UN FESTIN AU COEUR DE LA « CAMARGUE ITALIENNE »
L’oléotourisme nous invite à goûter l’huile d’olive au moulin tout en explorant les richesses du terroir. Retour aux sources de la cuisine étrusque, dans cette zone que l’on appelle « la Maremme », une ancienne région marécageuse qui a des airs de petite
En Italie, l’huile d’olive est une respiration naturelle autant qu’une affaire familiale. Toutes les familles qui possèdent un peu de terrain ont des oliviers et font presser leurs olives au moulin de la coopérative voisine pour leur consommation personnelle. Cette culture, indissociable du terroir, a incité le sénateur Dario Stefano à présenter une loi en faveur de l’oléotourisme en janvier 2020. «C’est le principe de l’oenotourisme appliqué à l’huile d’olive, commente Marina Gioacchini. Nous avons une très ancienne route de l’huile d’olive qui passe par Canino, à une vingtaine de kilomètres d’ici. J’aimerais que mon exploitation soit le point de départ ou l’étape d’un parcours plus vaste dédié à la découverte de la région de la Tuscia, culturellement très riche. » La Tuscia? C’est tout simplement le berceau des Étrusques, Tusci en Italien, qui vivaient dans le Latium au IXe siècle avant J. C., bien avant l’arrivée des Romains. Les vestiges de cette civilisation surgissent un peu partout, de Tuscania à Tarquinia, première cité étrusque. Éclipsée par la Toscane, au nord et par Rome, au sud, la province de Viterbe (l’une des cinq provinces du Latium) a le charme des trésors cachés: les touristes étrangers la boudent, tant mieux pour les initiés… En trois jours, Marina Gioacchini nous a embarqués dans un formidable voyage culinaire : raviolis façonnés à la main par Vittoria Tassoni, mémorables fromages de Tonino Pira, tripes à la romaine mitonnées par Elisa et Francesco Scoccia…
DE L’ACQUACOTTA À L’ANGUILLE FRITE
Vittoria Tassoni est arrivée du marché avec des paniers remplis à ras bord, son rouleau à pâtisserie à la main. Un ustensile dont elle ne se sépare jamais. Elle a lancé trois recettes en même temps, méthodiquement, avec ce plaisir manifeste de découper et de pétrir qui distingue les passionnés de cuisine. Avant de devenir cheffe itinérante, elle était infirmière. Aujourd’hui, avec un master de culture gastronomique en poche, elle tient un blog culinaire (vittoriaincucina.it), anime des émissions de cuisine et dirige des masterclass… «J’ai toujours adoré cuisiner», dit-elle en nous regardant droit dans les yeux, tandis qu’entre ses mains semble surgir sans effort une pâte à la texture parfaite. « Ma mère ne cuisinait pas et ne m’a légué aucune recette. Contrairement à ma grand-mère,