BONNES FEUILLES
Ces animaux qui nous rendent humains
Les animaux sont à la mode : pas un jour sans que ne soit publié un ouvrage sur leur sensibilité, leur sagesse, leurs prouesses. Aujourd’hui, ce sont deux titres qui abordent leurs spécificités sous des angles différents. Norin Chai, vétérinaire en chef de la ménagerie du Jardin des Plantes, à Paris, nous révèle les particularités les plus étonnantes du monde animal, qu’il côtoie quotidiennement : pas de « bêtification », pas d’anthropomorphisme, mais une observation fine de cet univers si proche et si lointain. Qui savait, par exemple, que les fourmis ne sont pas une masse ouvrière indifférenciée, mais qu’elles sont bel et bien dotées de personnalités ? Ou que les plus féroces des animaux entre eux sont les charmants suricates, capables de zigouiller les petits d’une rivale à tour de crocs ( banal), mais aussi leur propre descendance ? Pas mieux que les hommes ? Oh si ! Il y a une différence de taille : les animaux sont cruels, mais jamais pervers. La sensible romancière Jane Sautière, animiste revendiquée, évoque de son côté les souvenirs des compagnons à quatre pattes qui ont partagé sa vie… mais pas seulement, car elle s’intéresse aussi aux mal-aimés que sont araignées et rats (ah, ce petit chapitre de la rencontre avec un rat en vacances !). Voilà l’arrivée d’un nouveau chat, le décès de son premier chien, l’infaillible attachement à ces bêtes, l’inavouable chagrin : « S’attacher à une bête comme à un humain ? Se retrouver à pleurer la mort de son chat plutôt que celle de Nelson Mandela ? Je ne peux que me rabattre sur mon humaine culpabilité d’avoir, par inconscience ou lâcheté, mis dans ma vie une créature qui ne pouvait pas y rester ou que je n’ai pas su faire rester », écrit-elle. Christilla Pellé-Douël et Christine Sallès