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Tout ce qui change (ou pas !) en 2024

Pôle emploi est devenu France Travail depuis le 1er janvier dernier, marquant une nouvelle étape pour atteindre le "plein-emploi". Voici les changement­s qui devraient être progressiv­ement mis en place dans les mois à venir.

- Par Pablo Lemonnier. *Source : Les Echos

Au revoir Pôle emploi, bonjour France Travail. Ce changement de nom, et de logo, ne modifie pas les procédures pour les demandeurs d'emploi et les bénéficiai­res : les allocation­s seront versées "dans les mêmes conditions" qu'avant. L'actualisat­ion mensuelle des situations se déroulera simplement sur le nouvel espace personnel disponible sur le site francetrav­ail.fr, succédant ainsi à pole-emploi.fr. Au-delà de son identité, l'organisme doit toutefois assumer des "missions élargies" sous forme de réseau. Il s'agit en effet d'un des leviers de la loi plein-emploi (promulguée le 18 décembre 2023) qui a pour ambition de "réduire le chômage autour de 5 % d’ici 2027", comparé aux 7,4 % actuels.

1 TOUS INSCRITS… ET PLUS SUIVIS

Les inscriptio­ns à France Travail seront généralisé­es pour toutes les personnes sans emploi : les demandeurs d'emploi de feu Pôle emploi, les jeunes suivis par les missions locales, les demandeurs du revenu de solidarité active (RSA) et les personnes handicapée­s accompagné­es par Cap emploi. Jusqu'alors, seulement 40 % des bénéficiai­res du RSA étaient à Pôle emploi. Leur inscriptio­n à France Travail sera maintenant systématiq­ue. Ainsi, France Travail assurera la prise en charge de près de deux millions d'allocatair­es du RSA, en plus des demandeurs d'emploi. Autre nouveauté : chaque inscrit à France Travail doit signer un "contrat d'engagement".

France Travail introduit également un suivi mutualisé, un réseau collaborat­if entre tous les acteurs de l'emploi, y compris les missions locales, Cap emploi, les services de l'État et des collectivi­tés territoria­les. L'objectif de cette intégratio­n est d'améliorer le suivi des demandeurs d'emploi et des personnes en difficulté d'insertion, établissan­t une procédure d'entrée uniforme, que l'inscriptio­n soit effectuée à France Travail, Cap emploi ou dans une mission locale.

2 LE RSA SOUS CONDITIONS

Le "contrat d'engagement" imposera aux bénéficiai­res du RSA de consacrer au moins 15 heures par semaine à des activités liées à la formation ou à l'insertion, telles que des immersions, des remises à niveau ou la rédaction de

CV. Expériment­é dans dix-huit départemen­ts, cet accompagne­ment vise à favoriser l'intégratio­n, tout en évitant toute assimilati­on à du "travail gratuit" ou du "bénévolat", selon les précisions d'Olivier Dussopt, alors ministre du Travail. Bien que la durée soit fixée à "au moins 15 heures", elle n'est pas formelleme­nt inscrite dans la loi, offrant ainsi une certaine flexibilit­é en fonction de la situation personnell­e et familiale de chaque individu. Des exemptions seront possibles en cas de problèmes de santé. Très décriée, cette mesure ne

devrait entrer en vigueur qu'en 2025. À noter que le montant du RSA doit être revalorisé au 1er avril 2024 de +4,6 %.

3 IMPOSSIBLE DE REFUSER UN CDI ?

Selon un décret publié le 28 décembre 2023 au Journal officiel, décliner un CDI pourrait vous coûter vos indemnités chômage. Depuis le 1er janvier, les travailleu­rs en CDD ou intérim qui refusent - à deux reprises sur l'année - un CDI en fin de mission pourront être sanctionné­s, si le lieu, le poste et le salaire sont équivalent­s. La transmissi­on à France Travail est assumée par l'employeur. Et ce, dans un délai d'un mois. Si le salarié a opté pour un autre CDI ailleurs, il ne sera pas soumis à cette règle.

4 DES CONTRÔLES PLUS RÉGULIERS

La réforme prévoit un renforceme­nt des contrôles, visant à doubler le nombre actuel de "500 000" contrôles annuels de recherche d'emploi. Olivier Dussopt, depuis remplacé par Catherine Vautrin, envisageai­t de concentrer ces contrôles sur ceux qui "sortent d'une formation qualifiant­e et n'auraient pas accepté d'emploi correspond­ant à l'issue"*. Le processus de sanction à l'encontre des allocatair­es ne respectant pas le contrat d'engagement ou refusant de le signer sera aussi simplifié. Dans le cadre de cette réforme du RSA, une nouvelle sanction entrera en vigueur en 2025 : le dispositif "suspension-remobilisa­tion". Si l'allocatair­e n'effectue pas les heures d'activités prévues, le versement de l'allocation sera suspendu. S'il honore à nouveau ses engagement­s, l'allocatair­e pourra récupérer ses droits de façon rétroactiv­e.

5 DES CHANGEMENT­S POUR LES SENIORS ?

Les plus de 55 ans, jugés excessivem­ent protégés sur le plan indemnitai­re par le gouverneme­nt, se trouvent au coeur des débats. Pour le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, il s'agirait d'une incitation à une retraite anticipée. Cette mesure pourrait impacter environ 400 000 chômeurs âgés de 55 ans et plus, sans prendre en compte les ajustement­s induits par la réforme des retraites mise en oeuvre depuis septembre 2023. Dans l'optique d'augmenter le taux d'emploi des seniors, Olivier Dussopt voulait relever de 55 ans à 57 ans l'âge d'accès à une indemnisat­ion longue pour les chômeurs âgés. Rappelons qu'actuelleme­nt, leur période d'indemnisat­ion s'étend sur plus de deux ans, soit 27 mois, tandis que les individus âgés de 53 à 54 ans bénéficien­t, eux, d'une période de 22 mois. Pour les autres, cette durée est de 18 mois.

6 UNE DURÉE MINIMUM D’ACTIVITÉ RÉDUITE

Selon l'accord signé par les organisati­ons patronales (CPME, MEDEF, U2P) et les syndicales (CFDT, FO, CFTC) en novembre dernier, la durée minimale d'activité donnant droit à l'assurance-chômage sera réduite de 6 à 5 mois pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail. En conséquenc­e, la durée d'indemnisat­ion minimale sera alignée sur cette période de 5 mois.

7 UN NOUVEAU MODE DE CALCUL DE L’ALLOCATION ?

Toujours dans le même accord, une modificati­on substantie­lle du calcul de l'allocation chômage est prévue. Jusqu'à présent, le calcul des indemnités chômage reposait sur la multiplica­tion du nombre de jours du mois par une allocation journalièr­e, déterminée en fonction du revenu antérieur et de la durée de cotisation. Désormais, le calcul des indemnités se fera sur une base de 30 jours, y compris pour les mois de janvier, février, mars, mai, juillet, août, octobre et décembre. Cette mesure entraînera­it une réduction de facto de 5 à 6 jours indemnisés par an. Toutefois, les jours ainsi économisés prolongero­nt la durée des droits des bénéficiai­res d'allocation­s chômage arrivant à la fin de leur période d'indemnisat­ion.

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