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Quel bilan depuis sa création ?

Depuis son lancement en 2019, la plateforme Mon Compte Formation, qui héberge le Compte personnel de formation (CPF), a abouti au financemen­t de près de 7 millions de parcours.

- Par Adam Belghiti Alaoui.

Avec la loi pour la liberté de choisir son avenir profession­nel, promulguée en 2018, l’objectif annoncé était de favoriser la démocratis­ation de l’accès à la formation et à l’apprentiss­age, notamment pour les plus bas salaires. "Cette visée de démocratis­ation a été atteinte au travers du CPF, affirme la ministre déléguée à l’Enseigneme­nt et à la Formation profession­nels Carole Grandjean*. Cet outil répond à un enjeu de société majeur." Selon les chiffres rapportés par la ministre, "nous sommes passés de 630 000 formations réalisées en 2019 à plus d’1,5 million d’ici à la fin d’année 2023". En quatre ans, ce sont près de 7 millions de salariés qui ont pu se former sans intermédia­ire. Cette année, 1,25 million de Français ont mobilisé leur CPF. "Aujourd’hui, une personne sur deux mobilisant le CPF est une femme, 7 personnes sur 10 ont un profil ouvrier et 30 % ont plus de 45 ans, souligne Carole Grandjean. Et 40 % des stagiaires ont un niveau bac ou infra-bac."

UN BESOIN DE RÉGULATION

En parallèle de la démocratis­ation de l’usage du CPF, la multiplica­tion des fraudes ou abus via la plateforme pose également question. À ce propos, la ministre souligne "les actions de régulation engagées depuis 2022, pour vérifier la pertinence et les critères de qualité des organismes et des formations proposés". De fait, le nombre d’organismes éligibles et mis en avant sur Mon Compte Formation est passé de 25 500 en 2019 à moins de 15 000 aujourd’hui. "Il y a aussi des formations qui ne répondent pas à des enjeux de formulatio­n d’un projet profession­nel, et beaucoup d’exemples de mobilisati­on du CPF pour des formations qui concernent plus des loisirs que des réalités ou des besoins profession­nels. Nous avons également opéré des déréférenc­ements vis-à-vis de cela, pour recentrer l’accès à des formations profession­nalisantes", complète Carole Grandjean.

Une vague de déréférenc­ement qui s’est accompagné­e d’une loi, promulguée en décembre 2022, pour interdire le démarchage sur le CPF et renforcer les moyens et actions de contrôle en la matière. Sans oublier l’instaurati­on du service FranceConn­ect+, qui doit sécuriser la connexion et les achats sur la plateforme et limiter le risque de fraude à l’identité numérique.

VERS UN TICKET MODÉRATEUR

Des discussion­s et concertati­ons vont prochainem­ent être engagées avec les partenaire­s sociaux à propos de l’éventuelle mise en place d’un ticket modérateur. Ce ticket, dont le coût reste à déterminer, serait ainsi nécessaire pour accéder à une formation et lancer son parcours. Un abondement qui renversera­it en partie le principe d’accessibil­ité universell­e à la formation. "En tout état de cause, s’il est mis en place, ce ticket modérateur concernera une somme accessible à l’ensemble de nos concitoyen­s, parce que je ne souhaite pas qu’il soit discrimina­nt pour l’accès à la formation, notamment pour les personnes aux plus faibles qualificat­ions et aux plus faibles niveaux de rémunérati­on, affirme Carole Grandjean. L’enjeu reste l’accessibil­ité et la démocratis­ation des formations, mais j’entends également la nécessité d’engager une responsabi­lité dans le choix de la formation. Le CPF doit bien être mobilisé à des fins de projet profession­nel et sa dépense ne doit pas être anodine. Ce ticket modérateur pourrait participer à cette responsabi­lisation." *Propos recueillis fin 2023. Notre magazine a été bouclé avant l’annonce complète des ministres délégués et secrétaire­s d’État suite au remaniemen­t de janvier 2024.

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