120 Battements par minute
1. Un regard intérieur sur les années sida
1992, alors que l’épidémie fait rage, les militants d’Act Up se mobilisent contre les instances gouvernementales et pharmaceutiques. À travers des interventions spectaculaires et médiatisées ( barbouillage de fausses poches de sang, actions commandos en tout genre), ils rappellent brutalement que les malades du sida n’ont plus le luxe d’attendre. Robin Campillo, qui était lui-même à Act Up à cette époque, a mélangé ses souvenirs à la fiction pour raconter les coulisses, souvent conflictuelles, de cette lutte à travers quelques personnages hauts en couleur.
2. La Palme du coeur à Cannes
Portrait d’une époque, 120 Battements par
minute a bouleversé les festivaliers, en s’attachant à la relation de deux jeunes activistes du groupe : Nathan, nouvellement arrivé à Act Up, et le flamboyant Sean, qui perd de sa superbe à mesure que la maladie se développe dans son organisme. Que fabrique-t-on ensemble ? La question, qui se pose pour tous les couples, devient encore plus cruciale quand la romance est toute neuve et que l’un des deux est atteint d’un mal incurable. Loin de tout pathos, la caméra n’élude aucun aspect de cette histoire déchirante.
3. Un grand film de cinéma
Campillo a su trouver le rythme pour passer de l’individuel au collectif ( les réunions et les actions d’Act Up), tout en glissant quelques moments plus oniriques, comme ces plans sur les eaux de la Seine colorées en rouge sang. Il filme aussi avec beaucoup de grâce les scènes d’amour physique, proposant cette image inédite des anciens partenaires qui rejoignent les amants dans leur lit. Il explique : « J’aimais cette idée que ce rapport sexuel rappelle à chacun d’autres personnes qu’il a connues dans l’intimité. Et je trouvais beau que cela renvoie à la transmission du sida. » Avec Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Adèle Haenel. En salles depuis le 23 août.