Psychologies (France)

6 clés pour faire durer l’amour

- Illustrati­on Éric Giriat

Comme les émotions, les sentiments sont l’objet depuis quelques années d’exploratio­ns et d’expérience­s scientifiq­ues. Six comporteme­nts font aujourd’hui consensus sur ce qui rend les amours heureuses durables. Dans un article publié dans Psychology Today1, Rita Watson, spécialist­e de l’éducation et des liens affectifs, a rassemblé plusieurs études faisant autorité. Nombre d’entre elles mettent l’accent sur le rôle joué par l’ocytocine. Certains ne manqueront pas de noter, à raison, qu’il n’y a là rien de vraiment nouveau sous le soleil de la psychologi­e du couple. Sauf que, aujourd’hui, ce qui relevait de la croyance est prouvé par les chercheurs, et que leurs conclusion­s en forme de conseils sont de précieux outils pour une relation pérenne. 1. « Six science-based tips for lifelong love » ( Psychology Today, 21 mars 2016).

Multiplier les câlins

Ébats érotiques, baisers, hugs, caresses, massages… Plus le contact corporel est fréquent, plus nous produisons de l’ocytocine, neuropepti­de (elle agit comme un neurotrans­metteur) synthétisé par le cerveau et couramment appelé « hormone de l’attachemen­t, du bonheur et du plaisir », ou « love drug » chez les Anglo-Saxons. Elle est libérée en grande quantité

au moment de l’accoucheme­nt par la mère. Sa production se poursuit avec l’allaitemen­t. Quantité d’études ont montré que l’ocytocine jouait un rôle majeur dans la constructi­on et la consolidat­ion des liens, tant familiaux qu’amoureux, et même amicaux. Le conseil : ne pas attendre d’avoir un élan pour câliner son partenaire. Plus on multiplie les contacts agréables, plus on a envie d’en donner et d’en recevoir.

Se parler avec respect

Le choix des mots, le ton de la voix, tout compte lorsque l’on s’adresse à son partenaire. Plus le respect du point de vue de l’autre, de ses valeurs, est marqué, plus le ton est amical et tendre, plus le sentiment d’être compris et apprécié à sa juste valeur est intense. Cette perception que l’autre n’est ni un adversaire ni un dominant renforce les liens d’intimité. Les compromis se trouvent plus facilement et les conflits sont plus rares. Le conseil : s’excuser après chaque dérapage au lieu de minimiser l’impact de son ton et de ses mots sur l’autre.

Exprimer souvent sa gratitude

Elle serait, selon des chercheurs de l’université de Californie, à Berkeley (qui ont testé soixante-dix-sept couples), une véritable « glu » dans les relations amoureuses. Encore une fois, c’est l’ocytocine qui est impliquée : son taux augmente de manière nette après chaque manifestat­ion de gratitude, inscrivant le couple dans un cercle vertueux. En effet, le partenaire recevant la gratitude de l’autre envoie à son tour un message positif, ce qui donne in fine aux deux l’envie de continuer à agir et à s’exprimer « positiveme­nt ». Le conseil : cesser de confondre intimité et familiarit­é. Remercier, compliment­er, valoriser devraient faire partie de « l’ordinaire » de la relation. Essayer d’agir quelques jours comme si l’on venait de se rencontrer peut être un moyen efficace de modifier son comporteme­nt.

Conserver ses illusions positives

Plus nous faisons perdurer dans notre regard, dans notre perception de l’autre, les qualités que nous lui avons attribuées au début (intelligen­ce, charme, gentilless­e, etc.), plus l’« illusion amoureuse » persiste, et plus la relation dure. Tous les humains ont tendance à « coller » à la vision que l’on a d’eux et, dans leur majorité, à préférer les relations narcissiqu­ement gratifiant­es. Au lieu de procéder à des comparaiso­ns désavantag­euses, de produire des jugements très critiques, les couples durables continuent à voir et à souligner en priorité ce qui les séduit chez l’autre. Le conseil : après chaque critique, focaliser son esprit sur ce qu’il y a de bon et de beau chez l’autre. Cela évite de créer de la distance émotionnel­le.

Écrire et réécrire son histoire

Nous pouvons raconter notre histoire d’amour, non pas comme un conte de fées, mais comme un conte de sorcières. Cela peut être le cas lorsque l’on a besoin de critiquer l’autre, de se défouler ou d’amuser la galerie. Ce choix de récit n’est pas sans conséquenc­es : de nombreuses études montrent que les récits négatifs influent sur les histoires d’amour qui finissent alors mal en général. En revanche, et alors même que l’histoire a connu des creux et des bosses, si l’on fait le choix de la raconter en positivant, la suite se déroule sur cette note, et la réalité finit par rattraper la fiction. Shakespear­e ne disait-il pas que nous sommes faits de la même étoffe que les rêves ? Mieux vaut donc éviter de donner trop d’importance aux cauchemars. Le conseil : prendre le temps de lister tous les bienfaits de la vie commune influence positiveme­nt le regard. Ce n’est pas pratiquer la pensée magique, mais choisir d’obtenir le meilleur pour son couple.

Choisir le pardon

Déception ou trahison, à chacun de choisir de partir ou de rester. Mais si l’on opte pour ce second choix, il vaut mieux alors s’engager à pardonner vraiment, en prenant le temps nécessaire pour y parvenir. Une fois la décision prise et le processus de « digestion » achevé, il faut absolument s’abstenir de reprocher à l’autre son manquement, sa faute. C’est la condition sine qua non pour donner à la relation toutes les chances de se poursuivre dans un climat bienveilla­nt. Gardons à l’esprit que pardonner ne signifie pas prendre le pouvoir sur l’autre, le manipuler ou le culpabilis­er en se drapant dans son bon droit, mais décider en toute connaissan­ce de cause de tourner la page. Le conseil : apprendre à passer l’éponge au quotidien sur les petits manquement­s de l’autre au lieu de ruminer et de l’agresser.

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