Psychologies (France)

AIR DU TEMPS

Culture, modes de vie, solidarité, santé… Notre regard sur l’actu

- Christine Baudry

Les hommes, « les vrais », estiment que le fait d’avoir besoin de beaucoup dormir trahit un manque de virilité. Ce lien entre sommeil et masculinit­é a été mis en évidence par une étude américaine ayant rassemblé plus de deux mille cinq cents volontaire­s1. Ainsi, lorsque ces hommes évaluaient la virilité d’un personnage achetant un lit, ils le trouvaient moins masculin quand celui-ci était présenté comme un gros dormeur. Autre exemple : lorsqu’ils devaient imaginer la journée type de différents hommes présentés en photo, ils accordaien­t un temps de sommeil diminué de trente-trois minutes par nuit à ceux qu’ils trouvaient virils. Cette étude met en évidence un stéréotype de genre moins connu que ceux qui postulent qu’un « homme, un vrai » doit serrer les dents lorsqu’il a mal, ignorer ses symptômes ou éviter d’aller chez le médecin. Mésestimée, cette vision du sommeil au masculin est tout aussi nocive. Elle risque de conduire les hommes – et particuliè­rement les jeunes garçons et les adolescent­s – à moins prendre soin d’eux et à se priver de sommeil. Elle participe bien de ce que l’on appelle la « masculinit­é toxique », une toxicité qui se retourne dans ce cas contre les hommes eux-mêmes.

1. Menée par des chercheurs de l’université de l’Oregon ( États-Unis).

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