AIR DU TEMPS
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Les hommes, « les vrais », estiment que le fait d’avoir besoin de beaucoup dormir trahit un manque de virilité. Ce lien entre sommeil et masculinité a été mis en évidence par une étude américaine ayant rassemblé plus de deux mille cinq cents volontaires1. Ainsi, lorsque ces hommes évaluaient la virilité d’un personnage achetant un lit, ils le trouvaient moins masculin quand celui-ci était présenté comme un gros dormeur. Autre exemple : lorsqu’ils devaient imaginer la journée type de différents hommes présentés en photo, ils accordaient un temps de sommeil diminué de trente-trois minutes par nuit à ceux qu’ils trouvaient virils. Cette étude met en évidence un stéréotype de genre moins connu que ceux qui postulent qu’un « homme, un vrai » doit serrer les dents lorsqu’il a mal, ignorer ses symptômes ou éviter d’aller chez le médecin. Mésestimée, cette vision du sommeil au masculin est tout aussi nocive. Elle risque de conduire les hommes – et particulièrement les jeunes garçons et les adolescents – à moins prendre soin d’eux et à se priver de sommeil. Elle participe bien de ce que l’on appelle la « masculinité toxique », une toxicité qui se retourne dans ce cas contre les hommes eux-mêmes.
1. Menée par des chercheurs de l’université de l’Oregon ( États-Unis).