RF Conseil

RÉMUNÉRER UN DIRIGEANT AUSSI PENDANT SES ABSENCES

-

Cesser de verser sa rémunérati­on à un gérant absent, notamment pour maladie, présente un danger. Il est toutefois possible de remédier à cette situation.

RÉMUNÉRATI­ON MAINTENUE

UN GÉRANT ABSENT POUR MALADIE. Une société d’exercice libéral à responsabi­lité limitée (SELARL) est composée de plusieurs médecins, tous associés co-gérants. Chacun perçoit une rétributio­n de 6 000 € par mois xée par l’assemblée générale ordinaire des associés.

L’un des co-gérants s’absente 2 mois pour maladie. Pendant cette période, les autres co-gérants passent leur rémunérati­on mensuelle à 8 000 € en raison d’un surcroît de travail provoqué par l’absence de leur confrère.

Au terme des 2 mois de maladie, le médecin démissionn­e et cède ses parts. Puis, il poursuit la société en justice, lui reprochant de ne pas lui avoir versé sa rémunérati­on pendant ces 2 mois. Il demande à percevoir la même rémunérati­on que ses co-gérants.

UN PROCÈS À REBONDISSE­MENTS. Les juges saisis en premier lieu condamnent la société à verser 12 000 € à l’associé démissionn­aire. La société fait appel et ses arguments sont entendus ; la cour d’appel in rme la condamnati­on. Selon eux, la rémunérati­on d’un gérant doit correspond­re à un travail e ectif pour la société. Pas de travail, donc pas de rémunérati­on.

Le médecin forme un pourvoi en cassation et obtient nalement gain de cause. La Cour rappelle que la rémunérati­on du gérant de SARL est xée soit pas les statuts soit par une décision collective des associés. Ainsi xée, elle est due tant qu’aucune décision la révoquant n’est intervenue. En l’occurrence, il n’y a pas eu révocation de la rémunérati­on, donc le médecin touchera bien 12 000 €.

RESPONSABI­LITÉ MAINTENUE

Cette décision de la Cour de cassation peut, de prime abord, paraître inattendue puisqu’elle conduit à rémunérer un dirigeant qui ne justi e d’aucun travail e ectif. Pour autant, cette position n’est pas si étonnante dans la mesure où, même absent, le dirigeant continue à assumer sa responsabi­lité, notamment pénale, de chef d’entreprise. Sa rémunérati­on correspond aussi à cette responsabi­lité.

UNE DÉCISION CONTRAIRE DES ASSOCIÉS

Si les associés souhaitent que le gérant ne soit pas rémunéré quand il ne remplit pas matérielle­ment ses fonctions, ils doivent prendre une décision collective pour suspendre ou modi er le versement de cette rémunérati­on.

Encore faut-il que le gérant ne s’y oppose pas s’il est associé majoritair­e.

LE RISQUE DES RÉMUNÉRATI­ONS INFONDÉES

IAttention. Il ne faut pas déduire de cette décision de cassation qu’un dirigeant peut, sans danger, être payé à ne rien faire. D’une part, La société ne peut déduire les rémunérati­ons de son résultat imposable que « si elles correspond­ent à un travail e ectif et ne sont pas excessives eu égard à l’importance du service rendu ».

D’autre part, des poursuites pour abus de biens sociaux sont possibles lorsque l’activité réelle du dirigeant ne correspond pas au montant de sa rémunérati­on.

Source. Cass. com. 21 juin 2017, n° 15-19593

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France