Travail : quelle étiquette vous colle à la peau ?
Notre personnalité professionnelle présente souvent une face obscure. Si nous n’en avons pas toujours conscience, elle échappe en revanche rarement aux autres. Identifiez la vôtre pour mieux la maîtriser.
Le questionnaire
Parmi les quarante affirmations ci-dessous, choisissez celles qui vous correspondent le mieux. En cas d’égalité de profils, procédez à une nouvelle lecture et à une sélection plus rigoureuse. 1. Je donne toujours mon avis, même
quand je ne suis pas sollicité. 2. J’ai le contact facile. 3. J’ai beaucoup de mal à me décider. 4. Je ne cherche jamais à être aimé. 5. J’ai énormément d’intuition. 6. Je ne supporte pas d’être pris
en défaut. 7. Je ne cache pas que je suis ultra
exigeant. 8. Je ne supporte pas les rapports
de force. 9. Les responsabilités ne me font pas
peur. 10. J’ai beaucoup d’imagination. 11. J’aime beaucoup rendre service. 12. J’ai la repartie très facile. 13. Je ne suis jamais sûr de mes choix. 14. Je suis très diplomate. 15. Les approximations m’insupportent. 16. Je trouve la hiérarchie indispensable. 17. Je ne cherche jamais à paraître
modeste. 18. Je peux être dur pour protéger mes
intérêts. 19. J’ai du mal à prendre des initiatives. 20. Je suis à l’aise dans les rapports de
force et les conflits. 21. Je peux parfois être brutal. 22. J’admire les personnes sûres d’elles. 23. J’ai confiance en moi. 24. J’aime prendre la parole en public. 25. Je ne suis jamais à court de solutions. 26. Je n’aime travailler qu’en équipe. 27. Je conteste toujours les consignes ou
les décisions que je n’approuve pas. 28. Je fais très difficilement confiance. 29. Je suis quelqu’un de très discret. 30. Je prends plaisir à rappeler que j’avais raison, surtout si je n’ai pas été écouté. 31. Je suis plutôt du genre culotté. 32. J’aime décider seul. 33. Je mets souvent les pieds dans le plat. 34. Je retombe toujours sur mes pattes. 35. J’ai souvent peur de me tromper. 36. Je n’ai pas un caractère facile, je le
reconnais. 37. Je mens aisément s’il le faut. 38. Je me trouve souvent plus
compétent que mon entourage. 39. Je délègue tout en contrôlant. 40.Je n’hésite jamais à demander
de l’aide.
CALCULEZ VOTRE RÉSULTAT
Pour chaque affirmation cochée, entourez votre réponse. Faites ensuite votre total de A,B, C et D, et reportez-vous à votre profil pages suivantes.
VOTRE PROFIL PEUT- ÊTRE ÊTES-VOUS UN PEU… MAJORITÉ DE A … donneur de leçons
Des avis comme des sentences, des impressions comme des jugements, des critiques comme des reproches, le tout servi avec une assurance de mandarin. Le donneur de leçons ne doute pas. Ou alors il cache bien ses fluctuations intérieures, ses failles et ses limites. Comme il déteste être pris en faute, il s’arrange pour minimiser ses lacunes et mettre en avant ses lumières. Il ne se prive jamais du plaisir de rappeler ses mises en garde si, par mégarde, sa hiérarchie a eu le mauvais goût de ne pas les prendre en compte. Dans la version « compétent », il peut forcer le respect par sa rigueur, l’étendue de ses connaissances et la maîtrise de ses acquis. En revanche, les leçons passent beaucoup moins bien si tout cela est approximatif. Dans ce cas, il ne trouvera personne pour lui prêter main-forte ou lui trouver des excuses.
À la source : le donneur de leçons a souvent été formaté par une éducation très classique, basée sur de nombreux « il faut » et « tu dois ». Sa relation avec luimême comme avec les autres est faite de maîtrise et de perfectionnisme. Un modèle rigide dans lequel les émotions sont déniées.
À garder : l’expertise, la rigueur, qui ne lui fait négliger aucun aspect d’un problème ou d’une situation ; la curiosité, qui lui fait explorer des territoires que son entourage laisse souvent en friche, faute d’imagination ou de motivation.
À recycler : la vantardise, la condescendance, l’intransigeance. Trois démons qui altèrent ses relations à autrui à court ou à long terme, et qui le déshumanisent.
Les conseils : gardez à l’esprit que la technicité et l’expertise ne sont pas tout. Donner aux autres l’envie de collaborer est un précieux talent démultiplicateur de valeur. Apprenez à écouter davantage avant de juger ou d’imposer vos vues, mettez-vous aussi plus souvent à l’écoute de vos propres émotions, cela développera votre empathie.
MAJORITÉ DE B … assisté
Il aimerait décider, innover, trancher, mais voilà : au moment de passer à l’action, il commence à tergiverser et il cale. C’est généralement à ce moment-là qu’il sollicite son entourage, ses collègues… Soit en demandant clairement de l’aide, soit en trouvant une parade pour masquer sa défaillance. L’assisté est sympathique au début, on lui vient en aide avec plaisir. Mais, à la longue, sa passivité insupporte son entourage. Dans la version « compétent », l’assisté choisit souvent de s’entourer de personnalités affirmées qui l’aident à trancher et à assumer ses choix. En revanche, quand il n’est pas à sa place dans sa fonction, il est volontiers mis de côté par ses collègues, et remis en question en tant que « chef ».
