RF Conseil

Les frais profession­nels du dirigeant de société

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Certains frais engagés par le dirigeant dans le cadre de ses fonctions peuvent lui être remboursés. Rappel des règles à respecter et des précaution­s à prendre pour éviter d’attirer l’attention en cas de contrôle.

Le dirigeant est amené plus que tout autre membre de l’entreprise à prendre en charge de nombreuses dépenses dans l’accompliss­ement de sa mission. Sur la base de notes de frais, il peut en principe en obtenir le remboursem­ent. À certaines conditions, ces frais peuvent être déduits du résultat de l’entreprise et ouvrir droit à déduction de la TVA.

Ces frais représente­nt souvent un poste de dépenses non négligeabl­e qu’il convient de valider avec précision pour des raisons évidentes de bonne maîtrise des coûts. C’est aussi une cible systématiq­ue en cas de contrôle scal ou social. Mettre en place en interne les outils e caces permettant d’anticiper la venue d’un véri cateur s’impose donc car les conséquenc­es

nancières peuvent être particuliè­rement lourdes en cas de redresseme­nts.

Des frais déductible­s pour l’entreprise

Déplacemen­ts, déjeuners au restaurant, cadeaux d’a aires…, ces dépenses constituen­t en principe des charges déductible­s

du résultat imposable de l’entreprise dès lors qu’elles ont été engagées dans l’intérêt direct de l’entreprise et sont e ectivement d’ordre profession­nel. Elles doivent par ailleurs être proportion­nées par rapport à l’importance ou la nature de l’activité et leur montant doit être justi é par la production de tout document original.

DANS L’INTÉRÊT DE L’ENTREPRISE. S’ils sont motivés par le fonctionne­ment de l’entreprise et si leur montant est justi é, les frais profession­nels du dirigeant sont des charges déductible­s.

Comme les autres charges déductible­s, ces frais sont scrutés à la loupe en cas de contrôle scal. Le véri cateur cherchera à remettre en cause cette déductibil­ité si les dépenses ne lui semblent pas nécessaire­s au regard de la gestion de l’entreprise. S’agissant d’une question de fait, tout l’enjeu consiste donc pour l’entreprise à pouvoir démontrer par tout moyen que ces dépenses ont un caractère strictemen­t profession­nel et ne constituen­t pas des dépenses personnell­es du dirigeant. La vigilance est particuliè­rement de mise lorsque les frais sont d’un montant élevé en valeur absolue ou s’ils progressen­t dans une proportion supérieure à celle des béné ces imposables. À noter. Si les frais de déplacemen­t annuels dépassent 15 000 €, ils doivent gurer sur le relevé des frais généraux. Pour les frais de réception (y compris les frais de restaurant) ce seuil est de 6 100 € et de 3 000 € pour les cadeaux.

PREUVE IMPÉRATIVE. Pour pouvoir établir que les dépenses ont été engagées dans l’intérêt direct de l’entreprise, il est indispensa­ble de pouvoir préciser le contexte dans lequel la dépense a été engagée et apporter toutes les preuves matérielle­s nécessaire­s (addition, facture, che…).

Pour les notes de restaurant, il est recommandé de mentionner sur la note de frais le motif, ainsi que l’identité et la qualité des invités a n de démontrer que l’invitation est bien de nature profession­nelle. Pour les frais de déplacemen­t (billets d’avion ou de train, tickets de parking, notes de taxis, factures d’hôtels…), il importe de pouvoir faire valoir le motif (formation, congrès, démarchage de clientèle…) et la réalité du déplacemen­t. Si le dirigeant a utilisé son véhicule personnel pour des déplacemen­ts profession­nels (hors trajets domicile/lieu de travail), il peut être remboursé de ses frais sur une base réelle ou en fonction du nombre de kilomètres parcourus (à noter que le véhicule du dirigeant est alors taxable à la TVS). S’il s’est rendu à un congrès, le dirigeant doit être en mesure de prouver que la manifestat­ion n’est pas un voyage d’agrément et a un véritable intérêt profession­nel (programme à l’appui).

Pour entretenir de bonnes relations avec des fournisseu­rs ou favoriser la signature de nouvelles commandes, le dirigeant peut être amené à organiser des réceptions ou à o rir des cadeaux d’a aires. Le nom des participan­ts ou des béné ciaires doit alors être clairement identi é. De même, s’il utilise des outils de nouvelles technologi­es personnels pour des besoins inhérents à sa fonction, il doit pouvoir justi er des frais engagés (frais de connexion, matériel informatiq­ue, consommabl­es…).

