Cultivez les trois esprits du tenzo, avec Dôgen
Le but : cultiver un état d’esprit positif, bienveillant et accueillant.
La prescription : ces trois esprits sont à adopter chaque fois que l’on se sent écrasé par la routine, envahi par la résignation et le pessimisme. Ils sont idéalement à cultiver tout au long de la vie.
Le tenzo désigne le cuisinier dans un monastère zen. Dans
Instructions au cuisinier zen, l’importateur du zen au Japon, Dôgen, détaille le comportement qui doit guider celui qui occupe cette fonction essentielle : nourrir les autres. Les trois esprits – kishin, hoshin et daishin – sont trois vertus majeures à cultiver dans sa cuisine comme ailleurs, pour ne pas céder aux trois poisons désignés par le bouddhisme : la colère, l’avidité et l’ignorance. Kishin signifie « l’esprit joyeux ». Le tenzo ne doit pas caler son humeur en fonction de la qualité et de la quantité des aliments qui rentrent dans sa cuisine. Ainsi, comme lui, nous devons nous efforcer de cultiver la joie de vivre, indépendamment des circonstances. Nous réjouir d’être vivants, ici et maintenant. En faisant, par exemple, des pauses plusieurs fois par jour pour se répéter cette vérité ou en ressentant de la gratitude à l’égard de ce que l’on tient d’habitude pour acquis : avoir un toit, manger à sa faim… Hoshin signifie « l’esprit bienveillant ». On parle parfois de « l’esprit de la grand-mère » pour évoquer les réunions des qualités d’attention, de soin et de douceur. Cette bienveillance est comme un voile qui doit envelopper chacun de nos gestes et de nos actes. Envers nous-mêmes et envers les autres. Il s’agit de prendre soin, de faire son possible pour instaurer une ambiance agréable où que l’on se trouve, de privilégier les relations généreuses et chaleureuses. Mais aussi d’accorder tout son soin à toutes les tâches qui nous incombent. Daishin signifie « l’esprit vaste, ouvert, réceptif ». Cela évoque un esprit libéré de l’illusion de séparation, de hiérarchie entre les êtres et les choses. Cultiver l’esprit daishin, c’est faire preuve d’empathie, de curiosité bienveillante pour la différence, et aussi s’abstenir : ne pas (se) juger, ne pas (se) comparer, ne pas médire.
Dôgen (1200-1253) est l’importateur du zen au Japon ainsi que le fondateur de l’école Sôtô. Il est l’auteur d’une abondante littérature, dont Shôbôgenzô, la vraie voie, trésor de l’oeil (Sully) et Instructions au cuisinier zen (Gallimard, “Folio sagesses”).