Vente directe
Les personnes handicapées, “des forces vives” pour la vente directe
Le handicap est-il un frein à la vente directe, ou une force ? Ce mode de distribution pourrait-il être une opportunité pour les personnes handicapées en recherche d’emploi ? Loin des idées pré-conçues, Georges-Éric Martinaux, président de la commission employeurs de Cheops, le réseau national des Cap Emploi, et Olivier Guilbaud, président de la FVD, nous rappellent que vendeur à domicile est avant tout un métier ouvert à tous. Il y a tout juste un an, la FVD a signé une convention avec Cheops. Pourquoi ?
Olivier Guilbaud : Notre partenariat est issu de rencontres, durant lesquelles nous avons constaté que nous avions des intérêts communs. D’une part, le réseau des Cap Emploi regroupe 9 millions de personnes en situation de handicap, dont seulement 2 millions qui ont une reconnaissance administrative. Ce qui signifie que 10 % de la population concernée par un problème de santé est à la recherche de solutions pour travailler. D’autre part, la loi de 2015 sur l’égalité des chances demande à tous les secteurs, dont celui de la vente directe (VD), de prendre à bras le corps les questions liées aux demandeurs d’emploi handicapés.
Liberté pour concilier vie professionnelle et vie familiale, pas de profil type demandé, pas de diplômes requis, pas de critères ni d’exigences sinon la motivation, le savoir-être et l’intérêt porté au produit : la vente directe est un secteur ouvert à tous et est parfaitement adapté aux personnes handicapées. De la même façon que Pôle emploi met des offres d’emploi à disposition des entreprises qui ont de leur côté des postes à pourvoir, la FVD et Cheops mènent depuis un an un partenariat gagnant-gagnant, dont le but est d’informer à la fois la population handicapée et les entreprises de la vente directe des opportunités offertes.
Georges-Eric Martinaux : Chaque année, en France, 103 organismes de placement spécialisés (OPS), dénommés aussi Cap Emploi, parviennent à trouver un travail à environ 85 000 personnes en situation de handicap. Mais certains ne se retrouvent pas dans le travail salarié, notamment parce que cela ne convient pas à leurs contraintes de santé. Or, le secteur de la vente directe, notamment à travers le statut de VDI, représente une réelle opportunité pour ces personnes qui souhaitent travailler autrement. Notre partenariat ne consiste pas à respecter simplement la loi qui impose d’avoir 6 % de son effectif en personnel handicapé,
mais à proposer aux entreprises de la FVD des candidats avec des compétences réelles, correspondant à leurs besoins. Depuis un an, des actions d’information ont été menées en commun, notamment en Île-de-France, pour faire connaître le métier de VDI aux personnes handicapées, et pour permettre aux entreprises de la vente directe d’identifier celles pouvant les rejoindre. Quand le coronavirus sera derrière nous, notre ambition commune est d’organiser de telles actions partout en France. L’idée, finalement, c’est de permettre une meilleure connaissance mutuelle.
Car le fait est qu’aujourd’hui encore, trop de personnes handicapées méconnaissent la vente directe, ou en ont une image faussée.
Quelles sont les opportunités que présente la vente directe pour les personnes en situation de handicap ?
G-E. M. : Pour une personne soumise à des contraintes de santé, il est plus facile de travailler à domicile et en indépendant, que dans une entreprise traditionnelle. La vente directe permet de gérer son temps et son organisation, en fonction de sa pathologie. Il est ainsi possible pour une personne handicapée d’alterner ses horaires et d’organiser librement ses rendez-vous. Il ne s’agit pas juste d’une activité alimentaire en marge d’une activité professionnelle, mais d’un véritable travail aux multiples avantages : l’autonomie, la formation et l’acquisition de compétences, la possibilité de faire carrière. L’autre aspect intéressant de la vente directe pour les personnes handicapées tient au fait qu’ils sont 70 % à avoir eu leur handicap au cours de leur vie professionnelle. Ce qui signifie que nombre de personnes avec un cursus et des compétences doivent se repositionner sur un autre métier, à un âge inadapté à la reprise des études (après 40 ans). La vente directe ouvre ainsi des portes à ceux qui doivent se reconvertir, et qui sont en quête d’autonomie, de souplesse et d’interactions humaines.
O. G. : L’intérêt de la VD pour les personnes souffrant d’un handicap, est de pouvoir exercer une activité commerciale professionnelle à temps choisi ou plein. Pour ces individus qui sont souvent isolés, la VD peut être synonyme de retour à l’emploi et à une vie sociale. Elle contribue à la cohésion sociale, en réintroduisant proximité, suivi et fidélisation. Elle offre aussi de nombreuses opportunités à tout un chacun, quel que soit son âge, son niveau d’étude, son lieu de résidence, son expérience professionnelle ou son état de santé. Les exigences portent avant tout sur la motivation des vendeurs, leur savoir-être, leur personnalité et l'intérêt qu'elles portent au produit.
Les personnes handicapées pourraientelles constituer un atout pour la vente directe ?
G-E. M. : Elles sont nombreuses à avoir bourlingué, à avoir appris de la vie comment s’affirmer et se montrer convaincantes dans certaines situations. Leur état d’esprit est bien souvent plus fort dans la relation à l’autre. Pour la vente directe, elles ont une énergie à transmettre. Elles ont envie de travailler, de s’engager. Ce sont des forces vives.
O. G. : Ce sont des personnes tenaces, avec de grandes qualités relationnelles. Selon une étude que nous avons menée en 2014, les trois quarts des managers de la vente directe considèrent que le handicap n'a pas d'incidence sur les résultats des vendeurs, et 51 % d'entre eux constatent même une meilleure résistance à l'échec ou encore une plus grande ténacité en matière de relation clients. Du côté des vendeurs, ils sont 6 sur 10 à penser que le handicap n'est pas un frein à l'embauche.