Psychologies (France)

Tes questions

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Je voudrais des clés pour aider ma mère.

Sophie, 14 ans Vous terminez, Sophie, la lettre dans laquelle vous m’expliquez les problèmes de votre mère, en me disant que je vais sans doute vous dire (« à juste titre », précisez-vous) que tout cela « ne vous regarde pas ». Je ne vais pas vous dire cela, Sophie. Car ce serait méconnaîtr­e ce que vous vivez, puisque votre mère vous met, précisémen­t, en position de « regarder » en permanence, non pas votre présent et votre avenir, mais son passé. Alors que vous avez 14 ans, et que vous êtes sa fille, elle vous parle en effet comme si vous étiez sa psy. Et vous, prisonnièr­e de l’envie de l’aider et peut- être aussi du désir d’avoir, auprès d’elle, une place (en auriez-vous une, si vous refusiez ?), vous lui répondez comme si vous l’étiez. Elle vous raconte ainsi ses souffrance­s avec son mari alcoolique (votre père…), et surtout avec sa famille. Une famille qui continue, comme elle l’a toujours fait, à la maltraiter psychologi­quement, mais avec laquelle elle n’a jamais rompu ( pourquoi ?). Tout cela est donc très lourd, et nécessiter­ait qu’elle fasse une psychothér­apie, car il n’existe pas de « clés », généralisa­bles, qui pourraient aider tout le monde : chacun doit trouver, dans un travail individuel, les siennes. Contrairem­ent à ce que vous croyez, Sophie, ce que vous faites avec votre mère ne l’aide pas, car cela ne fait que l’éloigner des soins dont elle aurait besoin. Et cela vous prive d’une énergie dont vous avez besoin pour construire votre propre vie. Votre mère, manifestem­ent, ne le comprend pas. Mais vous êtes, vous, aujourd’hui – votre lettre le prouve – capable de le comprendre. Réfléchiss­ez ! Cela en vaut la peine.

Pourquoi les adultes, ils nous font toujours la morale ? Zaccharie, 9 ans Tu me dis, Zaccharie, que, lors de la Journée des droits de l’enfant, les animateurs du centre aéré vous ont expliqué ce que cela signifiait. Et puis ils ont, dis-tu, « commencé à s’énerver » en vous disant que vous aviez de la chance, et que vous ne vous en rendiez pas compte. C’est cela que tu appelles « faire la morale ». Je crois que l’on peut dire d’abord qu’expliquer à des enfants les droits que la loi leur donne, est très important (surtout pour ceux qui n’ont pas, comme toi, des parents avec lesquels ils peuvent parler). Et, quand des animateurs le font, c’est la preuve qu’ils ne considèren­t pas les enfants comme des « petits machins », juste capables de jouer, mais comme de vraies personnes, qui ont le droit d’être informées. Ils se sont, ensuite, énervés. Soit. Mais pourquoi ? Tu ne le dis pas, et c’est dommage car je ne peux, de ce fait, qu’imaginer. Et penser qu’ils se sont énervés parce que certains d’entre vous ont pris à la légère ce qu’ils disaient. Et ils ont donc probableme­nt essayé de leur faire comprendre qu’ils pouvaient se permettre de ne pas prendre la question au sérieux, parce que, vivant en France, ils avaient des droits ; mais que d’autres enfants, ailleurs dans le monde, n’en avaient pas. Et ce rappel est juste parce que, tu sais, les droits, c’est comme l’eau. Tant que l’on en a, on ne mesure pas à quel point c’est important. C’est quand ils manquent que l’on s’en rend compte. Je comprends donc qu’ils aient pu s’énerver. D’autant que les animateurs, Zaccharie, ne sont pas des statues en pierre, que rien ne peut toucher, ce sont des humains, sensibles. Quand on marche sur leurs pieds… ou sur leurs idées, ils ont mal, et ils réagissent. C’est normal, non ?

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Chaque mois, elle répond à une sélection de lettres. Psychologi­es, Claude Halmos, 2-8, rue Gaston-Rébuffat, 75019 Paris ou chalmos@psychologi­es.com.

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