Psychologies (France)

Anne Dufourmant­elle, une lumière s’éteint

La philosophe, psychanaly­ste et écrivaine a trouvé la mort, vendredi 21 juillet, après être allée porter secours à des enfants en danger sur la plage de Pampelonne, à Ramatuelle ( Var). Elle avait 53 ans.

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Toutes celles et ceux qui l’ont ren

contrée en ont été frappés : Anne Dufourmant­elle était un être lumineux, d’une intelligen­ce et d’une douceur rares. « Grande philosophe, psychanaly­ste, elle nous aidait à vivre, à penser le monde d’aujourd’hui », a écrit la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, sur son compte Twitter. « Elle était merveilleu­se. Sa mort est un scandale », a réagi de son côté le philosophe Raphaël Enthoven. Anne Dufourmant­elle avait publié de nombreux essais, à la fois brillants et proches de nous, faisant l’éloge du risque, réhabilita­nt la douceur, l’intelligen­ce des rêves et la défense du secret. Philosophe ancrée dans son temps, elle avait signé son premier ouvrage, De l’hospitalit­é, avec Jacques Derrida. Elle était aussi chroniqueu­se régulière à Libération et directrice de la collection “L’autre pensée”, chez Stock. « Son charme de femme-fée, charme au sens le plus magique, avait depuis longtemps été perçu, nous écrit son amie l’écrivaine Belinda Cannone. […] Il n’est pas étranger à son immense bienveilla­nce […]. Elle seule avait, entièremen­t et intimement, le regard et la parole qui comprennen­t, qui excusent, qui apaisent – peut-être qui sauvent. » À Psychologi­es, la rédaction est encore sous le choc. Cette « femme magnifique », comme la décrit Laurence Lemoine, rédactrice en chef adjointe, nous avait accordé de nombreux entretiens, toujours éclairants et bienfaisan­ts. Elle avait accepté de dialoguer lors d’un tchat avec nos lecteurs, début août, pour les aider à comprendre les messages de leurs rêves… Tous ses proches et ses patients sont en deuil. Car elle était aussi une analyste attentive et estimée. « Pendant deux ans, je suis venue chercher auprès d’elle la force dont j’avais besoin alors que j’amorçais un tournant difficile, se souvient Laurence Lemoine. J’ai souvent été bluffée par son écoute, sa chaleur, son engagement à mes côtés. J’en conçois une gratitude immense. » Sa dernière interview dans Psychologi­es aura été consacrée à l’intelligen­ce onirique (notre numéro d’août). Elle expliquait à Hélène Fresnel avec sa pédagogie unique, sans aucune concession à sa pensée rigoureuse et poétique, que « nos rêves sont un fil à plomb qui nous relie à la vérité de notre être ». Et elle questionna­it l’inexplicab­le avec humilité : « Si l’inconscien­t se situe hors du temps, pourquoi n’aurait-il pas des accès temporels que nous ignorons ? » Nous en rêvons avec elle… Ses oeuvres : De l’hospitalit­é, avec Jacques Derrida (Calmann-Lévy), La Sauvagerie maternelle (Calmann-Lévy), En cas d’amour (Payot), Éloge du risque (Payot), lire un extrait p. 106, Intelligen­ce du rêve (Payot), Puissance de la douceur (Payot), Défense du secret (Payot), L’Envers du feu (Albin Michel).

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