Quelques pistes pour apaiser vos appréhensions
Entre 2 et 4 ans L’âge des premières découvertes
« Et s’il se perdait sur la plage ? », « Et s’il se noyait ? »
Que faire ? Organiser une surveillance rapprochée, mais en lui permettant d’étendre son terrain de découverte, de prendre des risques à sa mesure. Entre 2 et 4 ans, les petits n’ont pas conscience du danger. Ils s’échappent pour aller voir plus loin. Et plus loin, cela peut être à l’autre bout de la plage. N’ayez pas peur de le laisser essayer. Oui, il peut tomber. Dans le sable, ce n’est pas grave. Gardez en mémoire cette phrase de Donald W. Winnicott, le célèbre pédiatre et psychanalyste britannique : « La mère partage avec son petit enfant un morceau du monde, […] l’agrandissant pourtant très progressivement afin de satisfaire la capacité grandissante de l’enfant à jouir du monde1. » 1. Dans L’Enfant et sa famille (Payot, “Petite Bibliothèque”).
Entre 5 et 12 ans L’âge où il passe l’après-midi au club de sport
« Et si les règles de sécurité n’étaient pas respectées ? », « Et s’il avait un accident ? »
Que faire ? Réfléchir. Les responsables du club sont diplômés (en cas de doute, n’hésitez pas à vérifier). Il n’y a pas de raison qu’un accident survienne. De toute façon, il vous faut admettre que vous ne pourrez jamais protéger complètement vos enfants. Sauf à leur interdire de grandir. La prise de risque fait partie de l’apprentissage : ils doivent éprouver le danger pour le reconnaître et y faire face. Et le sport est un excellent moyen pour y parvenir.
L’âge du premier départ en colo
« Et si la surveillance était insuffisante ? », « Et s’il se trouvait face à un problème d’abus sexuel ? »
Que faire ? Confiance ! Quand l’enfant est loin d’eux, les parents ont le sentiment qu’il ne sera pas capable d’affronter l’inconnu. Mais il ne faut pas confondre dangers réels et projection de nos propres peurs. « Sont réels les dangers de mort et les dangers sexuels. Il faut les nommer, les expliquer et faire confiance aux capacités de compréhension des enfants », conseille le psychanalyste Jean-Pierre Winter. La confiance n’est pas donnée, elle se conquiert, en acceptant la séparation, en parlant avec eux avant le départ, en refusant l’invasion des pensées morbides, en rationalisant (comparez le nombre d’accidents survenus en colonies de vacances avec le nombre de séjours organisés chaque été). Après tout, si vous avez opté pour cette colonie, il y a toutes les raisons de penser que vous avez bien choisi, non ?
Entre 10 et 14 ans L’âge des fêtes chez les copains de plage
« Mais qui est Kevin ? », « Et que font ses parents ? »
Que faire ? Poser des balises. Pas question de laisser l’« adonaissant » partir à l’aventure, quelle que soit sa demande. Mais pourquoi refuser ? La grande peur parentale, dans ce cas, c’est bien sûr la mauvaise rencontre et le dérapage de la soirée. Mener l’enquête permet de dissiper les craintes : rencontre avec Kevin et ses parents (sinon, pas de soirée), limite horaire… François de Singly, sociologue, le souligne : « L’“adonaissant” doit quitter un peu ses parents… tout en étant surveillé par eux. Refuser les risques de l’“adonaissance” [période que le sociologue situe entre 10 ans et 14 ans, ndlr] et de l’adolescence, c’est aussi craindre que son enfant ne sorte pas de l’enfance1. » 1. Dans Les Adonaissants ( Pluriel).
Entre 16 et 17 ans L’âge des sorties en boîte
« Et s’il avait un accident de scooter ou de voiture ? », « Et s’il touchait aux drogues dures ? », « Et s’il oubliait le préservatif ? »
Que faire ? Impossible d’interdire. Il faut négocier. Le principe éducatif fondamental demeure l’adéquation entre le risque et la capacité de l’adolescent à l’affronter et à le maîtriser. Il est nécessaire de lui expliquer la réalité du danger : les risques de mort (accident, alcool, drogues) et ceux liés à la sexualité. Et de passer un contrat : « Je te fais confiance, mais je te donne des limites que tu dois respecter. » À chacun de les établir : si l’accident de voiture représente le plus gros risque, organisez le transport ; si vous donnez une heure de retour, sanctionnez le retard. Le respect des règles est un gage de tranquillité pour tous : vous pouvez lâcher, ils se sentent protégés (même s’ils râlent violemment !).