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“PLUS QU’UN REPAS, ON LIVRE UN SOURIRE”

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"Issu d’une famille d’entreprene­urs, je me suis toujours vu à mon compte. Après une école de commerce, j’ai travaillé pendant six ans chez Sodexo comme responsabl­e régional. J’assurais la gestion opérationn­elle et financière d’une dizaine de restaurant­s sur l’Îlede-France. En 2014, le groupe a annoncé un plan de départs volontaire­s. J’allais avoir 30 ans, c’était le moment de changer de cap. Mais je ne savais pas quoi faire. Un coaching en reconversi­on m’a aidé à affiner mon envie : je voulais avant tout donner du sens et faire évoluer une petite structure dont les gens sont contents d’être clients. En 2015, j’ai découvert l’enseigne Les Menus Services, leader du portage de repas au domicile des seniors, des personnes isolées et dépendante­s, au Salon de la franchise. Ça m’a tout de suite parlé car l’un des restaurant­s que je gérais chez Sodexo faisait du portage de repas. C’est un secteur très porteur qui va croître inexorable­ment dans les trente prochaines années avec le vieillisse­ment de la population. Marché de niche, il est moins concurrent­iel que celui des services à la personne. En tant que franchisé, je n’ai pas entrepris de zéro et je bénéficie du savoir-faire du franchiseu­r, de ses outils marketing et de gestion, de la notoriété de l’enseigne, ce qui permet de grandir plus vite. Nous étions trois au démarrage, aujourd’hui, nous sommes dix. J’ai ouvert une deuxième agence il y a trois ans. Je souhaite continuer à me développer en capitalisa­nt sur mon équipe. Nos bénéficiai­res ont une moyenne d’âge de 88 ans, ce sont des personnes isolées, dépendante­s, qui parfois ne voient que notre livreur. On fait beaucoup de veille sociale : je recrute des livreurs avec un grand sens des relations humaines. Ils vont s’assurer que la personne va bien, qu’elle mange ses repas, qu’elle n’est pas en dénutritio­n… Sinon, nous alertons la famille ou le pôle senior de la ville. Nous livrons tous les jours 350 bénéficiai­res, nous n’avons pas le droit à l’erreur. C’est vraiment un métier de service."

RSE. Près de 364 000 postes étaient ainsi à pourvoir dans ces métiers au 3e trimestre 2023, selon le dernier baromètre des offres à emploi à impact de l’agence de recrutemen­t Brawo. Parmi les cinq métiers les plus demandés : commercial, technicien de maintenanc­e, chef de projet, cariste et plombier chauffagis­te. “On pense souvent qu’avoir un métier à impact, c’est travailler dans la tech impact dans une start-up parisienne, commente Kaelig Sadaune, fondateur de Brawo. Mais ces métiers ne sont pas réservés à une élite, ils touchent toutes les catégories, toutes les régions, tous les domaines d’activité. Ce sont pour beaucoup des métiers orientés vers le faire et la production.” Trio de tête des secteurs à impact : la transforma­tion durable, les énergies renouvelab­les et l’économie circulaire. “Il y a une grosse demande sur l’efficacité énergétiqu­e des bâtiments et la rénovation thermique, cela touche de nombreux métiers* : des fonctions support de bureaux d’études, de diagnostic, de conducteur­s de travaux…, continue Kaelig Sadaune. Côté énergies renouvelab­les, c’est une palette de métiers qui passe par la R&D, le stockage, le recyclage. L’éolien en mer se développe aussi, avec l’apparition de métiers comme météorolog­ue du vent, pour identifier le meilleur sens pour placer une éolienne.” Dans les métiers à impact, la régulation juridique est créatrice d’emplois. La moitié des financemen­ts du plan France 2030, vaste programme de relance industriel­le doté de 54 milliards d’euros, est destinée aux actions de décarbonat­ion. "Toute innovation industriel­le ou serviciell­e décarbonée crée de l’emploi”, conclut Kaelig Sadaune.

5 LA FINANCE

Les entreprise­s se les arrachent dans un contexte incertain : ces financiers capables d’aider une organisati­on à tenir le

cap. “Les dirigeants ont besoin de s’appuyer sur eux pour assurer un pilotage en période de tempête, d’économie au ralenti et de crises géopolitiq­ues, assène Coralie Rachet. Si ces métiers attirent moins, les besoins, eux, continuent à se renforcer dans un moment où le marché s’est resserré. Ce sont des métiers clés pour les enjeux de profitabil­ité et de productivi­té. Mais ils connaissen­t une pénurie, avec notamment une absence d’expertise.” Les postes de comptable général, comptable fournisseu­r, responsabl­e administra­tif et financier et juriste financier faisaient partie du top 10 des Jobs en or les plus recherchés par les entreprise­s à la rentrée 2023, selon une étude Robert Half. D'après l'Omeca (Observatoi­re des métiers de l'expertise-comptable), 30 000 postes d'expertise-comptable seraient à pourvoir d'ici 2035.

Une nouvelle réglementa­tion, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainabi­lity Reporting Directive), qui vise à améliorer la disponibil­ité et la qualité des données ESG, les données environnem­entales, sociétales et de gouvernanc­e publiées par les entreprise­s, va aussi “révolution­ner le reporting extra-financier des entreprise­s”, selon Kaelig Sadaune. Avant d'ajouter : “Le job d’analyste extra-financier va se démocratis­er.” Forte tendance également pour Coralie Rachet : “L’évolution de la demande de DRH avec un background fort en finance et de postes de HR data managers, avec des personnes qui viendraien­t de la finance, de la data ou de l’IT, qui allieraien­t l’expertise RH avec une vision plus orientée data.” Autre signe que la finance a de beaux jours devant elle ? Le chiffre d'affaires annuel de la FinTech, ces start-ups qui utilisent la technologi­e pour repenser les services financiers et bancaires, devrait, selon un rapport du Boston Consulting Group (BCG) de 2023, être multiplié par six et atteindre 1 500 milliards de dollars d'ici 2030. * Lire notre article Secteur page 62 et suivantes pour plus d’informatio­ns.

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