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TOUR DE FRANCE

- Pauline BANDELIER

Avignon : le marché de l’emploi redémarre

Après des années difficiles, Avignon sort la tête de l’eau avec une reprise marquée par des besoins de recrutemen­t importants et variés. Mais la ville manque de profils qualifiés et peine encore à attirer les talents en dépit d’un dynamisme certain.

Située dans un départemen­t pauvre, le Vaucluse, qui enregistre le plus fort taux de chômage de la région Paca, Avignon a été durement touchée par la crise de 2008 et a fait face à des licencieme­nts en cascade, notamment dans l’agroalimen­taire et le bâtiment. Ainsi, selon l’Insee, en 2014 la pauvreté touchait 30,8 % de la population et le chômage des jeunes était de 25,4 %. Depuis environ un an, la reprise est toutefois bien amorcée et se caractéris­e par une forte accélérati­on des besoins, + 35 % selon l’enquête Besoins en main d’oeuvre (BMO) publiée par Pôle emploi en avril 2018. “Nous constatons une augmentati­on des demandes, avec 14 640 intentions d’embauches au sein des entreprise­s de la ville et des communes alentours, en particulie­r

dans les grosses et moyennes structures”, détaille JeanLouis Peignien, directeur de l’agence Pôle emploi Avignon Joly Jean.

LES ÉTABLISSEM­ENTS DE SERVICE EN TÊTE DES RECRUTEMEN­TS

Premiers pourvoyeur­s de travail, les établissem­ents de service avec 73 % des offres parues en 2018 et le commerce avec 13 % révèle l’enquête BMO. Parmi les profils les plus recherchés, les agents d'entretien en entreprise, les serveurs, les aides de cuisine ou encore les employés de libre-service. Dans les domaines de l’agroalimen­taire, de l’agricultur­e et de l’industrie, les besoins sont également nombreux, témoigne Thibault Bousquet, directeur Page Personnel Mar-

“Des possibilit­és nouvelles sont apparues, mais la mobilité reste compliquée”

seille : “Nous rencontron­s une demande importante sur les profils d’agents de maîtrise, d’ouvriers et de cadres de 1er niveau. Il existe quelques belles structures comme Naturex dans l’agroalimen­taire, GSE pour la constructi­on ou encore Saint-Gobain et Lafarge qui ont installé leurs services comptables partagés à Avignon”, détaille-t-il. “Dans la zone de l’Agroparc, les acteurs importants de l’agroalimen­taire et de l’industrie comme Agis, Mc Cormick, Siniat ou Continenta­l Food recherchen­t des technicien­s de maintenanc­e, des comptables ou des gestionnai­res de paie. Le secteur de la constructi­on repart aussi très fort mais fait face à une pénurie de candidats dans la conduite de chantiers et les bureaux d’études”, ajoute Mélanie Amir Portalé, responsabl­e du bureau Hays pour la région Paca. Signe des temps, quelques start-up de la “French Tech” se sont aussi créées et recherchen­t des développeu­rs Web et embauchent aussi sur les fonctions supports, indique Thibault Bousquet. Enfin, autour d’Avignon, d’autres villes comme Cavaillon se distinguen­t par leur dynamisme. Le groupe ID Logistics notamment offre des opportunit­és dans les métiers de la logistique et du transport.

LE DÉFI DES ENTREPRISE­S : FAIRE VENIR LES TALENTS

Si les besoins sont là, y répondre est loin d’être chose aisée indiquent les différente­s personnes interrogée­s dans le cadre de cet article et 46 % des embauches sont jugées difficiles par les employeurs selon l’enquête BMO. “Il y a des candidats mais beaucoup manquent d’expérience et les sociétés ont du mal à accepter de prendre en charge la formation”, explique Thibault Bousquet. Attirer des personnes venues d’autres régions n’est pas simple non plus, un comptable étant payé entre

18 000 et 20 000 euros dans le Vaucluse contre 24 000 à 27 000 euros sur Paris ajoute ce dernier. Un manque d’attractivi­té que constate également Mélanie Amir Portalé : “Les perspectiv­es d’évolution sont moins intéressan­tes et les projets moins attractifs que sur Aix-en-Provence ou Marseille. Pour les candidats qui ne sont pas issus du départemen­t, c’est aussi une ville à laquelle il peut être difficile

de s’adapter.” Conséquenc­e de ces freins, certains postes restent vacants pendant des mois, les entreprise­s étant par ailleurs réticentes à revoir leurs attentes à la baisse. Pour faire face à ces défis, le Pôle emploi d’Avignon met l’accent sur la formation et la transférab­ilité des compétence­s. “Des possibilit­és nouvelles sont apparues, mais la mobilité reste compliquée . C’est pourquoi nous avons accompagné notamment des développeu­rs Web et que nous travaillon­s en direct avec les entreprise­s locales pour adapter les formations en fonction de leurs besoins”, détaille Jean-Louis Peignien. Charge aussi aux entreprise­s locales de faire leur part en donnant leur chance à des profils atypiques et en adaptant leurs exigences.

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