Eugene Mcguinness
DOMINO Comme semble le suggérer le titre, le fougueux Britannique profite de ce quatrième album (en sept ans...) pour prouver qu’il peut diversifier sa palette artistique tout en continuant de regarder résolument dans le rétroviseur et, qui sait, prendre quelques parts de marché à son ami Miles Kane au passage. L’éblouissante boum sixties à laquelle il convie ici, non sans une bonne dose de second degré (“I Drink Your Milkshake”), témoigne d’une écoute assidue des Beatles, d’un art consommé de la mélodie (“All In All”, magistrale ballade, l’enchanteur “Deception Of The Crush”, le tube “Black Steng”) et par ailleurs d’un souci constant du détail, de ne pas rester dans les clous, ce qui a son importance quand on se lance dans une entreprise où le risque de tomber dans le cliché n’est pas négligeable. L’autre talent de McGuinness, c’est la distanciation, sa façon de montrer subtilement qu’il n’est pas dupe — on ne peut pas refaire ce qui a déjà été fait — tout en restant fidèle à l’esprit original. Ironie sur un coeur brisé que l’auditeur est quasi invité à piétiner, mélancolie persistante sur le vrombissant et pétaradant “Heart Of Chrome”. Eh non, le bizarroïde “Fairlight”, qui clôt l’album, n’a pas été écrit sous acide il y a cinquante ans, il a bel et bien été enregistré au 21e siècle, et ce disque nostalgique et très travaillé manque sans doute un peu de naïveté. Et après ? Il n’en est pas moins magnifique, et le perfectionnisme n’est pas un trop vilain défaut, si ? Notons par ailleurs que ce païen de McGuinness a le courage d’emprunter son titre au célèbre hymne chrétien “Amazing Grace” pour une chanson sur les coups d’un soir. BUSTY