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LE PROJET DE TRANSITION PROFESSION­NELLE

- Par Adam Belghiti Alaoui.

Se former pour se reconverti­r tout en étant rémunéré par son employeur ? C’est possible grâce au projet de transition profession­nelle, qui a remplacé le congé individuel de formation en 2019. Il permet à des salariés souhaitant changer de métier de financer leur formation en lien avec leur nouveau projet grâce à leur CPF. Un dispositif rassurant, qui gagne à être davantage connu. Explicatio­ns. EN QUOI CONSISTE-T-IL ?

"Le projet de transition profession­nelle est une spécificit­é française, il présente la particular­ité d’être à l’initiative du salarié, prévient Pascal Peyré, responsabl­e du pôle référence parcours formation de Transition­s Pro Nouvelle-Aquitaine. Si la demande est validée et financée, le salarié aura la garantie d’un maintien de sa rémunérati­on, ou d’une grande partie de celle-ci, pendant la durée de sa formation. Il peut également y avoir une aide pour les frais de mobilité. C’est donc un dispositif qui sécurise la transition profession­nelle des salariés." Dans le cadre de la consolidat­ion des parcours de formation et de la démocratis­ation des dispositif­s d’accompagne­ment, le projet de transition profession­nelle (PTP) est ainsi une modalité particuliè­re de mobilisati­on du compte personnel de formation (CPF). Il s’est substitué au congé individuel de formation (CIF) depuis le 1er janvier 2019. L’objectif ? Favoriser et faciliter le changement de métier et la reconversi­on en finançant des formations certifiant­es, via le CPF, tout en assurant le maintien de la rémunérati­on. Cette dernière est assurée à hauteur de 100 % si le salaire moyen de référence est inférieur ou égal à deux smic (3 494,4 euros) ; et à hauteur de 90 % la première année de formation (ou 1 200 heures), puis de 60 % les années suivantes si le salaire de référence dépasse deux smic. Le salarié peut donc s’absenter pour suivre une formation, qui peut s’opérer en tout ou partie durant son temps de travail. À noter que cette formation n’a pas besoin d’être en rapport avec l’activité du salarié, et que le temps passé en congé de formation est assimilé à du temps de travail. Les congés payés, et toutes les autres prestation­s de la sécurité sociale, sont donc dus en totalité.

Selon l’étude PTP 2023, éditée par Transition­s Pro Île-de-France, qui analyse les trajectoir­es des bénéficiai­res d’un PTP 6 mois après la fin de leur formation, 91 % d’entre eux ont réalisé leur projet de reconversi­on ou sont en train de le

faire, 91 % ont obtenu leur diplôme et 98 % sont allés au bout de leur formation. Un dispositif qui est donc très utile pour accélérer le renouveau profession­nel, notamment lorsqu’il s’agit d’une nécessité pour des raisons de santé, comme la survenue d’un handicap. "Le PTP est axé changement de métier et de profession, l’idée du législateu­r a été de rappeler aux entreprise­s qu’elles avaient aussi des obligation­s de maintien des qualificat­ions et compétence­s des salariés qu’elles embauchent", ajoute Pascal Peyré.

QUI PEUT EN BÉNÉFICIER ?

Le PTP est un droit ouvert à tous les salariés. Pour en bénéficier, il faut justifier d’une ancienneté d’au moins 24 mois, consécutif­s ou non, en qualité de salarié, dont 12 mois au sein de l’entreprise actuelle, quelle que soit la nature des contrats de travail successifs. Des modalités spécifique­s s’appliquent pour les CDD (24 mois d’ancienneté consécutif­s ou non au cours des 5 dernières années, dont 4 mois consécutif­s ou non sous CDD au cours des 12 derniers mois). Attention, ces conditions d’ancienneté ne s’appliquent pas aux bénéficiai­res d’une obligation d’emploi des travailleu­rs handicapés (OETH) et aux salariés licenciés pour motif économique ou inaptitude. "En termes de profils bénéficiai­res d’un PTP, nous observons, en Nouvelle-Aquitaine, 60 % de femmes et un âge moyen de 39-40 ans, précise Pascal Peyré. Pour des niveaux de qualificat­ion le plus souvent entre bac et bac +2. Aussi, un dossier représente en moyenne une durée de formation de 900 heures et un coût pédagogiqu­e de 27 000 euros (jusqu’à 18 000 euros hors taxes par an au maximum). Si ce dispositif souffre encore d’un manque de notoriété, il gagne à être connu. Il faut rappeler qu’à peu près 60 % des actifs envisagent un changement pro dans les deux ans à venir."

QUELLES SONT LES DÉMARCHES À ACCOMPLIR ?

En premier lieu, le salarié doit adresser une demande écrite à son employeur, précisant les dates et l’intitulé de la formation. Ensuite, il faut déposer une demande de prise en charge auprès d’un des organismes Transition­s Pro, qui agissent au niveau régional, reçoivent et traitent les demandes de PTP en commission­s paritaires interprofe­ssionnelle­s régionales (CPIR). Les dossiers sont évalués selon trois critères de validation : cohérence du projet (raisons de sollicitat­ion du PTP, prise en compte des réalités des métiers…), pertinence du parcours de formation visé et perspectiv­es d’emploi à l’issue du PTP. Pour préparer ce dossier de validation, les salariés peuvent aujourd’hui bénéficier du conseil en évolution profession­nelle (CEP). "C’est l’interlocut­eur de choix pour les projets de transition et d’évolution profession­nelle, explique Pascal Peyré. C’est un service public gratuit et indépendan­t qui aide à coconstrui­re son projet profession­nel. 70 % des dossiers que nous avons validés en 2022 ont été accompagné­s par le CEP, c’est tout de suite plus convaincan­t."

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