“RECHERCHE FUTURE MAMAN SINCÈRE”
L’annonce d’Artik commence ainsi : « Ingénieur célibataire, sérieux
et responsable, je désire fonder une famille. Je recherche une future maman sincère dans sa démarche. Je souhaite que les questions d’éducation soient décidées ensemble. » Kaal, lui, avoue avoir « passé une partie de [sa] jeunesse à travailler », avant de se rendre compte qu’il lui manquait « le plus beau cadeau de la vie : un enfant ». Quant à Iron, qui se décrit comme « quelqu’un d’indépendant », il dit aujourd’hui avoir « envie de donner naissance avec une femme bien ». Ces trois hommes ont la petite trentaine et sont inscrits sur l’un des nombreux sites de coparentalité1 qui ont fleuri ces dernières années en France. Ouverts pour des couples homos qui avaient besoin d’un tiers pour fonder une famille, ils accueillent aujourd’hui une part grandissante d’hétéros, dont un nombre non négligeable d’hommes qui se disent « prêts », « mûrs » pour avoir des enfants, et ne veulent plus attendre de tomber amoureux de celle avec qui les concevoir. Surtout, ils dissocient : le couple de la parentalité, l’amour paternel de l’amour tout court. Pragmatiques, ils parlent de « projet éducatif », de « charte de coparentalité », à définir à deux. Un peu comme pour les sites de rencontres, on peut être surpris du détachement apparent de la démarche. En même temps… le mariage d’amour est une invention occidentale toute récente. La pilule a dissocié la sexualité de la procréation. La PMA nous a appris qu’on pouvait avoir recours à un tiers pour faire un enfant. Et le divorce, qu’on pouvait être parents sans s’aimer. La prochaine étape est peut-être en train de se franchir sur ces sites où se dessine un nouveau modèle de parentalité. 1. co-parents.fr, co-parents.co, coparentalite.fr, etc.