Alexandre, Frédéric, Christophe et les autres
FRÉDÉRIC LENOIR, EN COUVERTURE DE “PSYCHOLOGIES” CE MOIS-CI,
est l’un des auteurs les plus lus sur les thèmes de la philo, de la spiritualité ou du bonheur. Ses conférences drainent un public impressionnant. Comme Alexandre Jollien, Christophe Fauré, Thierry Janssen, Fabrice Midal ou Charles Pépin, tous compagnons de longue date de Psychologies, qui étaient au salon Be Happy que nous avons organisé au mois de novembre à Paris. Des conférences bondées, captives, témoignages d’une époque en quête de sens, de besoin de décryptage, d’empathie et de réassurance. Besoin d’être ensemble aussi : on se sent mieux, parce que moins seuls, quand on sait que d’autres partagent nos difficultés. Un public curieux, avec une grande soif d’apprendre et de découvrir des outils pour mieux vivre. Et quoi de plus convaincant que ces experts parlant à hauteur d’homme. Alexandre Jollien fait de sa souffrance un chemin de transformation personnelle et spirituelle, partagé en totale sincérité. Christophe Fauré, psychiatre, ose parler avec simplicité de ses interrogations, ses errances, sa voie spirituelle intime (à découvrir dans son très beau livre à paraître le 1er février,
S’aimer enfin, Albin Michel). Thierry Janssen raconte sa « nuit noire de l’âme : je ne peux poser des mots que sur ce que j’ai vécu… ».
Ces nouvelles figures inspirantes pour nous construire remplacent-elles les référents traditionnels
comme les parents, les prêtres, les dirigeants… ? « Nos livres fleurissent sur les ruines des idéologies collectives, qui ont échoué à nous offrir une vie et un monde meilleurs : la religion, le nationalisme et le consumérisme ultralibéral », constate Frédéric Lenoir. Alexandre Jollien, plus catégorique, voit dans son succès « la fin de la transcendance ».
Quand on voit ce dernier assailli, sitôt son intervention terminée, par un public avide de selfies et d’échanges,
peut se poser la question de la « gouroutisation ». « Le conférencier doit s’inscrire dans une tradition », précise-til. Les traditions orientales, et l’un de leurs meilleurs connaisseurs, Arnaud Desjardins1, ont beaucoup réfléchi sur la juste place et les limites du gourou. « Si tu rencontres le Bouddha, tue-le », affirme le maître chinois Lin-tsi, nous invitant à garder le maître à distance et à se méfier de toute fascination.
« Je n’ai l’impression de remplacer ni les parents, ni les prêtres, ni les psys… bien au contraire.
Les gens viennent écouter une parole vraie à l’âge des paroles ultra-fabriquées par les professionnels de la communication, commente Fabrice Midal. Les gens aiment voir quelqu’un qui parle sincèrement et qui, loin de leur dire que faire, les invite à des prises de conscience qui peuvent faire vraiment une différence. »
Et une fois la belle soirée terminée, que se passet-il pour l’auditeur ?
Alexandre s’interroge avec humour : « Nous sommes des prédicateurs itinérants, mais où est le continuum ? » Pour vous, se situe-t-il dans les livres, une thérapie, une master class, voire la lecture de Psychologies ? Envoyez-moi vos réactions, remarques et commentaires à arnaudss@psychologies.com, et nous les publierons sur le site Psychologies.com.
1. Auteur de L’Ami spirituel, un guide vers sa propre sagesse (J’ai lu).