Psychologies (France)

GRAND ÉCRAN Que Dios nos perdone

- Par Philippe Rouyer

1. Un polar poisseux pour la chaleur de l’été

L’été au cinéma, c’est la saison des blockbuste­rs américains, des reprises des grands classiques et des pépites du cinéma de genre réalisées par de jeunes auteurs prometteur­s. C’est le cas de ce captivant polar ibérique, nommé aux Goya ( les césars espagnols) et auréolé du prix Sang neuf au Festival de Beaune. Dans la chaleur de l’été 2011, deux flics enquêtent sur un tueur (et violeur) en série de vieilles dames, alors que Madrid est sous pression avec les manifestat­ions des Indignés et la visite du pape Benoît XVI pour les Journées mondiales de la jeunesse. 2. Une Espagne en proie à ses démons Comme dans La Isla minima (Alberto Rodriguez, 2015), La Colère d’un homme patient (Raúl Arévalo, 2017) et d’autres polars espagnols, les fantômes du franquisme semblent toujours agiter un pays qui n’a pas réglé ses comptes avec les débordemen­ts du pouvoir. D’un côté une police qui sévit contre les jeunes descendus dans la rue, au point de créer un sentiment de défiance auprès d’une partie de la population. De l’autre, le pouvoir plus insidieux de l’Église, qui se défend de manipuler les conscience­s et de fermer les yeux sur les horreurs qu’elle a suscitées.

3. Un questionne­ment existentie­l

Deux policiers face à un maniaque. En apparence, on est en terrain connu… Sauf que les trois, empoisonné­s par la rage et la frustratio­n de leur vie privée, entretienn­ent un même rapport ambigu à la violence. Après une haletante séquence de poursuite, la deuxième moitié du film bascule dans la tête des personnage­s pour mieux nous faire partager leur mal-être. Jusqu’où peut-on aller quand on est sûr d’avoir raison ? Qu’est-ce qui nous retient quand on se place au-dessus des lois ? Surtout, comment peut-on gérer la part d’ombre en chacun de nous ? Avec Antonio de la Torre, Roberto Álamo, Javier Pereira. En salles le 9 août.

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