Regal

Cyril Attrazic pour l’amour de la bonne viande

Rencontre avec le chef étoilé d’Aumont-Aubrac. Sa vision d’une cuisine à la fois carnivore et écorespons­able rend un hommage sincère à son terroir et à la viande d’Aubrac.

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La façade du restaurant de Cyril Attrazic arbore une photo de famille grand format. Un hommage à ses aïeuls, qui, voilà près de 100 ans, démarrèren­t l’aventure familiale à Aumont-Aubrac. Linette, Camillou… des figures qui continuent de vivre à travers les noms des différents établissem­ents qui se regardent d’un côté et de l’autre de la route du Languedoc. Quatrième génération de restaurate­urs, Cyril Attrazic a prolongé la vocation familiale en créant un restaurant gastronomi­que qui porte son nom. Un nom sur lequel brille une étoile Michelin. « J’ai toujours été amoureux de ma maison, je savais que je reviendrai­s ici », raconte le quarantena­ire. Après une formation à l’école supérieure Ferrandi à Paris, il intègre la brigade d’Alain Ducasse. « Je n’ai pas beaucoup bourlingué à l’étranger », tout juste une année passée à Londres et très vite, il revient aux sources. Il faut dire qu’à la fin des années 90, l’Aubrac est en train de prendre un tournant. « Michel a fait un travail formidable à Laguiole, il l’a rendu attractif. » Michel, c’est Michel Bras, l’immense chef qui a révélé ce territoire en voie de désertific­ation aux gastronome­s. Avec son aura mondiale, il a ouvert les montagnes lunaires de l’Aubrac à une clientèle pointue. C’est dans ses cuisines que Cyril Attrazic atterrit, au retour

de Londres. Il y consolide sa formation, apprend à travailler les légumes, les jeunes pousses et les fleurs qui composent le fameux « gargouillo­u » de Michel Bras. Puis il rentre à Aumont-Aubrac. Le jeune homme forge alors sa propre identité culinaire. Son produit fétiche est vite trouvé : le boeuf! Tant pis si la tendance est à la cuisine végétale. Il revendique une cuisine de viande. « On est très fiers de la race Aubrac », clame-t-il. « Les éleveurs ont énormément de respect pour leurs animaux. Ce sont de toutes petites exploitati­ons. Ils font ça avec passion, ils connaissen­t leurs bêtes par coeur.» Ici, viande rouge rime avec éthique et écorespons­abilité. Pour manger de façon responsabl­e, Cyril Attrazic défend une consommati­on intelligen­te. Il faut s’intéresser au terroir. S’il y a bien un endroit au monde où les gens peuvent manger de la viande les yeux fermés, c’est ici. Ce produit d’excellence réconcilie tout le monde, et ferait même vaciller certains végétarien­s !

Qui tue un boeuf mange un boeuf Cyril Attrazic tient à valoriser toutes les viandes, depuis les abats jusqu’aux pièces de première catégorie. Pour cela, il achète uniquement des bêtes entières sur carcasse. Une démarche rare car elle exige du chef davantage de travail et de créativité. « Aujourd’hui,

 ?? ?? L’Aubrac a longtemps été pauvre.
« Dans les familles nombreuses, il y avait un enfant qui gardait l’exploitati­on, et souvent, un autre qui se sacrifiait en partant travailler à Paris. »
Ces Auvergnats de Paris connus sous le nom de bougnats formaient une communauté très soudée, qui est devenue influente dans le monde de la restaurati­on. Certains ont bien réussi leur vie, tenant des cafés et brasseries prestigieu­ses : le Lipp, le Café de Flore, Les Deux Magots… et bien d’autres.
L’Aubrac a longtemps été pauvre. « Dans les familles nombreuses, il y avait un enfant qui gardait l’exploitati­on, et souvent, un autre qui se sacrifiait en partant travailler à Paris. » Ces Auvergnats de Paris connus sous le nom de bougnats formaient une communauté très soudée, qui est devenue influente dans le monde de la restaurati­on. Certains ont bien réussi leur vie, tenant des cafés et brasseries prestigieu­ses : le Lipp, le Café de Flore, Les Deux Magots… et bien d’autres.
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