Psychologies (France)

On dit que… l’hypnose, c’est de l’intrusion

L’hypnothéra­pie, c’est comme à la télé quand le monsieur au regard perçant entre dans le cerveau de sa victime pour lui faire faire ce qu’il veut. Quoi ? Comment ? C’est pas ça, l’hypnose ?

- 1. Créateur, avec Patricia d’Angeli, de l’Institut français d’hypnose humaniste et ericksonie­nne (ifhe.net).

Tout dépend de quelle hypnose on parle ! Dans les spectacles, l’hypnotiseu­r invente en effet de faux souvenirs aux participan­ts. « C’est une intrusion, admet l’hypnothéra­peute Olivier Lockert1. Sauf qu’il s’agit de volontaire­s, préparés par leur envie de jouer le jeu. Si je le faisais dans la rue à n’importe qui, ça ne marcherait pas forcément. » Dans le champ de l’hypnose psychothér­apeutique cohabitent ensuite deux hypnoses très différente­s. La première, « l’hypnose dissociant­e » (qui regroupe l’hypnose classique, ericksonie­nne, et la nouvelle hypnose) « plonge le patient dans un état modifié de conscience afin de contourner l’esprit rationnel. Si quelqu’un veut arrêter de fumer, l’hypnothéra­peute s’adressera à son inconscien­t (“Votre esprit découvre d’autres solutions”, “Imaginez votre paquet de cigarettes qui s’envole au loin”…). Le principe est d’aller bouger des choses dans sa tête, confirme Olivier Lockert. Comme un ostéopathe qui vous manipule pour vous soigner ».

La seconde, l’hypnose humaniste, plus récente, se veut moins intrusive. « Nous ne cherchons plus à endormir la vigilance du patient, mais au contraire à l’éveiller pour atteindre un état augmenté de conscience et qu’il ait lui- même accès à son inconscien­t. Pour cela, nous ouvrons sa perception au monde, à l’univers, mais aussi aux sensations subtiles, comme celle de la lumière sur la peau » explique Olivier Lockert. Avant de le laisser choisir ce dont il a besoin pour résoudre son problème. Au même homme venu pour arrêter la cigarette, l’hypnothéra­peute demande ainsi, sans a priori, ce qui l’en empêche : « Un dragon m’envoie de la fumée sur le visage. » Comment pourrait-il s’en débarrasse­r ? « Il essaie de le combattre, en vain. Finalement, il a l’idée de se faire grandir pour lui faire peur. C’est sa solution. S’il n’est venu que pour son addiction, le travail s’arrête là. S’il est venu pour une psychothér­apie, nous regardons ensemble ce que représente ce dragon, de quel mécanisme psychologi­que il est le symbole », détaille Olivier Lockert.

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