VOS QUESTIONS À Claude Halmos
Ma fille peut-elle demander, avec l’aide de son père, un changement de garde partagée?
Psychanalyste, elle est l’autrice de Pourquoi l’amour ne suffit pas, Grandir, L’Autorité expliquée aux parents, Dis-moi pourquoi (rassemblés dans Dessine-moi un enfant), Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Parler, c’est vivre (tous au Livre de poche, 2011, 2015), Savoir être (Pocket, 2017). Elle a aussi publié Les Aventures d’Uruburu (illustrations Delphine Jacquot, Albin Michel Jeunesse, 2018) et
Le Pyjama de la tour Eiffel (illustrations Jeanne Detallante, Casterman, 2021).
Depuis qu’elle a 2 ans, ma fille (15 ans aujourd’hui) vit en garde partagée : une semaine chez moi et l’autre chez son père, dont je suis séparée. Or il m’a téléphoné pour me dire qu’elle voulait modifier cette organisation. Dois-je accepter? CHRISTINE,
L’histoire que vous me racontez mériterait, Christine, que vous l’interrogiez plus que vous ne le faites. Subitement en effet, et alors que votre fille ne vous a parlé de rien, son père vous téléphone pour vous annoncer qu’elle ne veut plus vous voir qu’un week-end sur deux. Et vous ne vous posez alors – et très douloureusement – des questions que sur elle, sans voir qu’il y aurait aussi à s’en poser sur son père. Tout parent responsable sait en effet qu’un adolescent peut avoir envie de modifier la façon dont il vit (et pourquoi pas?) mais qu’un tel changement doit être discuté préalablement, et sérieusement, avec ses deux parents pour savoir ce qui le motive. Pourquoi votre ex-mari agirait-il ainsi? Question d’autant plus nécessaire qu’il a déjà essayé de faire en sorte que votre fille, quand elle avait 5 ans, n’habite plus que chez lui – et vous avez dû faire appel à la justice –; et qu’il vit, depuis qu’elle a 3 ans, avec une femme qui semble avoir autant d’influence sur lui
– il a rompu avec sa famille – que sur votre fille. Il est donc légitime de se demander s’ils ne l’influencent pas. Pourquoi ne le faites-vous pas? Parce que, doutant manifestement (pourquoi?) de vos capacités de mère – que le souci que vous avez de votre fille pourtant démontre –, vous semblez prête à accepter toutes les mises en cause, même quand elles sont aussi peu claires qu’aujourd’hui. Il faudrait donc y réfléchir et surtout poser, dès maintenant, pour protéger votre fille, qu’une décision aussi importante ne peut passer que par un juge.