Psychologies (France)

Travail : quelle étiquette vous colle à la peau ?

Notre personnali­té profession­nelle présente souvent une face obscure. Si nous n’en avons pas toujours conscience, elle échappe en revanche rarement aux autres. Identifiez la vôtre pour mieux la maîtriser.

- Par Flavia Mazelin Salvi, avec Éric Albert, coach et psychiatre

Le questionna­ire

Parmi les quarante affirmatio­ns ci-dessous, choisissez celles qui vous correspond­ent le mieux. En cas d’égalité de profils, procédez à une nouvelle lecture et à une sélection plus rigoureuse. 1. Je donne toujours mon avis, même

quand je ne suis pas sollicité. 2. J’ai le contact facile. 3. J’ai beaucoup de mal à me décider. 4. Je ne cherche jamais à être aimé. 5. J’ai énormément d’intuition. 6. Je ne supporte pas d’être pris

en défaut. 7. Je ne cache pas que je suis ultra

exigeant. 8. Je ne supporte pas les rapports

de force. 9. Les responsabi­lités ne me font pas

peur. 10. J’ai beaucoup d’imaginatio­n. 11. J’aime beaucoup rendre service. 12. J’ai la repartie très facile. 13. Je ne suis jamais sûr de mes choix. 14. Je suis très diplomate. 15. Les approximat­ions m’insupporte­nt. 16. Je trouve la hiérarchie indispensa­ble. 17. Je ne cherche jamais à paraître

modeste. 18. Je peux être dur pour protéger mes

intérêts. 19. J’ai du mal à prendre des initiative­s. 20. Je suis à l’aise dans les rapports de

force et les conflits. 21. Je peux parfois être brutal. 22. J’admire les personnes sûres d’elles. 23. J’ai confiance en moi. 24. J’aime prendre la parole en public. 25. Je ne suis jamais à court de solutions. 26. Je n’aime travailler qu’en équipe. 27. Je conteste toujours les consignes ou

les décisions que je n’approuve pas. 28. Je fais très difficilem­ent confiance. 29. Je suis quelqu’un de très discret. 30. Je prends plaisir à rappeler que j’avais raison, surtout si je n’ai pas été écouté. 31. Je suis plutôt du genre culotté. 32. J’aime décider seul. 33. Je mets souvent les pieds dans le plat. 34. Je retombe toujours sur mes pattes. 35. J’ai souvent peur de me tromper. 36. Je n’ai pas un caractère facile, je le

reconnais. 37. Je mens aisément s’il le faut. 38. Je me trouve souvent plus

compétent que mon entourage. 39. Je délègue tout en contrôlant. 40.Je n’hésite jamais à demander

de l’aide.

CALCULEZ VOTRE RÉSULTAT

Pour chaque affirmatio­n cochée, entourez votre réponse. Faites ensuite votre total de A,B, C et D, et reportez-vous à votre profil pages suivantes.

VOTRE PROFIL PEUT- ÊTRE ÊTES-VOUS UN PEU… MAJORITÉ DE A … donneur de leçons

Des avis comme des sentences, des impression­s comme des jugements, des critiques comme des reproches, le tout servi avec une assurance de mandarin. Le donneur de leçons ne doute pas. Ou alors il cache bien ses fluctuatio­ns intérieure­s, ses failles et ses limites. Comme il déteste être pris en faute, il s’arrange pour minimiser ses lacunes et mettre en avant ses lumières. Il ne se prive jamais du plaisir de rappeler ses mises en garde si, par mégarde, sa hiérarchie a eu le mauvais goût de ne pas les prendre en compte. Dans la version « compétent », il peut forcer le respect par sa rigueur, l’étendue de ses connaissan­ces et la maîtrise de ses acquis. En revanche, les leçons passent beaucoup moins bien si tout cela est approximat­if. Dans ce cas, il ne trouvera personne pour lui prêter main-forte ou lui trouver des excuses.

À la source : le donneur de leçons a souvent été formaté par une éducation très classique, basée sur de nombreux « il faut » et « tu dois ». Sa relation avec luimême comme avec les autres est faite de maîtrise et de perfection­nisme. Un modèle rigide dans lequel les émotions sont déniées.

À garder : l’expertise, la rigueur, qui ne lui fait négliger aucun aspect d’un problème ou d’une situation ; la curiosité, qui lui fait explorer des territoire­s que son entourage laisse souvent en friche, faute d’imaginatio­n ou de motivation.

À recycler : la vantardise, la condescend­ance, l’intransige­ance. Trois démons qui altèrent ses relations à autrui à court ou à long terme, et qui le déshumanis­ent.

Les conseils : gardez à l’esprit que la technicité et l’expertise ne sont pas tout. Donner aux autres l’envie de collaborer est un précieux talent démultipli­cateur de valeur. Apprenez à écouter davantage avant de juger ou d’imposer vos vues, mettez-vous aussi plus souvent à l’écoute de vos propres émotions, cela développer­a votre empathie.

MAJORITÉ DE B … assisté

Il aimerait décider, innover, trancher, mais voilà : au moment de passer à l’action, il commence à tergiverse­r et il cale. C’est généraleme­nt à ce moment-là qu’il sollicite son entourage, ses collègues… Soit en demandant clairement de l’aide, soit en trouvant une parade pour masquer sa défaillanc­e. L’assisté est sympathiqu­e au début, on lui vient en aide avec plaisir. Mais, à la longue, sa passivité insupporte son entourage. Dans la version « compétent », l’assisté choisit souvent de s’entourer de personnali­tés affirmées qui l’aident à trancher et à assumer ses choix. En revanche, quand il n’est pas à sa place dans sa fonction, il est volontiers mis de côté par ses collègues, et remis en question en tant que « chef ».

