RF Conseil

Un locataire pris au piège

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Un propriétai­re consent un bail dérogatoir­e de 4 mois. En fait, le locataire reste 22 mois dans les locaux. Il délivre alors un congé et libère les lieux.

Le propriétai­re ne l’entend pas ainsi. Il assigne le locataire en justice et lui réclame 3 ans de loyers. Il considère que, à l’issue des 4 mois, il s’est opéré un nouveau bail soumis au statut des baux commerciau­x. En conséquenc­e, le locataire est tenu du paiement des loyers jusqu’à l’échéance triennale.

Le locataire se défend en faisant valoir que son bail n’a duré que 22 mois. Puisqu’il n’a pas excédé la durée légale d’un bail dérogatoir­e, il ne peut s’être transformé en nouveau bail soumis au statut des baux commerciau­x.

C’est le propriétai­re qui obtient gain de cause : quelle que soit la durée du bail dérogatoir­e ou du maintien dans les lieux, si le locataire reste et est laissé en possession au-delà du terme contractue­l, il s’opère un nouveau bail. Ce bail soumis au statut des baux commerciau­x est donc de 9 ans, avec possibilit­é pour le locataire de le résilier tous les 3 ans (cass. civ., 3e ch., 8 juin 2017, n° 16-24045).

En pratique, on parle souvent du risque pour le propriétai­re d’un bail dérogatoir­e : s’il n’est pas vigilant, il risque de se retrouver pris dans un bail de 9 ans. L’affaire jugée ici met en évidence le risque d’une telle situation pour le locataire.

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