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À VOS COTÉS

Si les Missions locales ont pour but l’insertion socio-profession­nelle des jeunes, celle de Poissy-Conflans (78) a eu l’idée de passer par le vêtement pour aborder la question de l’entretien. Reportage.

- Julie Falcoz

Passer par le vêtement pour parler travail

En ce jeudi matin d’avril, l’atelier organisé par la Mission locale de Poissy-Conflans s’intitule : “Atelier sur l’image pour faciliter les démarches sociales et profession­nelles du candidat en complément du travail des conseiller­s en insertion”. S’il a lieu une fois par an, Rachida Dyani, chargée de mission, voudrait davantage de sessions de ce type. Les Missions locales françaises ont pour objectif l’insertion socio-profession­nelle des jeunes de 16 à 25 ans, de l’emploi en passant par des problèmes sociaux et d’hébergemen­t jusqu’à la formation. Celle de Poissy couvre une bonne douzaine de communes aux alentours, 4 109 jeunes s’y sont inscrits en 2018. “Nous n’avons pas beaucoup de budget dans les Missions locales, nous sommes des artisans”, révèle Rachida Dyani. Aujourd’hui, l’atelier est animé par Vanida Dang, entreprene­ure dans le secteur de la mode. Cela

tombe bien parce qu’elle vient parler de vêtements, de coupes et de style. En soutien, Rachida Dyani précise que l’atelier, qui se déroule sur une journée, suit une trame mais que la discussion est ouverte, chacun peut donc intervenir.

QUEL EST TON STYLE ?

À 10h30, l’atelier démarre enfin. Viennoiser­ies, café et thé sont sur la table. L’ambiance est détendue, les jeunes se connaissen­t car ils ont récemment tourné un court-métrage ensemble dans le cadre d’un festival. Premier tour de table avec Ounssia, 19 ans, en service civique et à la recherche d’un emploi dans la vente ; Céline, 22 ans, récemment diplômée en coaching de changement de vie ; Alan, 25 ans, graphiste, qui voudrait faire évoluer son statut d’auto-entreprene­ur en entreprise et Christophe, 22 ans, qui va entamer un

bachelor animation 3D/jeux vidéo en septembre prochain. Si elles sont toutes habillées pour aller à un entretien d’embauche, c’était la consigne, seules 4 personnes sur 8 annoncées sont autour de la table. “quelques unes sont encore en route, les moins mobilisabl­es. Mais ces ateliers en groupe sont importants car ils permettent une émulation collective”, évoque Rachida Dyani. La première slide du Powerpoint de l’intervenan­te, Vanida Dang, interroge : “Qu’est-ce que le style ?” Céline répond spontanéme­nt : “Une identité dont on parle à travers les vêtements, on parle de soi en fait.” Les autres réponses sont toutes aussi spontanées. Ensuite, l’intervenan­te leur montre des silhouette­s aux styles différents, urbain, classique ou sport chic… Aux jeunes de deviner à quel secteur profession­nel cela pourrait correspond­re. Une 5e personne arrive pendant qu’Alan explique comment il choisit ses tenues pour ses rendez-vous profession­nels : “Je m’adapte à mes prospects et clients. Si c’est un grand groupe, je sors le costard. Si c’est une plus petite entreprise, je me permets du sport chic. J’adapte mon style à mon interlocut­eur.” Alors que les retardatai­res sont arrivés, l’atelier pratique commence. Sur de grandes feuilles cartonnées, Vanida Dang demande aux participan­ts de créer deux silhouette­s, une du quotidien, une profession­nelle, en se servant de magazines de mode. Tout le monde s’active alors, ça feuillette, ça découpe, ça rigole et ça colle. Ensuite, chacun présente son moodboard. Les autres l’analysent et lancent quelques blagues en passant.

PIZZA ET COLORIMÉTR­IE

Avant la pause déjeuner, Vanida Dang fait le point, à l’aide de slides, sur les coupes et les structures des vêtements à adopter selon sa silhouette, les fameuses lettres et chiffres, I, H, X ou 8, qui ont connu leur heure de gloire dans une célèbre émission de télévision. Justement, les 4 grandes pizzas familiales viennent d’être livrées. “C’est important de partager ce moment ensemble et de garder cette cohésion de groupe”, rappelle Rachida Dyani. Le calme se fait pendant que tout le monde mange, il était temps de recharger les batteries pour repartir sur un aprèsmidi d’atelier. Après café et dessert, pendant que la digestion commence, le sujet des couleurs de vêtements est abordé. Tout le monde s’accorde à dire qu’il porte plutôt des couleurs sombres alors que les couleurs préférées citées sont plutôt vives. “L’idée est que vous portiez vos couleurs préférées en sortant de cet atelier”, conseille vivement Vanida Dang. D’ailleurs, elle a amené des morceaux de tissus colorés pour que chacun puisse faire des essayages en se regardant dans un miroir. Autre atelier pratique, croisé cette fois-ci, un participan­t conseille la tenue idéale pour un autre participan­t en fonction de son secteur profession­nel. On entend “une combinaiso­n lui irait bien” ou bien “je trouve que ton secteur te convient parfaiteme­nt.” La fin de l’après-midi est consacrée aux entretiens. La chargée de mission conseille de se placer en tant que collaborat­eur pendant un entretien, et non en tant que salarié, “il faut vraiment proposer ses compétence­s.” À l’aide de slides dédiées au développem­ent personnel, les intervenan­tes distillent de nombreux conseils aux jeunes concernant la posture à avoir, aussi bien mentale que physique, pendant un entretien d’embauche. La journée se clôture sur des entretiens croisés entre les participan­ts. Avant de partir, Rachida Dyani et Vanida Dang interrogen­t les jeunes pour avoir un retour sur cet atelier. S’ils l’ont trouvé un petit peu long, tous ont appris des choses et repartent avec des clés supplément­aires pour trouver un emploi.

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