Limiter les risques
Alcool, cannabis, conduites extrêmes : tandis qu’ils flirtent avec le danger, l’angoisse nous ronge. Le psychiatre Xavier Pommereau nous guide pour leur donner des repères.
“Il n’y a pas d’adolescence sans prise de risque. » Xavier Pommereau, psychiatre, chef du pôle aquitain de l’adolescent (Centre Abadie) au CHU de Bordeaux, est bien placé pour le savoir : il voit passer des dizaines de jeunes de 12 à 18 ans et leurs parents dans sa consultation. Aucune adolescence « normale » ne peut s’en passer. Cette mise en danger est absolument nécessaire, dit-il, pour permettre au jeune de prendre ses distances et de s’extraire de la dépendance infantile. Les parents pensant que leur enfant pourra y échapper font erreur. « Parler d’identité qui s’affirme, c’est admettre des écarts de conduite permettant à chaque ado de les mesurer puis de se synchroniser », écrit le praticien dans Le Goût du risque à l’adolescence. Mais comment agir pour permettre au sien de ne pas basculer dans un risque trop important, sans pour autant céder à la tentation de la surprotection ? Excès alcooliques Le goût du risque a souvent celui de l’alcool. De plus en plus d’ados très jeunes – il est fréquent d’en voir, à 13 ans, arriver en classe en titubant, parfois à la limite du coma éthylique – se livrent à la pratique du
binge drinking. Cette absorption rapide d’alcool fort leur permet de se « démonter la tête » pour déconnecter du quotidien, du collège, du lycée, des problèmes familiaux, ou pour se mesurer aux copains en joutes liquides. Et nul n’est à l’abri tant la pratique est répandue. Pour les parents, comment faire passer le message quand eux-mêmes se livrent à des apéros prolongés ? Selon Xavier Pommereau, il convient de faire la différence entre les excès propres à cet âge et le vrai risque de « déchirure ». Pour l’alcool comme