Manger local dans la capitale
Les produits du terroir francilien sont enfin accessibles ! Notre enquête pour aller plus loin dans la proximité
Producteurs, magasins, restaurants, sites web... Si les produits du terroir francilien ont longtemps été au menu d'une poignée de bobos, ils s'offrent aujourd'hui au plus grand nombre. Régal a pris son bâton de pèlerin en quête des meilleures adresses pour bien se nourrir sans aller loin. Le local entre en Seine !
CHANGER SES HABITUDES : DE L'ENVIE À L'ACTION
L'arme la plus simple contre le changement climatique : notre assiette. Mettre le local au menu, c’est le thème de l’actuelle campagne de l’association Slow Food pour inciter les consommateurs du monde entier à manger responsable. Le but : réduire nos émissions de CO2 dont 30 % sont liées à la production alimentaire. Certes, certains supermarchés mettent en avant quelques productions locales, mais seul 1 Français sur 5 déclare privilégier les produits locaux en faisant ses courses : vouloir manger au plus près de chez soi implique de changer ses habitudes. À Paris, le succès des paniers Amap et autres Ruche-qui-dit-Oui démontre l’envie des citadins de manger bon et sain, en limitant son impact environnemental. Adrien Sicsic, le créateur du site Comptoir local, qui livre à domicile des produits alimentaires d’Ile-deFrance, a observé l’évolution : « En deux ans d’existence, nous sommes passés à plus de 600 commandes hebdomadaires, avec des foyers qui se fournissent deux fois par semaine chez nous, et une bonne centaine d’archi-fidèles que l’on peut considérer comme très engagés dans la démarche locavore. » À côté de la vente directe chez le producteur (pratiquée par 800 fermes franciliennes), épiceries et points de vente se sont développés ces dernières années, avec des zones de chalandise très variables.
LE GOÛT EST-IL AU RENDEZ-VOUS ?
En Ile-de-France, difficile de tout concilier : même si la région est constituée à 48 % de terres agricoles, la grande majorité repose sur la culture intensive céréalière. Le maraîchage bio est bien plus développé que la production de viandes et de produits laitiers bio. Toutefois Adrien Sicsic constate un vrai changement : de nouveaux producteurs de légumes s’installent, parfois à mi-temps, en conservant une autre activité en complément, et des producteurs conventionnels basculent peu à peu : « La dynamique est bonne et, certains en permaculture ou en agriculture raisonnée, ont d’excellentes pratiques, sans label. »
C’est pourquoi le lien avec les consommateurs est crucial : « Les gens sont convaincus que c’est bon de manger local et de saison, mais entre les convictions et les pulsions, il y a un pas à franchir, surtout en hiver. » Pour David Rigout (100 Bornes à la ronde), il ne s’agit pas d’être un « intégriste du local » car « si les gens viennent ici par curiosité, ils reviennent parce qu’ils sont contents de leurs achats. Il faut qu’ils viennent par conviction et qu’ensuite ils l’oublient : c’est un vrai magasin, où les produits sont bons et les prix corrects ». C’est aussi l’occasion d’informer les clients des dates d’arrivées des produits (difficile d’attendre les fraises ou les tomates quand on en voit partout venues d’Espagne), d’échanger les recettes pour accompagner choux et betteraves qui monopolisent les rayons l’hiver, de retrouver le plaisir de partager à plus petite échelle. Bref, des relations humaines et directes, qui font tout le sel de la consommation locale.