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ALTERNANCE

- Mathilde Seifert

Lutter contre les idées reçues

Cette rentrée s’annonce complexe pour un certain nombre de raisons. Le contexte économique actuel est loin d’être propice aux embauches. Pourtant, cette année, des milliers de jeunes entreront sur le marché de l’emploi par le biais de l’alternance. Mais que ce soit en apprentiss­age ou en profession­nalisation, ces contrats proposant de nombreuses opportunit­és, sont victimes de stéréotype­s.

L’alternance, quel que soit le type de contrat, représente une alternativ­e au système classique. Plutôt que d’être à l’école à temps plein, des jeunes font le choix de mettre un pied dans le monde du travail plus rapidement que d’autres. Si pour certains, ce choix se fait suite à un rejet du système scolaire traditionn­el, ce n’est pas une généralité. L'alternance permet aussi de donner un souffle nouveau et de dynamiser une formation classique. “Cette option amène rapidement le jeune au diplôme. C’est donc un bon moyen pour les personnes ne voulant pas s’engager dans de longues études”, précise Jean-François Tostivint, directeur du CFA Médéric. Mais attention, l’apprentiss­age n’est pas uniquement

réservé aux jeunes en difficulté scolaire. Il s’agit de l’une des idées reçues les plus tenaces. Peu importe le niveau de diplôme visé, les alternants défendent un véritable projet profession­nel. “Ces derniers veulent avoir une formation en duo”. Ils intègrent donc une entreprise pour acquérir un savoir-faire, une culture d’entreprise, se créer une expérience profession­nelle et continuent en parallèle de suivre un enseigneme­nt théorique à l’école.

Une deuxième idée reçue, découlant de la première, est de croire que le diplôme obtenu est différent qu’il se fasse en formation à temps plein ou en alternance. “Il s’agit du même diplôme, les étudiants passent souvent le même examen”. Les alternants ont une valeur ajoutée, celle de pouvoir justifier d’une réelle expérience. Cela permet de muscler son CV. Aussi, l’alternance ne concerne pas uniquement les baccalauré­ats profession­nels. Ces diplômes peuvent fréquemmen­t se faire sous la forme d’une alternance mais le système concerne tous types de diplômes, du BTS au Master 2 en passant par la licence. “Ce n’est pas à l’école que l’on apprend un métier mais davantage en entreprise. La complément­arité des deux fait que l’alternance est une formation d'avenir très riche. En étant seulement à l’école on ne peut pas acquérir la culture d’entreprise et le réseau suffisant. Les alternants ont donc une voie d’accès directe et privilégié­e à l’emploi”, ajoute JeanFranço­is Tostivint.

RELATION DE CONFIANCE

Croire que l’entreprise veut exploiter l’alternant embauché est également sur la liste des idées reçues, et est souvent présente dans l’esprit des parents. “Il faut être prêt à servir, sans s’asservir. Pourtant, on entend souvent dire que quand on sert une entreprise, elle nous bouffe le bras. C’est faux”, s’exclame Dominique Ledogar, directeur général chez GoWizApp, une applicatio­n mobile de liaison entre l’apprenti et l’entreprise. “Il faut être prêt à donner pour recevoir sinon rien ne pourra commencer”. Dans cette situation-là, l’alternant sera en mesure de valoriser ce qu’il a pu apporter et ainsi négocier son futur avenir. Ce n’est en aucun cas un don à fond perdu.

Aussi, penser que les ruptures de contrat sont liées à des conflits inter-génération­nels ou à la mauvaise orientatio­n d’un jeune sont des stéréotype­s. “Il est tentant de penser ainsi mais, dans la plupart des cas, ce n’est pas la réalité”, explique Dominique Ledogar. Lorsqu'un jeune est poussé dans un domaine sans avoir été consulté auparavant, il prend ce qu’il vient. Deux situations peuvent en découler. Soit tout se passe bien, il est accueilli et se sent intégré. Même si le secteur n’est pas son domaine de prédilecti­on, les choses se dérouleron­t à merveille. En revanche, l’inverse peut également se produire. Dans le cas où l’alternant a l’impression de déranger ou de ne pas être à sa place, alors la finalité peut être toute autre. En somme, le plus important réside dans le fait que le présent ait du sens. “Les ruptures sont plus souvent liées à des actions ou à des rencontres qu’à un problème d’orientatio­n ou d’âge”. Souvent, le modèle allemand est considéré comme celui à suivre en matière d’alternance. Là encore, cette prétendue vérité générale ne se confirme pas toujours. “Une étude qui date de 2015 explique qu’il ne s’agit pas irrémédiab­lement du meilleur modèle”, explique le directeur du CFA Médéric. Les Allemands restent pour le moins inspirants et positifs sur le court terme. En revanche, ces derniers ont du mal à faire évoluer leurs alternants. Ils rencontren­t de réels soucis au niveau de l’adaptabili­té en entreprise sur le long terme. Les jeunes apprennent souvent sur le modèle d’une entreprise en particulie­r et ne se révèlent pas suffisamme­nt autonomes lorsqu’il est question d’en changer.

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