À la source : la peur est l’émotion dominante, elle est à l’origine des comportements prudents à l’excès. Peur de l’échec, du ridicule, de l’exclusion… Dans tous les cas, il s’agit de retarder le moment de la prise de risque et d’avancer à couvert. En procrastinant, en déléguant ou en suivant le mouvement.
À garder : la prudence, la remise en question personnelle, le recours au collectif. Ces comportements de flexibilité sont des atouts lorsqu’ils sont mis au service de l’intelligence collective et d’un projet bien structuré : ils permettent des ajustements et des améliorations en cours de route, et l’intégration d’idées nouvelles pour l’optimiser.
À recycler : le manque de courage, d’engagement, la peur de la faute ou de l’échec, la difficulté à assumer ses responsabilités… Tout cela sape la confiance des autres et l’estime de soi, et freine les projets.
Les conseils : apprenez à prendre des risques, à vous exposer, à vous tromper. Entraînez-vous dans des situations qui ne portent pas à conséquence, puis augmentez les doses. Votre estime de soi augmentera d’autant. Vous vous rendrez compte progressivement que se tromper n’est ni dramatique ni exceptionnel, mais le seul moyen de progresser.
MAJORITÉ DE C … enfumeur
Évidemment, l’enfumeur a toujours une solution miracle et au moins trois plans B d’avance. Il faut le croire sur parole, lui faire confiance. Il est remis en question ? Mis face à ses erreurs ? Pas question de se démonter : comme le magicien qui sort un lapin blanc de son chapeau, il produit des études, des exemples, des preuves irréfutables. Il ne connaît jamais d’échec personnel. C’est toujours la faute de la conjoncture, de l’incompétence des autres, du mauvais alignement des planètes. Pour se protéger et assurer ses arrières, il joue sur tous les tableaux : la diplomatie, la menace diffuse, les affects, la séduction. Il ne renonce jamais et, au final, s’en sort plutôt bien. Dans la version « compétent », l’enfumeur est un « vendeur » convaincant, un leader motivant et un promoteur d’idées enthousiasmant. La version « incompétent » le montre brouilleur de cartes et de pistes, et jouant la montre pour sauver sa tête.
À la source : l’habitude de compter sur son charme, et aussi sur le regard admiratif flatteur de son entourage. Des parents ultra valorisants ou au contraire qu’il fallait séduire afin de capter leur attention ont fait de lui un charmeur et un vendeur hors pair.
À garder : l’énergie, l’optimisme, la résilience, la capacité à fédérer et à dynamiser des équipes. Autant d’atouts qui font des collègues et des chefs pleins de vitalité, de créativité et de chaleur humaine.
À recycler : le déni, la mauvaise foi, la paresse, l’instabilité des convictions et des choix. Bref, tout ce qui est de l’ordre du « tout est bon pour m’en sortir » au détriment de la rigueur, de l’honnêteté et de la lucidité.
Les conseils : approfondissez, travaillez, ne vous contentez pas d’approximations ou de victoires sur le court terme. Ne sollicitez pas uniquement les autres quand vous en avez besoin. Prenez le temps d’identifier vos lacunes, acceptez-les sans chercher à les camoufler pour faire bonne figure.
MAJORITÉ DE D … tyran
Naturelle ou acquise au fil du temps, l’autorité du tyran est bien réelle. Petit chef aimant à rappeler que c’est lui qui est aux commandes, ou grand chef brillant et écrasant n’ayant pas besoin de brandir son insigne, le tyran aime le pouvoir parce qu’il aime le contrôle et qu’il est souvent perfectionniste. Il peut aussi s’agir du collègue colérique ou passif-agressif qui se plaint et manipule pour obtenir ce qu’il veut. Dans sa version « compétent », ce peut être un leader charismatique, à la fois admiré et craint par ses équipes, et qui assume ses responsabilités. Dans sa version négative, il peut rendre malades ceux qui travaillent avec lui et l’entreprise qu’il dirige.
À la source : le tyran a souvent été… tyrannisé, et a tout fait pour endosser le rôle de celui qu’il craignait. Il peut aussi avoir été éduqué en héritier d’un rôle, respectant la tradition familiale, ou alors accomplissant le désir de revanche sociale de ses parents.
À garder : le sens des responsabilités, l’exigence, l’investissement personnel. Ces qualités sont motrices et suscitent le respect. Elles sont aussi pour tous source d’inspiration et de motivation.
À recycler : le manque d’écoute et d’empathie, de remise en question personnelle, la manipulation ou la brutalité… Ces comportements traduisent peur et faiblesse, ils sont en outre cause de maltraitance.
Les conseils : acceptez l’imperfection. La vôtre comme celle des autres. Cela vous rendra plus souple et moins stressé. Entraînez-vous à solliciter l’avis d’autrui plus souvent, vous serez surpris par la richesse et la créativité de l’intelligence collective. Vous vous rendrez compte que le pouvoir fondé sur l’autoritarisme est épuisant et moins fécond que la mise en commun de toutes les ressources. Spécialiste de l’anxiété, coach et consultant en entreprise au sein du cabinet Uside, Éric Albert est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels
Partager le pouvoir, c’est possible (Albin Michel).