L’univers des Beler, passeurs de terroir
Vignerons, éleveurs, boulangers, brasseurs, cidriculteurs, épiciers et peut-être bientôt boulangers… Victorine et Oronce de Beler ont tout quitté pour se lancer dans une polyculture à taille humaine. Touche-à-tout inspirés, ils redonnent du sel et du sens au métier de paysan.
Un jour, on fera du pain», affirme Oronce de Beler… Comme si lui et son épouse Victorine n’en avaient déjà pas assez sur la planche. Dans le genre « difficile à faire rentrer dans les cases », le couple se pose là. Sous le nom La Maison Romane et de Nova Villa, dont le camp de base est fixé à Nuits-Saint-Georges, ils font du vin via l’achat de raisins – c’est d’ailleurs le vin qui a amené Oronce à s’installer dans le coin. Ils élèvent également des vaches, des cochons corses et mangalica d’Europe de l’Est et des poules de races anciennes comme les gauloises dorées ou les coucous de Rennes, dont ils vendent les oeufs au marché.
Aux portes de la ville Ah oui, ils font du cidre et inventent leurs propres bières à partir, chose rare, de leurs propres levures. « On fait plein de petites choses et c’est parce qu’on
les fait à cette échelle-là qu’on peut les faire bien », dit Oronce. Paysan, brasseur, éleveur, vinificateur, le bonhomme a la curiosité en bandoulière et l’audace de la satisfaire en multipliant les expériences. «Avec la bière, on s’éclate en ce moment »… À leur univers brassicole, ils viennent d’ajouter la collection « Mousses sauvages », assemblage en barriques de bières et de raisins d’aligoté, de gamay et de pinot noir. Du jamais vu-jamais bu, et surtout une franche réussite, bulle fine et très pure expression aromatique. Touche-à-tout, Victorine et Oronce ont pour autant les pieds bien ancrés dans le sol et les convictions chevillées au corps, en faveur d’une agriculture respectueuse de l’environnement, des hommes et des animaux, d’une paysannerie vertueuse à mille lieues des canons de l’intensif et des excès de la standardisation. Lors de notre prochaine visite, ils auront peut-être ajouté la corde boulangère à leur arc ■