À la vie, à la morgue
“Je ne travaille pas pour la gloire”, balance-t-on parfois à son employeur. Mais la gloire, c’est justement ce qui obsède cette grande actrice française.
Depuis des décennies, elle les entend. Cette comédienne mythique croule sous les applaudissements et les “bravoooooo” des spectateurs. Au théâtre, où elle adore se produire malgré son succès au cinéma, elle emballe les foules… Et elle semble rester étonnamment surprise de toute l’attention suscitée. “Merci à vous !”
lance-t-elle parfois d’un air modeste à son public, se blottissant contre l’un ou l’autre de ses partenaires sur les planches. Quelle belle humilité, avec une carrière comme la sienne ! Et quelle bienveillance envers ses coscos-costars, quelle gentillesse de les mettre en valeur ! À ceci près que notre grande dame n’aime en réalité rien moins que partager les projecteurs. C’est en tout cas ce que nous raconte un acteur qui l’a bien connue, alors qu’il débutait. “Il y a quelques années, j’ai joué dans une pièce avec elle.
Pour moi, c’était inespéré. Lui donner la réplique chaque soir était dingue. Tout comme le fait de saluer avec elle, et voir la salle se lever comme un seul homme.
Je vivais de folles standing ovations à ses côtés…”
Enfifin, à ses côtés, notre jeune premier a vite compris qu’il n’y resterait pas trop longtemps ! Une fois le dernier acte terminé, une seule star devait en effffet se détacher : elle, et elle exclusivement.
“C’était le deuxième soir je crois. Nous avons salué tous ensemble, en nous tenant la main. Puis, elle s’est penchée vers moi et m’a enlacé. Et elle m’a murmuré à l’oreille : ‘tu quittes la scène maintenant. Les gens sont venus pour moi.’ J’étais scié !” En coulisses, le reste de la troupe lui confifirmera que leur légende maison est connue pour vouloir monopoliser l’attention… Même après tant d’années à jouir d’une immense notoriété. “C’est invraisemblable de demeurer à ce point narcissique ! Surtout quand on pense à l’image qu’elle se donne, très simple et naturelle”, poursuit son ancien collègue. Oui, mais voilà… certaines icônes tiennent à la piété de leurs fifi dèles, et perdent toute foi à l’idée de devoir dire : “Gloire, adieu.”
Le bouquet de Narcisse