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ITINÉRAIRE BIS

Priscilla Pernel, de monitrice d’équitation à soudeuse

- Marie Roques

Si elles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à des métiers jusqu’alors plutôt réservés à la gent masculine, les femmes sont toujours largement minoritair­es dans le domaine de la soudure. Priscilla Pernel, 41 ans, confirme d’ailleurs qu’elle s’est tournée vers cette activité un peu par hasard. “Cela ne m’avait jamais traversé l’esprit avant de déménager dans le Sud ”, assuret-elle. Et autant dire que ce n’est pas son passé profession­nel qui l’y a menée, tant les postes qu’elle a occupés auparavant sont divers et variés.

Originaire de Normandie, Priscilla Pernel suit d’abord des études dans le domaine de l’agricultur­e. Elle passe un CAP de palefrenie­r, un BEP activités hippiques et un BEES 1er degré monitrice d'équitation. “Ensuite je suis partie en voyage en Guadeloupe avec un billet allerretou­r en poche mais j’y suis restée plusieurs années, détaille-t-elle. J’y ai travaillé comme guide touristiqu­e, j’emmenais les clients en balade à cheval. ” À ce moment, Priscilla Pernel donne naissance à ses jumelles et prend trois ans de congé parental. Par la suite elle décide de rentrer en métropole.

À son retour, elle suit son mari dans le centre de la France et ambitionne de poursuivre une activité dans le domaine de l’équitation, la Fédération française d’équitation étant située à la Motte-Beuvron. Mais au même moment, Pôle emploi lui propose une formation de monteuse en lunetterie. Une perspectiv­e qui lui plaît beaucoup. Elle travaille pendant 5 ans dans ce domaine au sein de l’enseigne Grand Vision, mais des problèmes familiaux la contraigne­nt de démissionn­er de son poste pour reprendre son congé parental et s’occuper de ses enfants. Fidèle à sa grande capacité d’adaptation, Priscilla Pernel accepte par la suite un poste de peintre industriel, mais toujours dans le domaine hippique. “Je réalisais des obstacles, ca me plaisait beaucoup”, explique-t-elle. Elle rencontre ensuite son conjoint et quitte son poste pour aller travailler dans le Sud. Ce dernier ayant un magasin de moto, il constate alors avoir de nombreuses demandes de prestation­s de transforma­tion au niveau des véhi

cules et fait appel à un sous-traitant pour la soudure. “Il avait besoin d’une personne pour travailler en interne, voila comment est venue l’idée de cette formation, relate-t-elle. J’adore ce métier, chaque jour est différent et j’apprends quotidienn­ement de nouvelles choses.” Priscilla Pernel a démarré sa formation de soudure au sein de l’Afpa de Saint-Jean-de-Vedas en septembre dernier. Elle aurait dû la terminer le 14 avril, mais était dans l’attente de la reprendre au moment ou nous avons réalisé l’interview au coeur du confinemen­t. Pour ne pas perdre la main, elle a d’ailleurs continué à s’entraîner dans son atelier pendant le confinemen­t. “En tant que jeune profession­nel, il faut continuer de pratiquer pour ne pas perdre la main”, explique-t-elle.

UN POSTE ASSURÉ

Au sortir de sa formation, Priscilla Pernel a l’avantage d’avoir un poste assuré au sein du magasin de moto de son conjoint. “Je ne sais pas encore comment on va s’organiser mais les demandes de transforma­tion sur les lignes d’échappemen­t sont nombreuses, explique-t-elle. Qu’il s’agisse de refaire la ligne d’échappemen­t à neuf ou de la modifier notamment au niveau du design par exemple en créant deux sorties.” Au vu de toutes les demandes, elle pense pouvoir travailler à temps complet.

SE FAIRE SA PLACE

En attendant, Priscilla Pernel est impatiente de reprendre sa formation. Seule femme de sa promotion, elle explique que tout s’est toujours bien passé pour elle et qu’elle n’a eu aucun mal à s’intégrer. “Dans l’optique et même dans le domaine de l’équitation j’ai toujours travaillé avec des hommes, il faut juste se faire sa place et ne pas se laisser marcher sur les pieds.”

Quand on lui demande ce qui lui plaît dans son nouveau métier, Priscilla Pernel se montre très enthousias­te et ne cache pas son impatience de démarrer son activité. “J’aime le fait de transforme­r les choses, le processus de création, la beauté de la soudure quand elle est terminée, c’est un métier très concret et j’y trouve une véritable satisfacti­on.” Elle avoue être toujours un peu stressée en tant que débutante lorsqu’elle démarre une réalisatio­n, mais quand un travail est achevé, elle assure avoir tout de suite envie d’en recommence­r un autre. Elle apprécie aussi le fait que ce soit une activité que l’on peut mener en équipe tout en étant isolée et concentrée sur son travail. “Dans le masque de soudure, nous sommes seul face à nous-mêmes, comme dans une bulle”, souligne-t-elle.

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