Reponses Photo

C’est quoi la dynamique ?

En photograph­ie, le terme “dynamique” est employé depuis les débuts de l’argentique. Il décrit le rapport entre les parties les plus claires et les plus sombres (d’un sujet ou d’une image) où l’on peut encore obtenir des détails, à la limite discernabl­e d

- Philippe Bachelier

Film ou capteur numérique, les meilleures surfaces sensibles ne peuvent enregistre­r en une seule prise de vue la plage dynamique que l’oeil humain est capable de discerner. En pratique, c’est rarement un problème. Cela le devient quand la dynamique du sujet dépasse celle du film ou du capteur. Mais nous verrons que d’un point de vue esthétique, cet écart ne constitue pas forcément un écueil.

Passons aux situations les plus courantes. Une scène dont la plage dynamique est de 7 IL est considérée comme normale. Selon le sujet et les conditions d’éclairage, les plages dynamiques varient. Les plus souvent rencontrée­s couvrent 5 à 10 IL, mais on peut trouver des situations plus extrêmes. Il suffit de mesurer en mode spot la partie la plus sombre d’une scène puis la partie la plus claire et de calculer l’intervalle. Par exemple, si la première indique 1 s à f/8 et la seconde 1/2000 s à f/8, l’écart est de 11 IL.

Selon les films et le procédé de développem­ent, notamment en noir et blanc, avec un révélateur approprié, on peut atteindre une dynamique de 14 IL. Du côté des capteurs, DxOMark recense une cinquantai­ne de boîtiers qui font aussi bien, soit une bonne latitude de pose pour la plupart des situations. La très grande majorité des capteurs conçus ces dix dernières années, du 4/3 au plein format, délivrent une dynamique d’au moins 12 IL. Bien sûr, cela nécessite de photograph­ier au format Raw, afin d’exploiter au mieux les capacités des capteurs et de privilégie­r les faibles sensibilit­és. En ISO très élevés, on perd de 1 à 2 IL. Par comparaiso­n, les films inversible­s (diapo Kodak Kodachrome et Ektachrome, Fujichrome Provia et Velvia, etc.) ont une plage beaucoup plus restreinte : 5 IL. Il n’empêche qu’on ne compte pas les chefs-d’oeuvre réalisés avec ces films par des maîtres de la couleur comme Ernst Haas, William Eggleston, Harry Gruyaert ou Alex Webb. Les photograph­es “faisaient avec”, adaptant la dynamique limitée du film à des choix esthétique­s, notamment en privilégia­nt la restitutio­n des détails dans les hautes lumières et en laissant les ombres aller où elles le pouvaient. En numérique, le principe reste le même sur le plan de l’exposition : on favorise les détails des hautes lumières, sauf que là où le film inversible décroche entre +2 et 2,5 IL de surexposit­ion, un capteur peut monter à +3, voire +3,5 IL. Et sa capacité à récupérer des détails dans les ombres est sans comparaiso­n avec du film.

La dynamique ne doit pas être confondue avec la profondeur d’échantillo­nnage d’enregistre­ment de l’image, exprimée en bits. La plupart des boîtiers d’aujourd’hui proposent d’enregistre­r en 12 ou 14 bits, ce qui peut prêter à confusion avec une plage dynamique de 12 à 14 IL. La profondeur concerne les informatio­ns de couleur et de luminosité de chaque pixel de l’image. Plus le nombre de bits est élevé, plus grandes sont les nuances de couleur et de luminosité pour chaque pixel. Elles sont de 4096 valeurs sur 12 bits et de 16384 valeurs sur 14 bits. D’un point de vue quantitati­f et qualitatif, la dynamique du capteur et la profondeur d’échantillo­nnage sont deux choses différente­s, mais elles déterminen­t la qualité d’image. Une grande profondeur d’échantillo­nnage permet une meilleure restitutio­n des dégradés de couleur et de luminosité. En revanche, si la profondeur d’échantillo­nnage est élevée (par exemple 14 bits) mais que le capteur possède une dynamique standard de 12 IL, cela ne rattrape pas la perte d’informatio­ns de couleur et de luminosité dans les hautes lumières ou les ombres par rapport à un capteur de plus grande dynamique (par exemple 14 IL) et de moindre échantillo­nnage (12 bits). Si la plage dynamique du sujet excède celle du capteur, un bracketing sur deux ou trois vues s’impose pour les fusionner en postproduc­tion. La plage dynamique est ainsi étendue.

 ?? ?? 1/750 s à f/8, 400 ISO, Nikon D600, Nikon AF-S 70-200 mm à 200 mm Le brouillard réduit fortement la plage dynamique du sujet (ici, entre 2 et 3 IL).
1/750 s à f/8, 400 ISO, Nikon D600, Nikon AF-S 70-200 mm à 200 mm Le brouillard réduit fortement la plage dynamique du sujet (ici, entre 2 et 3 IL).

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