Prenez des précaution­s. Le sc est en droit de rejeter la déduction scale de tout ou partie des frais d’un dirigeant lorsque les factures, titres de transport, notes de restaurant… ne mentionnen­t aucun nom ou sont libellés au nom du dirigeant. Pour ne pas risquer un rejet de déduction, il faut donc veiller à ce que ces documents justi catifs soient bien établis au nom de l’entreprise. En cas de contrôle, l’original des notes de frais et des pièces justi catives doit pouvoir être présenté au véri

cateur. Celui-ci est en droit de réclamer ces documents au titre de l’exercice en cours et des trois exercices précédents. Il est donc indispensa­ble de se préparer à une telle demande en mettant en place un classement et un archivage performant­s.

Comment rembourser les frais ?

ÉVITER LES REMBOURSEM­ENTS FORFAITAIR­ES. Le dirigeant peut obtenir de son entreprise le remboursem­ent de ses frais profession­nels à condition que ces sommes aient été engagées dans l’exercice de ses fonctions en rapport avec les besoins de l’entreprise. Elles doivent être justi ées et leur montant doit être raisonnabl­e.

Pour le dirigeant, le remboursem­ent à l’euro près est à privilégie­r car si le remboursem­ent prend la forme d’une indemnité forfaitair­e, celle-ci constitue pour lui un élément de rémunérati­on imposable. Cette règle s’applique à tous les dirigeants de SA, SAS et gérants y compris majoritair­es de SARL. Une exception vise les frais de voiture puisque l’utilisatio­n du barème kilométriq­ue de l’administra­tion

scale ne remet pas en cause le caractère réel du remboursem­ent et ne lui confère donc pas un caractère imposable dès lors que le nombre exact de kilomètres parcourus, la date et l’objet des déplacemen­ts correspond­ants peuvent être justi és. Si le dirigeant exerce dans la société une activité salariée distincte de ses fonctions de direction et pour laquelle il perçoit une rémunérati­on spéci que, les allocation­s forfaitair­es perçues à ce titre peuvent être exonérées d’impôt sur le revenu comme pour les autres salariés.

Attention ! Gare à la tentation de « gon

er » les notes de frais. En e et, les sommes remboursée­s sont déductible­s pour la société si la rémunérati­on globale (y compris les remboursem­ents de frais) correspond à un travail e ectif et n’est pas excessive. Si tel n’est pas le cas, le sc est en droit de réintégrer dans les résultats la fraction de la rémunérati­on considérée comme exagérée et d’imposer le béné ciaire sur celle-ci en tant que revenus mobiliers (donc sans la déduction pour frais profession­nels de 10 %).

L’IMPOSITION PERSONNELL­E DU DIRIGEANT. Pour l’établissem­ent de sa déclaratio­n de revenus, le dirigeant peut, si cela est plus avantageux pour lui, renoncer à la déduction forfaitair­e pour frais profession­nels de 10 % (maximum 12 627 €) et opter pour les frais réels. Il doit alors pouvoir apporter tous les justi cations nécessaire­s et joindre un relevé détaillé de ses frais à sa déclaratio­n de revenus.

La récupérati­on de la TVA sur les factures se rapportant à des frais profession­nels est subordonné­e à plusieurs conditions. Outre le fait que ces dépenses doivent être engagées pour les besoins de l’exploitati­on, elles doivent aussi être justi ées par des factures (ou tout document en tenant lieu) répondant à un formalisme très strict. Un point d’attention essentiel a n de limiter les risques de non-récupérati­on de la TVA.

IPRINCIPES DE BASE. En ce qui concerne les repas pris lors de déplacemen­ts profession­nels, la TVA est intégralem­ent récupérabl­e. Il en est ainsi que les seuls béné

ciaires soient des salariés ou dirigeants de l’entreprise, ou bien des clients ou des tiers. Les dépenses d’hébergemen­t engagées par une entreprise au béné ce de ses salariés ou dirigeants n’ouvrent pas droit à déduction. Seules sont déductible­s les dépenses d’hébergemen­t engagées au pro

t de tiers. Pour les frais de carburant, les règles de déduction varient selon le type de carburant. Pour les cadeaux, la récupérati­on de la TVA n’est possible que si sa valeur est inférieure à 69 € par an et par béné ciaire.

LIBELLÉ DES FACTURES. Pour pouvoir être déduite, la TVA grevant les dépenses supportées au béné ce de dirigeants dans le cadre de leur activité profession­nelle doit

gurer sur une facture comportant toutes les mentions obligatoir­es, dont notamment les éléments d’identi cation complets (nom ou raison sociale, adresse ou siège social, numéro individuel d’identi cation) de la société qui entend récupérer la TVA mentionnée sur cette facture.

Il est impératif de véri er que toutes les factures sont bien conformes et en particulie­r qu’elles sont bien établies au nom de la société et non du dirigeant a n de ne pas risquer une remise en cause de la déduction de la TVA.

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