Regal

ET CHAKCHOUKA

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UN KEBAB MULTINATIO­NAL

En contrebas du rocher, sur le quai de l’ancien port qui accueillit jadis les Croisés, les entrepôts des dockers sont pris d’assaut par des bars et des restaurant­s qui ne durent souvent que le temps d’une saison. Dans la rue Yeffet, Saïd Abouelafia, lui, n’est pas près de raccrocher son enseigne. Sa famille est dans la boulange depuis 1879, et la braise des fours à pain ne s’arrête jamais. Nuit et jour, on vient acheter ses pitas nature ou parfumées au zaatar. Le boulanger israélo-arabe est connu dans toute la ville et célébré sur les réseaux sociaux depuis qu’il oeuvre, à sa manière, pour la paix. Dans la boulangeri­e ouverte sur la rue, les employés portent un t-shirt avec l’inscriptio­n « Les juifs et les arabes ne sont pas ennemis. » Les rues du vieux Jaffa sont pavées de restaurant­s ouverts par les immigrés de la vieille Europe et surtout de l’Afrique du Nord. Après 1948, beaucoup ont débarqué à Jaffa. Chez Bino Gapso, la viande des shawarma tourne sur la broche et dans la poêle, la chakchouka a des parfums de Tripoli. La famille du patron, une sorte de légende dans le quartier, est originaire de Lybie. L’adresse, avec ses vieilles casseroles pendues au plafond, est trop touristiqu­e pour les blogueurs de passage. Il n’empêche, la citronnade servie frappée fait son effet et les viandes grillées d’agneau et de boeuf mêlés, parfumées à la cardamome, feraient relever plus d’un carnivore la nuit. « Comme c’est casher, jour de shabbat, on ne désemplit pas jusqu’au coucher du soleil », explique Bino Gapso. Casher ou pas, shabbat ou pas, après quelques heures, seulement passées dans la capitale israélienn­e, le voyageur comprend surtout qu’il va séjourner longtemps à table.

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