Psychologies (France)

Dois-je dire à ma fille que j’ai eu une liaison quand elle était petite ?

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Ma fille (38 ans) n’a ni relation stable ni enfants. Cela ne l’angoisse pas mais, moi, je n’en dors plus. Une psychogéné­alogiste m’a dit que je devais lui révéler la liaison que j’ai eue, quand elle avait 2 ans. J’ai peur que cela la perturbe. Que faire ? Coline, Besançon

Votre lettre, Coline, m’a beaucoup étonnée. Que penseriez-vous, en effet, d’un médecin qui, après vous avoir entendue parler, lors d’une unique consultati­on, de ce que vous pensez être, chez votre fille, les symptômes d’un dysfonctio­nnement, poserait, sans l’avoir jamais vue, un diagnostic, et vous conseiller­ait de la faire opérer d’urgence ? Que ce ne serait pas sérieux (et même dangereux) ? Vous auriez raison. Pourquoi, alors, parce qu’il s’agit, non pas du corps, mais du psychisme, ne faitesvous pas preuve du même bon sens ? Parce que vous vous sentiriez coupable ?

Votre fille en effet, confiante en l’avenir, ne souffre pas de ne pas avoir encore d’enfants. La question est donc de savoir pourquoi cela vous inquiète, vous, à ce point. Votre propre mère vous a, dites-vous, transmis sa croyance que « sans enfants, une femme n’est rien ». Cela contribue peut-être à vous faire croire qu’avoir osé autrefois, bien que mère, rester femme (en ayant, pendant cinq mois, une aventure), était une faute si grave qu’elle pouvait traumatise­r votre enfant, et lui interdire même la maternité ; et à accepter aujourd’hui de devoir lui « avouer » ce terrible « secret ».

Cela ne tient pas debout, Coline. Vous pouvez parler à votre fille de vos inquiétude­s, des théories de sa grand-mère et, si elle souhaite, de ce qu’a été votre vie de femme, quand elle était petite (et n’avait, de ce fait, pas à la connaître). Il s’agira alors non pas de la révélation d’un secret de famille destructeu­r, mais d’un dialogue, constructi­f entre une mère et sa fille.

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