DU CHOCOLAT DANS LES ROUAGES
En s’installant volontairement dans une commune assoupie, Marie Boudouard entend conjuguer lien social, commerce équitable, zéro déchet, santé par les plantes… et délicieux chocolats.
Lecteurs bretons, ou vacanciers dans le Finistère, guettez l’ouverture. Celle de la boutique Marie et la Chocolaterie, ce printemps à Plomodiern, entre Quimper et la presqu’île de Crozon. Une petite commune un peu endormie, ce qui a justement motivé Marie Boudouard. La jeune Auvergnate a eu « un coup de coeur pour cette ville dont on sent qu’elle a été très vivante et qu’il faudrait peu de choses pour lui redonner de l’animation ». Arrivée un peu par hasard en Bretagne, « parce que c’est au bout du monde et que j’aime les extrêmes », cette chocolatière a tout de suite eu envie de s’y installer. À 31 ans, Marie a déjà eu plusieurs vies : chargée de mission au ministère de la Marine, sur le porte-avions Charles-de-Gaulle ou en Irak ; travailleuse humanitaire, notamment pour Médecins sans frontières ; élève appliquée du CAP chocolatier-confiseur, aux côtés des Meilleurs ouvriers de France Christophe Rhedon et Serge Granger… Elle a de qui tenir : son père, Philippe, Compagnon du devoir, est un pâtissier-chocolatier reconnu dans l’Allier. « Mais à 16 ans, jamais de la vie je n’aurais voulu faire le métier de mes parents ! » Lorsqu’elle s’est décidée à embrasser ce métier, elle l’a démarré par un chemin de traverse : au volant d’une caravane ! « Ça m’a pris après le premier confinement. J’ai eu envie d’aller au-devant des gens, de créer du lien. J’ai fait aménager ma vieille caravane en foodtruck, et je suis partie vendre mes chocolats et mes gâteaux sur les marchés de producteurs et sur la plage de Lestrevet. Mais sans le gaspillage de la vente à emporter : j’essaye de convaincre les gens de boire leur chocolat ou leur jus dans des verres que je lave sur place, par exemple, pas dans des gobelets en carton. » Elle espère bien pouvoir continuer cette vente itinérante le dimanche, même après l’ouverture de sa boutique-salon de thé rue de Pennalé. « C’est important pour créer une dynamique entre la plage et le bourg ; l’idée, c’est d’attirer vers les commerces du centre-ville. » Pour aller plus loin, elle compte accueillir dans son atelier « les enfants des écoles, les salariés handicapés de l’Esat, les personnes âgées… »
QUAND LE BON FAIT DU BIEN En attendant la fin des travaux (pour Pâques, si tout va bien), elle propose ses douceurs à La Crémaillère, le café-culture de la commune. À tous ses clients, elle raconte l’origine du cacao qu’elle travaille, les communautés d’agriculteurs avec qui elle a vécu pendant plusieurs mois au Pérou et en Équateur. Un circuit court malgré la distance, et la garantie que les producteurs soient payés à un prix décent, « avec un vrai respect de leur droit à la terre, de leur identité culturelle et de leurs savoir-faire ancestraux ». Elle explique aussi les bienfaits des plantes qu’elle cultive, cueille ou achète pour ses tisanes ou ses bonbons de chocolat. Olivier Bellin, propriétaire et chef deux étoiles de L’Auberge des Glazicks à Plomodiern, ne s’y est pas trompé en lui proposant à la location le commerce où elle va s’installer. Aussi convaincu par la démarche de Marie que par la qualité de ses chocolats ■
« Le droit à la terre, l’identité culturelle, les savoir-faire ancestraux : je veux mettre tout ça dans mes chocolats. »