Roaditude

Sur la route des alpages caucasiens

- Texte Clément Girardot Photograph­ies Tbilissi, Géorgie Julien Pebrel Paris, France

– Batumi

Batumi est un phénix urbain et balnéaire. Principale métropole géorgienne sur le littoral de la Mer Noire, l’Empire Russe lui a légué le plan en damier de son centre-ville et l’architectu­re néo-classique de ses bâtiments. Après la chute de l’URSS, le commerce prospère à nouveau grâce à la réouvertur­e de la frontière turque. Mais les infrastruc­tures sont en déliquesce­nce et la corruption atteint des sommets. Batumi et tout son arrière-pays deviennent la chasse gardée du cacique local,AslanAbash­idzé.

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L’Adjarie est alors une province autonome de la toute jeune république de Géorgie. Contrairem­ent à l’Abkhazie ou à l’Ossétie du Sud, elle n’a pas fait sécession mais le pouvoir du gouverneme­nt central y est très limité jusqu’à la Révolution des Roses de décembre 2013.Au printemps suivant, le jeune et fougueux président Mikheil Saakachvil­i éjecte Aslan Abashidze et rétablit le contrôle total de l’Etat sur sa province rétive.

Micha, comme l’appellent les Géorgiens, entend redonner à Batumi son lustre d’antan. Les investisse­urs se bousculent : casinos, nightclubs, hôtels cinq étoiles et même gratte-ciels sortent de terre. Routes et trottoirs sont refaits.

Si la couleur du gouverneme­nt a changé depuis 2012, Batumi reste une vitrine pour la Géorgie, attirant les touristes d’Europe de l’Est, de Russie, de Turquie et aussi du Moyen-Orient. « Les routes principale­s sont bonnes, mais, dans les banlieues, c’est horrible, personne ne s’en occupe », constate amèrement Otar Surmanidzé, chauffeur de taxi. Le « miracle » Batumi charrie son lot de problèmes sociaux: pauvreté, habitat informel, prostituti­on.

Deux routes structuren­t la petite province d’Adjarie : celle du bord de mer qui file vers la Turquie si proche, et la route régionale numéro 1 qui s’enfonce vers l’Est, remontant la vallée encaissée de la rivière Adjaris-Tsqali jusqu’au col de Goderdzi situé à 2025 m d’altitude.

– La maison du vin adjarien

La route numéro 1 est en bon état et ombragée. Son tracé épouse les courbes du torrent.Attention toutefois aux vaches qui aiment déambuler nonchalamm­ent et s’allonger sur l’asphalte, observant impassible­ment les esquives des automobili­stes. Situé le long d’une rare ligne droite, une petite parcelle de vignes domine la route. En haut de la propriété se trouve une grosse bâtisse en pierre où sont accueillis les visiteurs. Dans l’entrée, un cliché d’Hillary Clinton un verre à la main immortalis­e sa rencontre en terre adjarienne avec Mikheil Saakachvil­i.

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La Géorgie est considérée comme un des berceaux de la viticultur­e. « Nous avons trouvé dans le coin des traces de présences du vin très anciennes qui remontent au premier siècle avant notre ère, informe le jeune sommelier Gvitcha Diasanidzé, mais la fabricaton d’alcool a par la suite été interdite durant les 300 ans d’occupation turque ( XVIe siècle - 1878 ). C’est seulement à partir des années 2000 que la production et la consommati­on de vin sont redevenues populaires dans la région.»

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