LA LETTRE QUI NOUS TOUCHE

Juste avant la fin de l’année, nous avons reçu la lettre de Lydie, qui nous est allée droit au coeur. Nous avons pensé qu’elle pourrait faire écho à toutes celles et tous ceux qui, comme elle, ont traversé ou traversent cette épreuve difficile, au milieu de ces temps si troublés. Le 5 mars 2020, on m’annonce un cancer du sein, et le 16, Emmanuel Macron annonce le premier confinement. Double coup de massue. Sur quoi vais-je donc devoir m’appuyer pour avancer ? Je me suis concentrée sur la seule certitude que j’avais : le présent. Aujourd’hui ? Je vais bien. Demain ? Je ne sais pas. Qu’est-ce que je suis sûre d’avoir aujourd’hui ? L’Amour des miens, le soutien de mes collègues. Et aussi la capacité physique d’aller marcher, d’observer la nature, mes montagnes. Il me reste le téléphone et Internet, pour échanger avec mes proches. Il me reste, et ce n’est pas rien, le confort et la sécurité : chez moi, je ne crains rien. Alors je prends. Je me concentre là-dessus, je ne pense à rien d’autre. Et c’est comme ça que les jours ont passé, puis les mois, et finalement l’année. Un jour après l’autre. L’espoir, petit à petit, est revenu. Le vaccin pour les uns, la rémission pour moi. Je sors de ce tumulte en sachant désormais que je suis plus forte physiquement que ce que j’ai toujours cru : mon corps a sagement encaissé les traitements, il ne m’a pas lâchée et rien que pour ça je le respecterai plus. J’ai appris qu’il faut avancer au jour le jour, et faire les choses en prenant son temps parce que le temps est précieux. J’ai compris que je suis mortelle quel que soit mon âge et que c’est le cas aussi pour les personnes que j’aime. J’ai appris que vieillir est une chance que tout le monde n’a pas, et que donc cela ne va pas sans accepter la dégradation physique qui l’accompagne. J’ai appris que la vie peut être cruelle et injuste et qu’il faut garder cela en tête. J’ai compris qu’il faut savoir se protéger, soit en prenant la distance nécessaire, soit en fuyant lorsque cela est plus simple. J’ai compris que chacun a sa façon de réagir face à la maladie. J’ai appris qu’on a le pouvoir de contrôler ses pensées et qu’il faut que je m’en serve. J’ai compris que tout est possible dans la vie, à condition d’y croire et de faire en sorte que. Que la vie reprend ses droits et que la douleur, physique et morale, finit par passer. Enfin, j’ai appris que l’Homme a une très forte capacité d’adaptation : je suis fière de nous tous qui nous sommes adaptés. Tout ceci est incroyablement rassurant. Alors adieu 2020. 2021 sera l’année de l’espoir et du renouveau.