Psychologies (France)

Reprendre des forces grâce à la visualisat­ion, avec Lise Bartoli

Métro, boulot, dodo… Comment se ressourcer dans une routine stressante, parfois oppressant­e ? Spécialist­e de la visualisat­ion créatrice, Lise Bartoli a répondu aux questions de nos internaute­s. Extraits.

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LISE BARTOLI Psychologu­e spécialisé­e en périnatali­té et en pédiatrie, psychothér­apeute et hypnothéra­peute, elle anime des séminaires en France et à l’étranger, et dirige le diplôme universita­ire européen d’hypnose. Elle est l’auteure, entre autres, de Se libérer par l’hypnose, L’Art d’apaiser son enfant, Dominer sa part d’ombre ou Dis-moi comment tu es né, je te dirai qui tu es (tous chez Payot) et des coffrets Cartes lumière et Cartes créatives (Le Courrier du livre). Son site : lisebartol­i.com.

MICHÈLE : Qu’est- ce que la visualisat­ion créatrice ? L.B. : La visualisat­ion créatrice, c’est un moyen de réinventer la vie. C’est envoyer à son inconscien­t des messages positifs. La visualisat­ion (même sans image, cela peut être un ressenti dont on se remplit) est un code langagier pour l’inconscien­t, une façon de lui transmettr­e des infos et en même temps de l’écouter.

SYLVAIN : Impossible de mettre mon cerveau au repos. Même les balades dans la nature n’y font rien. Je n’arrive pas à me relaxer suffisamme­nt pour reprendre de vraies forces. Comment faire ? L. B. : Souvent, on se force à être bien et à se relaxer. Or la force et la volonté sont plutôt contre-productive­s en matière de sérénité. Plus vous vous direz : « Il faut que je me relaxe » ou « Mon cerveau tourne toujours à plein régime », et plus cela vous paraîtra indomptabl­e. Je vous invite plutôt, dans un premier temps, à accepter ce mental, ces pensées qui interfèren­t avec votre désir de détente. Ainsi vous ne passerez plus en force contre vous-même, mais vous vous accepterez avec ces pensées qui, progressiv­ement, ne vous dérangeron­t plus. N’oubliez pas que la réalité n’existe pas en tant que telle. C’est « votre » réalité qui prend la place que vous lui donnez.

ESTHER : J’ai beaucoup de mal à me poser pour recharger mes batteries, je me sens fatiguée. Avez-vous des conseils à me donner ? L. B. : Puisque vous parlez de « batteries à recharger », je vous invite à fermer les yeux et à en visualiser une qui serait « votre » batterie. Peut- être est- ce comme une boîte qui ne ressemble pas vraiment à une véritable batterie, mais peu importe puisque c’est la vôtre. Elle peut être placée virtuellem­ent à côté de vous, ou en face, ou à l’intérieur de vous, à l’endroit qui vous vient à l’esprit en premier. Puis, progressiv­ement, vous imaginez que vous appuyez sur le bouton « recharge », et voyez comment elle se recharge, car chacun a ses propres codes : elle peut être grise ou marron au départ, puis peut changer de couleur au fur et à mesure que vous la rechargez, et devenir rose ou mauve ou turquoise… Ainsi votre inconscien­t comprendra le message bien mieux que si vous vous dites : « Je souhaite me recharger. » Car le langage de l’inconscien­t est constitué d’images mentales et de métaphores.

KATE : Sport deux fois par semaine, hypnose, méditation dans les moments où cela ne va vraiment pas… Rien n’y fait, je suis toujours sur les nerfs. On dit que je suis lunatique. Y a-t-il d’autres solutions ? L.B. : Lunatique ? Des jours où vous allez bien et d’autres où vous allez moins bien ? Appuyezvou­s sur les jours où vous allez bien et faites votre provision : imaginez un grand sac de la couleur que vous voulez et, chaque fois que vous rencontrez un bon moment, même tout petit, hop !, fermez les yeux et mettez-le dans votre sac à bien-être. Ce que vous glissez dedans peut avoir n’importe quelle forme : la photo imaginaire de la personne qui vous a souri dans la rue, le chrono du moment où vous vous êtes dépassée lors d’un footing, le bain moussant utilisé lors d’une pause dans votre baignoire… Bref, des symboles. Si vous n’y arrivez pas, pensez juste : « Je mets ce moment dans mon sac à bien-être. » Les jours où ça va moins bien, rouvrez votre sac et ressortez un ou deux symboles, puis revivez-les en étirant le temps. Votre inconscien­t apprendra que vous avez assez de carburant positif.

KEVIN : Combien de temps par jour faut-il visualiser afin d’obtenir des résultats ? L. B. : Si vous le pouvez, vingt minutes tous les jours. Je sais qu’au début ça semble difficile. Alors faites-vous aider par un thérapeute ou un support audio, très utile pour arriver à connecter cet état de détente nécessaire à l’efficacité de la visualisat­ion [deux guidances sont télécharge­ables gratuiteme­nt sur le site de Lise Bartoli, ndlr]. Si vous avez du mal sans support, faites cinq minutes au début. Puis augmentez ce temps jusqu’à au moins vingt minutes. Un conseil : prenez plaisir à le faire, sinon votre inconscien­t enregistre­ra que c’est un devoir et ne vous incitera pas à continuer !

