On dit que… le rebirth, c’est un truc de hippie
Le rebirth, c’est de la défonce par hyperventilation. Dans un état modifié de conscience, complètement barré, on peut ainsi revivre sa naissance en hurlant. Quoi ? Comment ? Ce n’est pas ça ?
Ce fut, mais ce n’est plus ! Le rebirth a été créé « en pleine période posthippie, à San Francisco, expose Jean-Marie Jobelin1, psychothérapeute transpersonnel et psychosomatothérapeute. Leonard Orr [psychothérapeute américain] a découvert ce processus de surventilation menant à un état amplifié de conscience en 1962 quand, ressorti en rampant d’une séance de sauna de plus d’une heure (!), il a revécu un épisode de sa vie intra-utérine et sa naissance ». D’où l’appellation originelle « rebirthing » (« renaissance »). D’abord développée en piscine d’eau chaude, puis recentrée sur le seul (et puissant !) travail du souffle « à sec », cette technique a ensuite été intégrée aux psychothérapies humanistes2, sous le nom de « rebirth-thérapie ».
À partir du postulat du psychiatre et psychanalyste Wilhelm Reich, selon lequel les traumatismes s’impriment dans notre corps, il s’agissait alors, dans les années 1970-1980, d’utiliser l’hyperventilation pour casser les résistances psychologiques et pousser au craquage émotionnel. Le tout, dans le but de se libérer du choc de l’accouchement et renaître comme un sou neuf. « Brutal : non seulement l’exercice ne pouvait pas être intégré par le patient, mais il pouvait aussi réveiller des angoisses archaïques, voire être dangereux, avec des risques de décompensation », commente JeanMarie Jobelin. Aujourd’hui, la pratique de la rebirth-thérapie est bien plus fine. « Le patient, à l’aide de son souffle, ouvre progressivement ses mémoires corporelles bloquées en vue d’y remettre du mouvement », poursuit-il. Jusqu’à revivre sa venue au monde ? « Pour certains, c’est le cas. Mais ce n’est plus le but absolu. De nombreuses personnes vont ainsi travailler d’autres mémoires traumatiques. »
L’idée, donc : essentiellement « se reconnecter à l’intelligence intuitive de son corps, c’est-à-dire redonner la main à ce que le psychiatre Stanislav Grof appelle notre guérisseur intérieur ». Concrètement, après un premier entretien, le praticien propose une dizaine de séances d’une heure trente. Allongé, les yeux fermés, dans le silence, après une rapide relaxation, le patient respire sans pause entre l’inspire et l’expire, pendant quarante-cinq minutes environ. Dans un état amplifié de conscience, mais parfaitement lucide et accompagné par le praticien, le patient s’abandonne. Tensions, sensations, émotions… Par le souffle, les mémoires se libèrent et se fluidifient. Jusqu’à ce que le corps s’apaise et que psy et patient puissent échanger sur la séance.
1. Directeur de l’institut de formations Isthme (isthme-formations.com). 2. Le plus souvent la gestalt, la somatothérapie ou la thérapie transpersonnelle.