On dit que… l’hypnose, c’est de l’intrusion
L’hypnothérapie, c’est comme à la télé quand le monsieur au regard perçant entre dans le cerveau de sa victime pour lui faire faire ce qu’il veut. Quoi ? Comment ? C’est pas ça, l’hypnose ?
Tout dépend de quelle hypnose on parle ! Dans les spectacles, l’hypnotiseur invente en effet de faux souvenirs aux participants. « C’est une intrusion, admet l’hypnothérapeute Olivier Lockert1. Sauf qu’il s’agit de volontaires, préparés par leur envie de jouer le jeu. Si je le faisais dans la rue à n’importe qui, ça ne marcherait pas forcément. » Dans le champ de l’hypnose psychothérapeutique cohabitent ensuite deux hypnoses très différentes. La première, « l’hypnose dissociante » (qui regroupe l’hypnose classique, ericksonienne, et la nouvelle hypnose) « plonge le patient dans un état modifié de conscience afin de contourner l’esprit rationnel. Si quelqu’un veut arrêter de fumer, l’hypnothérapeute s’adressera à son inconscient (“Votre esprit découvre d’autres solutions”, “Imaginez votre paquet de cigarettes qui s’envole au loin”…). Le principe est d’aller bouger des choses dans sa tête, confirme Olivier Lockert. Comme un ostéopathe qui vous manipule pour vous soigner ».
La seconde, l’hypnose humaniste, plus récente, se veut moins intrusive. « Nous ne cherchons plus à endormir la vigilance du patient, mais au contraire à l’éveiller pour atteindre un état augmenté de conscience et qu’il ait lui- même accès à son inconscient. Pour cela, nous ouvrons sa perception au monde, à l’univers, mais aussi aux sensations subtiles, comme celle de la lumière sur la peau » explique Olivier Lockert. Avant de le laisser choisir ce dont il a besoin pour résoudre son problème. Au même homme venu pour arrêter la cigarette, l’hypnothérapeute demande ainsi, sans a priori, ce qui l’en empêche : « Un dragon m’envoie de la fumée sur le visage. » Comment pourrait-il s’en débarrasser ? « Il essaie de le combattre, en vain. Finalement, il a l’idée de se faire grandir pour lui faire peur. C’est sa solution. S’il n’est venu que pour son addiction, le travail s’arrête là. S’il est venu pour une psychothérapie, nous regardons ensemble ce que représente ce dragon, de quel mécanisme psychologique il est le symbole », détaille Olivier Lockert.