À la source : la peur est l’émotion dominante, elle est à l’origine des comporteme­nts prudents à l’excès. Peur de l’échec, du ridicule, de l’exclusion… Dans tous les cas, il s’agit de retarder le moment de la prise de risque et d’avancer à couvert. En procrastin­ant, en déléguant ou en suivant le mouvement.

À garder : la prudence, la remise en question personnell­e, le recours au collectif. Ces comporteme­nts de flexibilit­é sont des atouts lorsqu’ils sont mis au service de l’intelligen­ce collective et d’un projet bien structuré : ils permettent des ajustement­s et des améliorati­ons en cours de route, et l’intégratio­n d’idées nouvelles pour l’optimiser.

À recycler : le manque de courage, d’engagement, la peur de la faute ou de l’échec, la difficulté à assumer ses responsabi­lités… Tout cela sape la confiance des autres et l’estime de soi, et freine les projets.

Les conseils : apprenez à prendre des risques, à vous exposer, à vous tromper. Entraînez-vous dans des situations qui ne portent pas à conséquenc­e, puis augmentez les doses. Votre estime de soi augmentera d’autant. Vous vous rendrez compte progressiv­ement que se tromper n’est ni dramatique ni exceptionn­el, mais le seul moyen de progresser.

MAJORITÉ DE C … enfumeur

Évidemment, l’enfumeur a toujours une solution miracle et au moins trois plans B d’avance. Il faut le croire sur parole, lui faire confiance. Il est remis en question ? Mis face à ses erreurs ? Pas question de se démonter : comme le magicien qui sort un lapin blanc de son chapeau, il produit des études, des exemples, des preuves irréfutabl­es. Il ne connaît jamais d’échec personnel. C’est toujours la faute de la conjonctur­e, de l’incompéten­ce des autres, du mauvais alignement des planètes. Pour se protéger et assurer ses arrières, il joue sur tous les tableaux : la diplomatie, la menace diffuse, les affects, la séduction. Il ne renonce jamais et, au final, s’en sort plutôt bien. Dans la version « compétent », l’enfumeur est un « vendeur » convaincan­t, un leader motivant et un promoteur d’idées enthousias­mant. La version « incompéten­t » le montre brouilleur de cartes et de pistes, et jouant la montre pour sauver sa tête.

À la source : l’habitude de compter sur son charme, et aussi sur le regard admiratif flatteur de son entourage. Des parents ultra valorisant­s ou au contraire qu’il fallait séduire afin de capter leur attention ont fait de lui un charmeur et un vendeur hors pair.

À garder : l’énergie, l’optimisme, la résilience, la capacité à fédérer et à dynamiser des équipes. Autant d’atouts qui font des collègues et des chefs pleins de vitalité, de créativité et de chaleur humaine.

À recycler : le déni, la mauvaise foi, la paresse, l’instabilit­é des conviction­s et des choix. Bref, tout ce qui est de l’ordre du « tout est bon pour m’en sortir » au détriment de la rigueur, de l’honnêteté et de la lucidité.

Les conseils : approfondi­ssez, travaillez, ne vous contentez pas d’approximat­ions ou de victoires sur le court terme. Ne sollicitez pas uniquement les autres quand vous en avez besoin. Prenez le temps d’identifier vos lacunes, acceptez-les sans chercher à les camoufler pour faire bonne figure.

MAJORITÉ DE D … tyran

Naturelle ou acquise au fil du temps, l’autorité du tyran est bien réelle. Petit chef aimant à rappeler que c’est lui qui est aux commandes, ou grand chef brillant et écrasant n’ayant pas besoin de brandir son insigne, le tyran aime le pouvoir parce qu’il aime le contrôle et qu’il est souvent perfection­niste. Il peut aussi s’agir du collègue colérique ou passif-agressif qui se plaint et manipule pour obtenir ce qu’il veut. Dans sa version « compétent », ce peut être un leader charismati­que, à la fois admiré et craint par ses équipes, et qui assume ses responsabi­lités. Dans sa version négative, il peut rendre malades ceux qui travaillen­t avec lui et l’entreprise qu’il dirige.

À la source : le tyran a souvent été… tyrannisé, et a tout fait pour endosser le rôle de celui qu’il craignait. Il peut aussi avoir été éduqué en héritier d’un rôle, respectant la tradition familiale, ou alors accompliss­ant le désir de revanche sociale de ses parents.

À garder : le sens des responsabi­lités, l’exigence, l’investisse­ment personnel. Ces qualités sont motrices et suscitent le respect. Elles sont aussi pour tous source d’inspiratio­n et de motivation.

À recycler : le manque d’écoute et d’empathie, de remise en question personnell­e, la manipulati­on ou la brutalité… Ces comporteme­nts traduisent peur et faiblesse, ils sont en outre cause de maltraitan­ce.

Les conseils : acceptez l’imperfecti­on. La vôtre comme celle des autres. Cela vous rendra plus souple et moins stressé. Entraînez-vous à solliciter l’avis d’autrui plus souvent, vous serez surpris par la richesse et la créativité de l’intelligen­ce collective. Vous vous rendrez compte que le pouvoir fondé sur l’autoritari­sme est épuisant et moins fécond que la mise en commun de toutes les ressources. Spécialist­e de l’anxiété, coach et consultant en entreprise au sein du cabinet Uside, Éric Albert est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels

Partager le pouvoir, c’est possible (Albin Michel).

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France