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HEURES SUPPLÉMENT­AIRES : FOCUS SUR DEUX PRÉCISIONS RÉCENTES

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Dès lors que l’employeur a demandé, ou tacitement accepté, que des heures supplément­aires soient e ectuées, il doit les payer et correcteme­nt.

AVEC L’ACCORD DE L’EMPLOYEUR

Un salarié ne peut pas prendre seul l’initiative d’e ectuer des heures supplément­aires et ensuite en réclamer le paiement. Il faut que l’employeur ait été d’accord, sachant que son consenteme­nt peut être implicite. C’est le cas, par exemple, lorsque :

- il a eu connaissan­ce du contenu des ches de temps établies à sa demande par le salarié et ne s’est pas opposé à l’exécution de ces heures ;

- il a régulièrem­ent laissé le salarié prolonger son temps de travail sans lui donner d’instructio­n contraire ;

- la quantité ou la nature du travail demandée au salarié lui impose de rester au-delà de la durée normale de travail.

POSSIBLE DÉCOMPTE PAR LA POINTEUSE

Devant le refus de son employeur de lui régler ses heures supplément­aires, un salarié saisit les prud’hommes. Pour sa défense, l’employeur fait valoir que le salarié n’a pas respecté la procédure applicable, de façon à obtenir son autorisati­on expresse et préalable de les accomplir.

L’employeur perd son procès. Selon les juges, le fait que le salarié ait produit des relevés de pointage des heures supplément­aires e ectuées au-delà de 41,5 heures par semaine et que ces heures aient été enregistré­es dans le logiciel informatiq­ue mis à dispositio­n par l’employeur vaut informatio­n et autorisati­on implicite de ce dernier. En e et, l’employeur avait connaissan­ce des heures supplément­aires e ectuées par le salarié (par des ches de pointage) et ne s’opposait donc pas à leur exécution. Pour les juges, il avait tacitement consenti à leur réalisatio­n.

PAS DE PAIEMENT SOUS FORME DE FRAIS

COMMENT RÉGLER LES HEURES SUPPLÉMENT­AIRES ? Les heures supplément­aires sont des heures de travail. Elles sont donc payées comme telles, avec les majoration­s correspond­antes. Impossible de les rémunérer sous forme de prime (ex. : prime de n d’année d’un montant correspond­ant aux majoration­s dues au titre des heures supplément­aires). Il est aussi exclu de « compenser » les heures supplément­aires par la fourniture de produits de l’entreprise à prix réduits.

DES HEURES SUPPLÉMENT­AIRES MAL LIBELLÉES.

Un salarié, chau eur poids lourd, reprochait à son employeur de lui avoir réglé ses heures supplément­aires sous la forme de frais de déplacemen­ts ctifs et de primes exceptionn­elles. De son côté, l’employeur estimait s’être acquitté de son obligation, dans la mesure où il avait bien rémunéré ces heures au taux majoré applicable, peu important que celles-ci gurent sous un autre libellé sur les bulletins de paye.

BIEN IDENTIFIER LES HEURES SUR LE BULLETIN.

Mais les juges n’ont pas été sensibles à l’argumentai­re de l’employeur. Ils rappellent que le versement de frais de déplacemen­t ne peut tenir lieu de règlement des heures supplément­aires, et ce, même si le montant de ces frais correspond à celui des heures supplément­aires.

Sources. cass. soc. 8 juillet 2020, n° 18-23366 ; cass. soc. 9 septembre 2020, n° 18-23092

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