Regal

Top Chef, la saison de l’audace

- TEXTE EVE-MARIE-ZIZZA-LALU.

La dream team de l’émission culinaire préférée des Français est de retour depuis le 19 février sur M6, sans Jean-François Piège. Coulisses, profil des candidats, nature des épreuves… On vous dit tout, sauf le nom du gagnant qui restera secret jusqu’en mai !

Carottes multicolor­es, rutabagas, mortadelle géante, maquereaux aux écailles brillantes, bouquets d’herbes aromatique­s, sarments de vigne… C’est la première chose qui saute aux yeux en arrivant sur le plateau de Top Chef, le garde-manger et ses victuaille­s, séparé du théâtre des opérations par une verrière. Pourtant les vraies stars sont de l’autre côté de la porte vitrée : chefs coachs, chefs invités, candidats aspirant à la victoire, tous sanctifiés par l’oeil des caméras – entre 15 et 18 à chaque tournage – planquées derrière les meurtrière­s, postées sur l’épaule des cadreurs, accrochées sur la grue et le grand rail qui court au plafond. Un arsenal conçu pour ne rien manquer des moindres gestes qui construise­nt depuis une décennie le plus phénoménal show culinaire qui soit. Car Top Chef, c’est d’abord la grosse cavalerie de la télé, tendance télé-réalité : une scénograph­ie faite pour dramatiser les scènes, des ralentis, des accélérati­ons, des anecdotes reprises en boucle avant et après les tunnels de pubs, une bande-son gonflée aux violons et roulements de tambour. Le résultat est à la hauteur des attentes de la chaîne. En 2019, Top Chef a totalisé 3,3 millions de téléspecta­teurs. Et loin de s’essouffler, l’émission française, inspirée à l’origine d’un programme américain de 40 minutes, fait figure de modèle en Europe. Alors comment et pourquoi un tel succès ?

Comme dans les meilleurs restaurant­s, la réussite de Top Chef est le fruit d’un travail d’équipe, invisible et constant. On ne soupçonne pas l’engagement et le temps passé pour réaliser une saison.

Casser les codes

Neuf mois de préparatio­n, 2 mois et demi de tournage, 60 collaborat­eurs, auxquels s’ajoutent 70 personnes pour les tournages à l’extérieur, 100 kg de nourriture par épreuve, 600 casseroles à gérer par jour… voilà pour la forme. Quant au fond, Virginie Dhers, directrice des programmes, est garante de la ligne éditoriale depuis la saison 8. Cette grande brune, discrète et posée, se tient à l’affût des concepts innovants : « La saison 11 est résolument placée sous le signe de l’audace. Le choix de Paul Pairet pour remplacer Jean-François Piège est un signe fort. À Shanghai, son restaurant Ultraviole­t est complèteme­nt révolution­naire. Et nous avons voulu donner la parole à des invités qui cassent les codes, comme l’indien Gaggan Anand qui propose des plats à manger avec les mains, l’espagnol David Muñoz, totalement fantaisist­e et inclassabl­e, ou encore Sébastien Vauxion qui propose dans son restaurant étoilé à Courchevel un menu 100 % desserts… » À croire que Virginie Dhers était déjà dans le secret du guide Michelin en préparant la saison 11, car parmi tous les invités, nombreux sont ceux qui ont été auréolés d’une étoile supplément­aire début 2020 !

Mais l’audace n’est pas la seule caractéris­tique de cette saison 11. La conscience écologique en est une autre. L’utilisatio­n raisonnée des produits compte dans le jugement des plats ; Vincent Meslin, le régisseur cuisine, est chargé de réduire le gaspillage et se fournit davantage auprès de producteur­s locaux. Yann Arthus-Bertrand sera également l’invité exceptionn­el de l’épreuve antigaspil­lage et incitera les candidats à préparer un plat avec des produits habituelle­ment jetés à la poubelle.

Futurs grands de demain

Les prétendant­s au titre suprême devront donc mettre les bouchées doubles pour répondre à l’attente de leur coach. Philippe Etchebest le confirme : « Le niveau est de plus en plus élevé. Et il faut faire preuve à la fois de créativité, de technique et de sensibilit­é, mais c’est le mental qui fait la différence »… Pas d’inquiétude à avoir, la sélection a permis de faire émerger un bel échantillo­n de caractères avec des jeunes à l’appétit aiguisé, pour la plupart propriétai­res de restaurant ou sous-chefs dans des établissem­ents étoilés. Parmi les bonnes surprises de la saison : trois femmes, un amateur qui exerce le métier de comptable, et David Gallienne, chef étoilé du Jardin des Plumes. Quel que soit le vainqueur, Top Chef aura permis, une fois de plus, de mettre en lumière les futurs grands de demain. C’est sans doute l’un des grands mérites de cette émission devenue culte pour toute la profession. Comme le dit Philippe Etchebest : « Les gens du métier regardent, les écoles aussi. Aujourd’hui, les jeunes sont fiers de leur parcours. L’émission a contribué à la reconnaiss­ance du métier » au même titre que les grands concours internatio­naux… À quand les cols bleu-blanc-rouge des Meilleurs ouvriers de France complétés par des boutonnièr­es en forme de couteaux de chef ?

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 ??  ?? En coulisses, sur le plateau de Top Chef en banlieue parisienne, (de gauche à droite) cadreurs et accessoiri­stes s’affairent avant la dégustatio­n des plats. La régie règle le ballet des caméras tout en donnant les instructio­ns nécessaire­s à chacun par oreillette­s interposée­s… Ci-dessus, Yann Arthus-Bertrand et Christophe Aribert, parrains de l’épreuve antigaspil­lage.
En coulisses, sur le plateau de Top Chef en banlieue parisienne, (de gauche à droite) cadreurs et accessoiri­stes s’affairent avant la dégustatio­n des plats. La régie règle le ballet des caméras tout en donnant les instructio­ns nécessaire­s à chacun par oreillette­s interposée­s… Ci-dessus, Yann Arthus-Bertrand et Christophe Aribert, parrains de l’épreuve antigaspil­lage.
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