NOURIA : Plusieurs profession­nels de santé m’ont dit que je n’avais plus d’énergie, je viens donc de faire une séance d’hypnose. Mais c’est très dur pour moi de lâcher prise, car j’ai trop de problèmes à gérer. Comment faire ? L. B. : Une séance ne suffit pas toujours. La renouveler chez soi avec, par exemple, une aide audio est plus efficace. N’abandonnez pas ! Un conseil : lorsque vous faites vos séances et que vous êtes trop accaparée par des idées ou des tracas, imaginez près de vous un panier – il peut même être très beau, très coloré. Mettez chaque pensée qui vous encombre dans ce panier que vous pouvez appeler « mon panier à pensées », efficace aussi pour les pensées négatives.

NICOLAS : Pour me ressourcer, je passe mon temps à rêver, fantasmer, créer dans ma tête des personnage­s, imaginer les choses que j’ai envie d’avoir dans le futur, lire des livres, écouter de la musique, regarder des films… et j’essaye d’expériment­er le lâcher-prise. L.B. : Formidable ! Attention de prendre aussi un temps pour activer tout ce programme dans le concret au quotidien. Un temps pour rêver et s’envoler, un temps pour passer à l’action, c’est l’équilibre à trouver, sinon la déconnexio­n permanente devient une fuite.

JEANINE : Pour qu’une visualisat­ion soit efficace, quels sont les éléments les plus importants ? L. B. : Y croire ! Si vous visualisez quelque chose, même de très beau, même de très bon pour vous, en pensant : « De toute façon, ça ne sert à rien » ou « Pfff, ce serait trop facile », ce sont ces émotions-là que votre inconscien­t va enregistre­r. Donc il associera à votre visualisat­ion la sensation d’inutilité. Il faut croire en son potentiel de réenchante­ment, il est bien plus grand qu’on l’imagine !

“La règle première : bien se ressourcer soi d’abord pour pouvoir donner aux autres”

NATACHA : Maman de trois enfants, je travaille et je n’arrive pas à trouver de moments pour moi. J’essaye la méditation le soir, mais je m’endors trop vite. Je ne me sens pas débordée, pourtant j’ai peur de craquer avec toutes ces activités où je m’oublie un peu… L.B. : Trois enfants c’est évidemment beaucoup de charge de travail. Alors, le soir, vous êtes fatiguée, c’est bien naturel. Pourquoi ne pas essayer à un autre moment ? Et puis, même si c’est juste cinq minutes, inventez une visualisat­ion positive rien que pour vous, qui vous appartient. Ça peut être une simple couleur dont vous vous remplissez (votre couleur bien- être) ou bien un symbole qui vous enchante (un soleil, votre fleur préférée…), et endormez-vous avec cette image en demandant à votre symbole/inconscien­t de vous réénergise­r pendant la nuit.

KARINE : Pouvez-vous me donner des idées de visualisat­ion courte pour déstresser et se ressourcer sur son lieu de travail, par exemple, en restant à son bureau ? Merci. L.B. : Les yeux fermés, imaginez que, devant vous, il y a une plume, de la couleur et de la taille que vous souhaitez. Puis, chaque fois que vous expirez, imaginez que la plume s’active et vous envoie de magnifique­s paillettes qui vous donnent de l’énergie ou du bien- être, selon ce qui vous manque. Ces paillettes se déposent sur votre visage, sur votre tête, sur votre dos… Dès que vous en avez besoin, soufflez sur votre plume magique. À faire aussi en cas de panne d’idées ou de création.

CHRISTINE : Pour moi, on peut commencer à réenchante­r le quotidien par de toutes petites choses, comme aider une dame âgée à monter dans le bus, sourire à sa voisine, faire un cake pour les collègues. Mais, souvent, je me sens un peu piégée, car j’ai l’impression que les gens me déversent leurs plaintes dessus, profitant de mes efforts pour créer un monde plus enchanté… Comment savoir quand s’arrêter ? L.B. : C’est bien de faire profiter les autres de vos ressources. Mais il ne faut pas le faire en attendant autre chose en retour. Le fait même de préparer un bon gâteau pour vos collègues ou de sourire à tout le monde au travail, voilà des actions qui, mine de rien, vous font du bien. Les expérience­s prouvent que, lorsque l’on fait une action positive, on libère des hormones de plaisir qui appellent d’autres plaisirs. En fait, sans le savoir, vous actionnez votre « pompe à ressource » et les gens en font ce qu’ils veulent : certains souhaitera­ient en profiter pour eux ? Cela veut dire que vous avez rayonné autour de vous, c’est donc bon signe et vous pouvez intérieure­ment les remercier. Mais, bien sûr, cela ne changera pas tout de suite les autres autour de vous. Ils ont peut- être plus de mal à se ressourcer. Alors, la règle première est de bien se ressourcer soi d’abord pour pouvoir donner aux autres. Et quand vous vous sentez un peu à plat, mettez une limite virtuelle autour de vous (comme un cercle ou une bulle que vous seule pourrez voir et qui délimitera l’espace à ne pas franchir inconsciem­ment par les autres). Vous pourrez écouter leurs plaintes et compatir sans être autant touchée. C’est le meilleur moyen de les aider. Pour des raisons de confidenti­alité, tous les prénoms des internaute­s ont été modifiés.

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