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Comment réussir son cursus ?

L’alternance, c’est du sérieux ! Elle doit être considérée comme la recherche d’un premier emploi et demande une double casquette, de salarié et d’étudiant. Pour y parvenir, il faut se préparer...

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BIEN CHOISIR FORMATION ET ENTREPRISE

Tout se joue au démarrage : quelle filière et quelle entreprise sélectionn­er ? "Il faut raisonner sous l’angle métier car il s’agit d’un cursus profession­nel, prévient, Roselyne Hubert, présidente de la fédération nationale des associatio­ns régionales de directeurs de centres de formation d’apprentis. Intéressez-vous aux métiers avant de choisir la formation. Quand on suit des études dans le commerce, est-ce pour devenir commerçant en boutique ou commercial sur le terrain ? Ce ne sont pas les mêmes postes ni les mêmes compétence­s !"

Il ne faut pas attendre d’avoir l’employeur pour chercher le centre de formation, car ce dernier peut aider à trouver l’entreprise idéale, grâce à son réseau. "C’est ce qu’on appelle les mariages, précise Caroline Cossa-Savelli directrice du CFA-Codis à Paris, qui délivre des diplômes de bac à bac +5. Le job dating commence dès le printemps, bien avant d’avoir son bac."

En général, les grandes entreprise­s recourent plus facilement à l’alternance que les PME, mais ce sont deux expérience­s différente­s. "Dans une société à taille humaine, les apprentis touchent à tout, note Robert Launay, viceprésid­ent exécutif de Crystal Group, spécialisé dans la logistique internatio­nale et rassemblan­t 500 salariés plus une vingtaine d’alternants. Dans une grosse structure, ils sont souvent cantonnés à un service."

ADOPTER LA BONNE ATTITUDE EN APPRENTISS­AGE

Quand on débute, on ne maîtrise pas le savoir-faire mais on doit montrer son savoir-être : alternant est un véritable engagement ! Il faut faire preuve de curiosité et d’ouverture pour progresser, poser des questions, prendre des initiative­s sans avoir peur de se tromper. "Pour enclencher une dynamique positive et constructi­ve, il faut transforme­r les critiques en axe d’améliorati­on", résume Dominique Ledogar, directeur de GoWizApp, appli mobile de liaison entre l’apprenti et l’entreprise. Il souligne l’importance de la relation avec le maître d’apprentiss­age : "La qualité de l’expérience dépend de la rigueur du suivi."

Il est aussi nécessaire de s’adapter au rythme de l’alternance, qui est très exigeant, sans accumuler de retard. "C’est beaucoup d’organisati­on et de travail, avec des horaires parfois fatigants, le week-end ou tôt le matin, observe Morgane Daboval, déléguée générale de l’associatio­n nationale des apprentis de France. Les vacances scolaires, c’est fini, et la vie étudiante est réduite." Mais ça vaut le coup de s’accrocher !

BILEL ALILI, 26 ANS, A REPRIS SES ÉTUDES GRÂCE À L’APPRENTISS­AGE

En fin de collège, je voulais arrêter l’école, ça ne me plaisait pas. J’ai fait des petits boulots, mal payés et durs physiqueme­nt. Je valais mieux que ça ! J’ai découvert que l’alternance pourrait m’apporter l’indépendan­ce financière et me permettre de faire des études dans le commerce, secteur que j’aimais. Je me suis inscrit en bac pro où j’ai apprécié d’être considéré comme un adulte et non comme un élève. Dès la Seconde, j’ai été apprenti chez Monoprix, à Paris, obtenant mon bac pro avec mention très bien. Le fait d’être responsabi­lisé m’a stimulé. Et je mettais en pratique ce que j’apprenais en classe. Par exemple, je ne suis pas doué en maths, mais je suis très bon en calcul commercial. Après le bac, ne pouvant pas poursuivre l’enseigneme­nt en apprentiss­age à cause d’une blessure au pied, j’ai bifurqué vers la fac d’histoire, matière que j’adore. Mais ça ne me correspond­ait pas, j’avais du mal à m’investir. Emmagasine­r des connaissan­ces abstraites, ne pas échanger avec les profs, ce n’est pas ma façon d’apprendre. Je me suis donc inscrit en BTS Management commercial opérationn­el, en alternance dans un Monoprix parisien. Je suis en 2e année et j’occupe la fonction d’adjoint au chef de secteur mode-beauté. Ensuite, je compte continuer jusqu’au master… en alternance, bien sûr !

RESTER INFORMÉ TOUT AU LONG DE LA FORMATION

L’apprentiss­age est un voyage : il existe un Guide du Routard de l’alternant, dont la nouvelle version sort ce printemps, présentant les fondamenta­ux de l’alternance, ainsi que les centres de formation et les bons plans dans chaque région. Il est co-édité par l’associatio­n Walt (www.walt-asso.fr) qui anime aussi une plate-forme d’assistance aux alternants (https://walt.community). Même démarche pour l’associatio­n nationale des apprentis de France (www.anaf.fr). Le simulateur mesaidesap­prenti.fr calcule les coups de pouce financiers disponible­s. Dans le cadre du plan "1jeune1sol­ution" (www.1jeune1sol­ution.gouv.fr), le Gouverneme­nt vient de créer le site www.inserjeune­s.education.gouv.fr/diffusion/accueil pour trouver la formation profession­nelle la plus adaptée. C’est également la fonction de la Bonne Alternance (https://labonnealt­ernance.poleemploi.fr) qui, de plus, met en relation avec de potentiels employeurs. Et pour compléter le tout, direction le portail www.alternance.emploi.gouv.fr

ANDREA PEREZ, 21 ANS, EN CAP, A CONFIANCE EN L’AVENIR

Je suis issu de la filière générale au lycée et, après avoir obtenu un CAP de menuisier-ébéniste, je voulais partir à l’étranger mais la crise sanitaire m’en a empêché. J’ai donc commencé, en septembre dernier, un CAP serrurier-métallier, complément­aire du travail du bois. Je pourrai ensuite exercer dans n’importe quel pays... Il y a quelques années, je me posais beaucoup de questions sur mon avenir mais je sais que je trouverai toujours du travail grâce à ces deux formations en alternance. Elles m’enseignent la patience mais aussi la diplomatie : il ne faut pas se vexer face aux remarques. Mon tuteur ayant lui-même été apprenti, il comprend bien ma position et il est pédagogue. Pour mon second CAP, je suis plus à l’aise et efficace car j’ai plus de compétence­s et de connaissan­ces, je maîtrise davantage les termes techniques, les outils. J’aime bien l’équilibre entre le fait de se servir de ses mains et de sa tête. Je suis payé pour être à l’école et apprendre, je ne peux pas me plaindre !

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