UN MOIS PLUS TARD
Sophie :
« Ma surprise, dans le sens où je focalisais sur mon amant et pensais que le thérapeute allait me faire parler de lui, c’est que l’entretien s’est centré sur moi… Ensuite, j’ai été un peu décontenancée quand il a dit que j’avais “un temps de retard”. Je n’y avais jamais pensé. Mais je me suis dit que oui, je ne savais pas réfléchir… Je ne me suis pas engagée dans une psychothérapie, parce que je crains de parler de mon enfance et de ne pas le supporter. Mais j’ai l’impression que je me suis trop oubliée, et je veux désormais penser davantage à moi et mieux analyser les situations. »
Robert Neuburger :
« La vie de Sophie n’a pas été un fleuve tranquille, c’est le moins que l’on puisse dire. Le résultat est qu’elle est armée pour des rencontres avec des situations difficiles, graves, douloureuses. En revanche, elle est désarmée face à des situations banales, où il s’agit de penser à elle-même, à ses frustrations, à ses désirs. Cela a entraîné le fait que, au lieu d’être guidée par elle-même, elle réagit à des événements qui lui paraissent provenir du monde extérieur alors que c’est elle qui, clairement, les a provoqués. Elle se met alors en danger de se retrouver seule et abandonnée, retrouvant ainsi une situation qu’elle a l’habitude de gérer ! Il est clair que, si j’ai proposé qu’elle entreprenne une psychothérapie, ce n’est pas pour qu’elle remâche ces situations traumatiques qu’elle a traversées, comme elle semble le croire, mais pour qu’elle fasse enfin connaissance avec ellemême. Mais pourra-t-elle s’accorder cette liberté ? »