Jérôme Bargas
Dans la prud’homie, nous devons respecter les règles et les principes que nous ont transmis les anciens.
À la Seyne-sur-Mer, Jérôme Bargas est le prud’homme major, élu par ses pairs. Ce système de corporation de pêcheurs puise ses origines à Marseille au XIVe siècle : une gestion solidaire de la pêche et de la mer, propre à la côte méditerranéenne. On compte 37 prud’homies de Menton à Saint-Cyprien.
Comment s’explique cette organisation collective spécifique à la Méditerranée ? Jérôme Bargas : Notre mer est beaucoup moins grande que l’Atlantique. Il en va donc de même pour nos territoires de pêche. C’est pourquoi, les anciens ont eu l’intelligence de s’organiser pour mettre en place des règles afin que tous les pêcheurs puissent avoir accès au poisson sans mettre en péril la ressource. C’est un partage respectueux de la zone.
Il existe pourtant des règles de l’Union européenne pour gérer la pêche ? Nos règles sont plus restrictives. Par exemple, l’Europe ne dit rien sur les dates de début et de fin de la pêche à la langouste ou sur la taille de la maille du filet pour la pêche à la daurade. Dans notre prud’homie, nous avons mis des restrictions sur tous ces sujets. Chaque pêcheur qui vient pêcher dans notre zone doit les respecter sous peine d’un avertissement, voire d’une sanction s’il persiste dans son erreur. En dernier recours, les affaires maritimes qui supervisent les prud’homies interviennent.
Vous mettez en place des postes à filet, de quoi s’agit-il? C’est typiquement un système de gestion intelligente de la ressource. Pour éviter que les pêcheurs se précipitent en même temps pour jeter leur filet, on définit des postes, et on tire au hasard pour désigner qui peut aller pêcher à cet endroit. Une fois que le poste est libéré, un autre pêcheur peut prendre la place.