avec humour dès le premier matin, pour déboucher sur une vraie complicité. Elles se retrouvent au café, elles partagent tout, leurs garde-robes comme leurs secrets. Jusqu’au moment où ce trop-plein d’empathie provoque la crise.

2. Une réflexion sur la fidélité

Gilles parle de la fidélité avec sa fille, mais aussi avec sa compagne. Il comprendra­it qu’elle le trompe avec un homme plus jeune s’il n’en savait rien. Sauf que la réalité des faits a plus de poids que la liberté du discours. Héritier de la Nouvelle Vague, Philippe Garrel aime, comme naguère Éric Rohmer, placer ses personnage­s face à leurs contradict­ions, montrer leur dispositio­n à se tromper euxmêmes. Le couple, la jalousie et la peur d’être quitté se retrouvent donc au coeur de cet étrange manège à trois, où la beauté des femmes fait écho à l’élégance des hommes.

3. Un quotidien romanesque

Pour mieux équilibrer le rapport de force entre les sexes à l’écran, Garrel a respecté la parité dans son équipe de scénariste­s. Outre Caroline Deruas, sa compagne elle-même auteure, Arlette Langmann et JeanClaude Carrière (anciens complices de Pialat et Buñuel) ont écrit avec lui. Leur intrigue, à l’image de la sublime photograph­ie en noir et blanc et de l’interpréta­tion sensible et harmonieus­e, baigne le quotidien dans une grande douceur, pour mieux révéler les brûlures de l’amour. Et l’expérience inévitable du chagrin comme révélateur de nos vérités intimes.

Avec Éric Caravaca, Louise Chevillott­e, Esther Garrel. En salles le 31 mai.

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