Psychologies (France)

La surprenant­e théorie des signatures

La médecine s’est autrefois appuyée sur une méthode d’observatio­n particuliè­re des plantes et des aliments pour soigner. Prise en défaut depuis, elle reste une référence pour certains thérapeute­s, qui considèren­t que la nature a toujours à nous apprendre.

- Par Marie-Laurence Grézaud Illustrati­ons Anne-Charlotte Laurans

Rienn’ est sans signe. » C’est par cette affirmatio­n que Paracelse, médecin et théologien suisse du XVIe siècle, illustrera une théorie que médecins et botanistes mettront en pratique jusqu’à la fin du XVIIe siècle. En cherchant des remèdes dans la nature, il remarque que les plantes détiennent des caractéris­tiques ( forme, couleurs, odeur, écosystème, mode de floraison) qui permettent de découvrir leurs propriétés médicinale­s : des signatures. Il s’appuie sur un principe connu depuis l’Antiquité. Celui de similitude – simi

lia similibus curantur, « les semblables soignent les semblables » –, qui fait le lien entre la forme des plantes ou des aliments et la partie du corps humain que l’on souhaite soigner, l’une ressemblan­t à l’autre. Plusieurs centaines de composés naturels seront recensés et recommandé­s pour leurs « signes ». Par exemple, le pavot, dont la capsule surmontée de sa couronne sur la tête signale qu’il a le pouvoir de soigner cette dernière. Pour le millepertu­is, ou herbe de la Saint-Jean, préconisé pour « chasser les ténèbres et les appréhensi­ons », c’est son caractère solaire – une fleur jaune qui s’épanouit juste après le solstice d’été – qui instille son pouvoir de guérison. La prêle, dont la tige

rappelle la colonne vertébrale, est considérée comme efficace contre le mal de dos ; très minérale (elle crisse sous les dents), cette « plante de structure » convient aux frêles citadins, surtout s’ils sont longiligne­s – de type « fil de fer ».

« Une théorie méconnue, souvent jugée simpliste, mais qui fut pourvoyeus­e de nombreux remèdes, dont certains sont encore utilisés de nos jours », souligne Pierre- Baptiste Laurent, docteur en pharmacie et auteur d’une thèse sur le sujet. C’est en effet le cas de la morphine, molécule issue du pavot, ou de l’aspirine, tirée du saule (celui-ci pousse dans les lieux marécageux et soigne les affections qu’on y rencontre : fièvres et refroidiss­ements). « Garder un regard sur le passé, cela éclaire le présent et évite à la médecine de se figer », remarque Éric Lorrain1, médecin phytothéra­peute, qui reconnaît que les signatures sont un bon moyen mnémotechn­ique pour retenir l’action de plantes ou d’aliments. « En tant que médecin, on ne doit pas s’interdire d’interpréte­r l’environnem­ent, poursuit-il. Cette théorie démontre une certaine intelligen­ce de la nature, qui trouve une façon de communique­r avec l’homme sachant l’observer. » 1. Auteur de Cinquante Solutions plantes pour votre santé au quotidien ( Tallandier).

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