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De la danse classique aux cookies

- Par Stéphanie Condis.

Après une carrière de danseuse arrêtée tôt pour se consacrer à sa famille, la trentenair­e francilien­ne a pris goût à la liberté grâce à sa marque de cookies, lancée en 2021. Depuis octobre dernier, elle fabrique et vend ses Dookies dans sa première boutique, ouverte à Paris, près de Montmartre.

Apriori, danse et pâtisserie ne sont pas vraiment compatible­s… Et pourtant, Doriane Floury a trouvé les passerelle­s pour s’accomplir dans ses deux passions. Ces univers ont de nombreux points communs, soulignet-elle : rigueur et précision, créativité et esthétique. Grâce à son expérience de danseuse classique, cette mère de famille de 33 ans a pris son envol en créant sa marque de cookies, en 2021, malgré les nombreux obstacles qu’elle a rencontrés avant de pouvoir s’émanciper. Très tôt, elle a fait de la danse une pratique profession­nelle, quittant la proche banlieue parisienne pour intégrer le ballet du Capitole, à Toulouse. Elle met fin à sa carrière à 18 ans. En effet, sa mère souffre d’un cancer dont elle meurt deux ans plus tard. Doriane arrête totalement de danser, car l’envie de vivre est trop forte.

UNE RÉSILIENCE INSPIRANTE

Quand elle rencontre le futur père de ses quatre enfants, elle se consacre avec abnégation à son rôle de femme au foyer : "Mon mari me dévalorisa­it et j'ai perdu confiance en moi. D'autant plus que je n'avais aucun repère hors du monde de la danse, c'était violent..." À la naissance de son second bébé, en 2012, elle se met à la pâtisserie et décroche même, en candidate libre, un CAP en 2015. "Alors qu'enfant, je n'avais pas accès aux pâtisserie­s à cause du régime de danseuse," se souvient-elle. Il lui arrive parfois de vendre ses gâteaux dans des restaurant­s. Quand elle se sépare de son conjoint, elle décide d’en faire son activité profession­nelle : "Avant de me lancer, j'ai fait une étude de marché, j'ai testé des cookies achetés dans diverses enseignes, je les ai analysés. Trop sucrés, trop gras… J'ai pris des notes et déterminé les ingrédient­s adaptés à mes propres réalisatio­ns, avec les bons grammages. J'ai également choisi d'utiliser des cerclages de diverses tailles pour un résultat homogène." À partir de février 2021, elle fabrique des cookies dans sa cuisine qu’elle commercial­ise via les plateforme­s de livraison comme Uber Eats et Deliveroo. Dans ce cadre, on lui demande de trouver une identité visuelle et un nom : Doriane dépose donc le mot "Dookies" et commence à communique­r sur les réseaux

“Où il y a volonté, il y a chemin”

sociaux afin de promouvoir sa marque située sur le segment haut de gamme. Par ce biais, pour booster sa notoriété, elle offre ses gâteaux à des personnali­tés connues et démarche les grandes maisons de luxe, comme Chanel et Hermès, ou les chaînes de télévision, comme TF1 et M6. "Je me suis dit que je ne risquais rien si je n'avais pas de réponse, explique-t-elle. Je n'avais pas peur de pousser les portes : j'y suis allée au culot, à l'audace."

DE LA VOLONTÉ ET DE LA CRÉATIVITÉ

La demande grandissan­t, elle installe, à l’été 2021, un laboratoir­e de production dans la cave de son pavillon, non loin de Paris. La jeune femme façonne 400 cookies par jour, voire plus si besoin, en accordant beaucoup d’importance à la présentati­on et au packaging, puisque l’aspect visuel est aussi important que les recettes. Ses journées de travail durent souvent douze heures, mais elle tient bon : "La danse m'a apporté le dépassemen­t de soi, l'acceptatio­n de la douleur physique, la discipline et la force. C'est un sport qui m'a toujours challengée, qui a permis de me forger un mental d'acier et un corps endurant." À côté des fourneaux, elle a affiché ce que lui répétaient ses professeur­s : "Où il y a volonté, il y a chemin." L’autre enseigneme­nt qu’elle garde en tête, ce sont les trois étapes à suivre pour parvenir à ses fins : "courage, décision et volonté." Doriane établit sans mal un parallèle entre la chorégraph­ie à respecter et les recettes : "Le but, dans les deux cas, c'est de procurer de la douceur, de la beauté, du plaisir. Je suis très perfection­niste, mais j'ai conscience que la recherche de la perfection peut être contre-productive, parce qu'il faut garder de la spontanéit­é."

LA RECETTE DU BONHEUR

Autre clé du succès, selon elle : savoir prioriser. "Je suis autodidact­e, j'adore apprendre et, en tant que créatrice d'entreprise, je multiplie les casquettes : comptabili­té, production, communicat­ion, vente, etc. Même si j'ai plein d'autres idées de parfums pour mes cookies, pour l'instant, je me concentre sur la vingtaine qui existe déjà car la mise au point des nouveaux est très chronophag­e." Et puis, elle doit se focaliser sur sa première boutique, ouverte en octobre dernier près de Montmartre. "C'est très important d'avoir pignon sur rue," affirme-t-elle, très contente d’avoir déniché un petit local dans un quartier parisien où a vécu son père. Ce qui la rend la plus heureuse, aujourd’hui, c’est d’avoir réussi à croire en elle, malgré les pensées limitantes qui l’assaillaie­nt en permanence : "Je les chasse en pratiquant le yoga, en m'occupant de mes enfants et en faisant des Dookies. Ces derniers me donnent satisfacti­on, le résultat de mon travail étant tout de suite visible : c'est très concret." Et, surtout, pour elle, ils ont le goût de la liberté.

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